J’ai vu Le Loup au Café de la Danse

Compte rendu du concert de Scary Mansion et Le Loup, Café de la Danse, 23.02.2010 Tout a commencé par une longue file indienne sous une bruine fine à l’entrée du Café de la Danse. Le public est religieux, calme et discipliné, c’est pas tous les jours qu’on a la chance d’assister à un concert assis sur un joli gradin. Au programme d’hier soir : Le Loup et Scary Mansion en première partie. Après moult compliments sur ces jeunes talents, comparés à Animal Collective, une seule solution : aller vérifier de pied ferme la recette du Loup. Un show étonnant et décapant nous attendait là : Wouh !

Scary Mansion

Une brindille débarque sur scène le tee-shirt sale, la frange dans les yeux et brune comme un corbeau ; sans mot dire, elle fonce droit sur le micro. A son bras, un drôle d’instrument filiforme doté de seulement trois cordes : le thunderstick. Voilà donc l’originalité de cette Brooklinoise d’adoption qui se dandine de timidité sur scène ? Un petit signe de tête au duo bassiste-batteur qui l’accompagne et là voilà qui laisse s’échapper une voix fragile qui s’élève comme une volute céleste pour venir mourir en échos sur le dos de la grotte du Café de la Danse. Au bout du quatrième morceau, le bout du nez se relève, un modeste merci à son public et quelques mots bien articulés dans la langue de Molière, sans doute conservé de son travail passé avec David de Herman Dune.
Les mélodies s’enchaînent et se mélangent, le thunderstick frêle se fait voler la vedette par une batterie tapageuse et furibarde. Sortez vos bouchons d’oreilles rien ne va plus ! Ce duo basse-batterie oublie trop souvent la brindille, dynamitant follement ses ballades un brin monocorde. Sa choriste de sœur a beau l’épauler sagement les mains dans les poches, le thunderstick se révèle être à la guitare électrique ce que le mannequin anémié est à la mode contemporaine, une ombre trop fragile et sensible.

Le Loup

Un quartet débarque sur scène avec un drôle de chef d’orchestre du même gabarit que Woody Allen. Lunettes chair et chemise de bucheron. Sur son cœur, il porte un drôle d’instrument bourré de boutons et de pads tactiles. La relation paternelle qui s’établit entre cet instrument et lui est détonante : il bricole ses boutons et cajoles tous les transistors. A la fin du premier morceau, la grosse caisse tonne, et résonne de manière sourde, Woody bis attrape une paire de baguettes et accompagne le batteur de plus belle, un glas nous engourdit et nous kidnappe au fin fond de l’univers du Loup. A ce moment précis, on a l’impression que Woody Bis est le rejeton d’Animal Collective et des Fleet Foxes : une sensibilité rare et euphorique vous égaye les papilles et tous les membres à ne plus savoir quoi faire de votre +1 de voisin .

Et pourtant Le Loup ne s’arrête pas là, il enchaine avec un sample digne du Locomotion des Sixties, et saute sauvagement sur ses instruments machiavéliques, liftant cette nuée d’ondes folk en dub géant. Il continuera de nous hypnotiser avec ces sons de vaudous africains, des titillements digne du premier album des Vampire Weekend ; nous inondant d’une fraicheur exotique venue de nulle part.
Vers le milieu du set, les trois premiers gradins se vident et envahissent littéralement la fosse, rien ne peut plus arrêter Woody, pris d’un toc névrotique il répète inlassablement ce pas de trois : une attention vers sa table de mixage, deux pas en arrière et un ré ajustage de lunettes…
Si l’album pouvait laisser pressentir un set spirituel et quasi religieux, le live se révélera lui totalement débonnaire et jouissif, intense…On peut donc faire une musique aussi touchante que la folk mélancolique et bougonne qui sévit aujourd’hui un peu partout tout en mettant en transe son audience.
Chapeau bas.

Date : 23 février 2010

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