Soko au Café de La Danse

Soko (concert @ La Flèche d'Or, 7 octobre 2007)
Le concert de Soko au Café de la Danse était sold out depuis un moment. Celle qui sortait son premier album au début de l'année a visiblement séduit son public.

Luke Rathborne

Pour ouvrir la soirée, ce sera Luke Rathborne. Premières notes, on reconnait un plagiat éhonté de Knocking On Heavens Door de Bob Dylan. Dés lors, difficile pour Luke de trouver grâce à mes yeux… Suivront des ritournelles folk à mi chemin entre Dylan et Buckley, à cause des effets sur la guitare. Mention spéciale pour les baskets du jeune homme.

Soko

Soko, le premier album on l’avait attendu longtemps. Et il est réussi. Alors c’est peu dire qu’on avait envie de la voir sur scène. Elle arrive, perdu dans une robe trop grande aux imprimés fleuris, cachée derrière une longue tignasse et un chapeau aux larges bords. Elle plisse les yeux, tord sa bouche, fronce les sourcils et sort cette voix pleine de fêlures, tendue, sur le fil, prête à se briser. Cette voix qu’on a aimé dans ce premier album. On retrouve Luke, qui fait preuve d’une plus grande maitrise quand il n’est pas seule sur scène et Maxime Sokolinski. Ce grand dadais ultra looké n’a pas deux mains gauche en matière de musique et est le frère de Soko à la ville. Ajoutons Gil, violoniste, mais qu’on retrouvera à la basse, au claviers et aux choeurs. Et puis une autre fille dont on n’a pas saisi le nom. La moyenne d’âge sur scène ? 20 ans. Et un sens du style assuré. Fringues chic et vintage. « Ils ont des stylistes tous ces petits jeunes ?  »
Au fil des chansons, jolies et d’une tristesse infinie, un doute s’installe, insidieusement. Autant d’impudeur est elle sincère ? Le vernis se fendille… Elle se retourne, renifle, se frotte les yeux, sèche une larme… Ça suffira pour l’instant à écarter le doute. Un moment.
Folk délicate à potentiel introspectif à peine relevé d’un backing band discret et aux ordres de la demoiselle, la formule commence à s’essouffler. Mais elle semble avoir le sens du rythme, alors les chansons s’accélèrent et s’énervent. Soko joue avec sa voix. Déjà durant la première partie, sur Cry Baby, on assistait à une colère hystérique. Elle module, joue avec le volume, la puissance, les silences, offrant de nouvelles interprétations aux version studios.

Discographie

Oui mais voilà…

Le doute du début fini par revenir… Après une heure de spectacle, Soko apparait définitivement comme une gamine capricieuse, une peste, presque. N’ayons pas peur des mots. « Come Gil » « Luke don’t » « Moins de lumière » « Ah ben non, plus maintenant »… Elle s’installe derrière une batterie. « Pourquoi » me demande-t-on, « Parce qu’elle a eu envie », ai je envie de répondre. Soko à des allures d’enfant gâtée. On ne croit plus à sa fragilité du début. La douleur parait surfaite, jouée, superficielle. Le charme est rompu… Quand elle revient à la batterie pour Nervous Breakdown en duo avec son frère, Soko ressemble à une petite Scout Niblett, mais sans l’intention. Et le grain de folie tronqué. Elle rote dans son micro et j’entends « Ce rot, c’est le truc le plus honnête qu’elle ai fait ce soir. »

Finalement on assiste aux enfantillage d’une gamine capricieuse. La déception est d’autant plus grande qu’on entend une vraie maitrise vocale, les arrangements pour la scène ne sont pas sans intérêt, les morceaux énergiques fonctionnent très bien, avec Luke à la batterie qui envoie ce qu’il faut comme énergie. Et si la scène revêt des allures de cour d’école, on sent tout de même que les enfants savent quoi faire avec leurs instruments.
Malgré les multiples interventions de Soko, on ne sent pas qu’elle joue pour nous. Plutôt pour elle et ses amis, dont la meilleure est dans la salle. Aurélie du duo Brigitte viendra la rejoindre aussi pour un morceau chorale.

Un peu plus d’humilité aurait été judicieux pour rendre l’ambiance que l’on trouve sur son très bon premier album. Entre l’ado tourmenté et la peste qui tape du pied, on finit par ne plus y croire. Et le personnage irrite. Espérons juste qu’il ne gâchera pas le plaisir de l’album.

Date : 05 Mars 2012

Discophage et habituée des salles parisiennes, Queen Mafalda donne son avis, surtout si on ne le lui demande pas.
2 réponses sur « Soko au Café de La Danse »

je suis d’accord entierement. J’etais en amour avec SoKo, jusqu’a ce concert. Je voulais la rencontrer, et apres ca aurait ete tres facile, mais je ne voulais plus.

Je l’ai vu en 2009 et le concert etait magnifique – ce concert etait a Melbourne. Elle est amere maintenant, et c’etait tres triste a voir. Le jour apres je me suis senti comme si j’ai perdu une amour, et j’ai eu perdu une amour. Mais, je peux vous dire que meme quand le concert etait tres decevant que j’aime le CD encore – je l’ecoute souvent encore – j’ai attendu 4 ans pour ce CD!

Je me souviens la premiere fois que j’ai entendu ‘I’ll kill her’ en 2008 et j’ai dit ‘cette fille est la meilleure ecrivain de chansons depuis Bob Dylan’, je me souviendrai que le 5 mars 2012 etait le jour que j’ai dit mon adieu a SoKo, mais je l’aime encore, mais c’est juste different maintenant. Toujours je pense qu’elle est la meilleure ecrivain de chansons depuis Bob Dylan. Le CD est assez incroyable.

Les commentaires sont fermés.

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