Les White Lies dans la pénombre

White Lies
2013 sera l'année d'Ed Buller ou ne sera pas. L’Angleterre a peur !! Après avoir remis en selle Suede de la plus belle des manières avec l'album Bloodsports, voilà qu'il remet le navire White Lies à flot. Car dans la course à l'échalote que représente la cold wave version XXIième siècle, les Londoniens avaient perdu quelques plumes avec leur deuxième disque. Ritual (2011), produit par Alan Moulder, sentait le réchauffé, et encore... Nous sommes d'accord.


Visiblement conscients du problème, Charles Cave et sa bande sont allés repêcher Sir Buller qui avait fait des merveilles sur To Lose My Life… Un album sombre porté par quelques singles imparables et qui avait fait des ravages dans les charts.
Aujourd’hui le résultat est plus que réussi. Facile aussi ; Cave a décidé de se remettre sérieusement à l’écriture…

BIG TV est un bel album de pop qui va faire la nique à pas mal de concurrents. Compact et solide, il contient 12 chansons qui nous font voyager dans une terre inconnue. L’amour, la ville. Le terrain de prédilection des White Lies qui s’amusent à nous faire pleurer (le martial Heaven Wait) et danser (There Goes Our Love Again).
Après un faux pas, les White Lies nous présentent enfin le digne successeur de To Lose My Life.
Un retour en grâce. Ou plutôt en enfer.

White Lies

Pourquoi avoir retravaillé avec Ed Buller (Suede, Spiritualized) ? Il vous a manqué ?

Discographie

Jack Lawrence-Brown : Nous avons décidé très tôt de travailler de nouveau avec Ed. Ça c’est décidé pendant l’écriture du disque. Il nous a beaucoup manqué et cela a même été dommageable pour le groupe.

L’une des principales raisons était que nous étions très désireux d’avoir un producteur qui possède une connaissance intime de nos chansons. Et qu’il puisse en tirer le meilleur. Ed est exceptionnellement bon pour cela, et il a certainement contribué à ranger et à rationaliser une multitude de chansons en une collection cohérente.
C’est un producteur mais aussi un ami. Nous apprécions son travail et bosser avec lui est toujours une expérience agréable. Et si on fait le bilan, c’est lui qui a produit nos meilleurs disques.

Tu présentes cet album comme le disque le plus mélodique des White Lies ? Tu t’expliques ce changement ?

Jack Lawrence-Brown : BIG TV est certainement l’album le plus mélodique que nous avons réalisé à ce jour, et ce fut un effort conscient lorsque nous l’avons écrit.
Nous avons toujours essayé de faire des mélodies qui touchent les gens, mais c’est peut-être avec le premier album que nous avons vraiment réussi à atteindre cet objectif.
Je mets cela sur le compte de l’expérience. Il y a cinq ans, lorsque nous avons fait « To Lose My Life … » nous n’avions pas eu la possibilité d’écrire des chansons comme celles qui apparaissent sur BIG TV.
Nous avons progressé en tant que musicien… Notre vision est plus claire et voilà pourquoi BIG TV sonne ainsi.

Qui est la personne sur la pochette ? Son casque le protège de la découverte de cette province européenne inconnue qui sert de décor à l’album ?

Jack Lawrence-Brown : C’est un astronaute. Il est en marche vers l’inconnu et on voit la peur dans ses yeux. Un peu comme pour les personnages centraux de BIG TV.

White Lies - Big Tv
White Lies – Big Tv

La ville est votre principale source d’inspiration. Quels sont les aspects qui vous attirent ?

Jack Lawrence-Brown :
Tous les membres du groupe ont grandi à Londres, et je pense que nous aimons tous l’énergie et la dynamique de cette ville. Partout où nous voyageons, nous essayons de découvrir une partie de chacune d’elles. Et on veut en tirer le maximum d’expérience.
Bien qu’elles soient tous différentes, toutes les villes ont une part de claustrophobie et de tension qui forge les caractères et stimule la créativité. Dans une ville, vous pouvez voir le pire et le meilleur que la vie a à offrir. Et accepter le pire avec le sourire.

Où avez-vous enregistré ce disque ? Dans une ville ?

Jack Lawrence-Brown : BIG TV a été enregistré dans une ville. Une de nos villes préférées même.
Nous l’avons enregistré à l’I.C.P Studios de Bruxelles. Le studio où nous avions enregistré notre premier album. C’était fantastique de retourner dans ce lieu pour travailler, et j’espère que nous y reviendrons à l’avenir. On s’y sent comme chez nous. C’est notre deuxième maison.

BIG TV parle beaucoup d’amour. C’est une écriture autobiographique ou une observation du monde ?

Jack Lawrence-Brown : Charles a écrit toutes les paroles des White Lies jusqu’ici. Il a toujours oscillé entre fiction et expérience personnelle. BIG TV est une combinaison des deux. C’est à l’auditeur d’essayer de décrypter le message.

White Lies – Getting Even

BIG TV est la bande originale du film de la vie de Winston Smith de 84 ?

Jack Lawrence-Brown :
BIG TV n’est pas spécifiquement la bande originale de la vie de Winston Smith, ou même d’une seule personne.
C’est la bande-son des hauts et des bas de la vie de la ville en général.

First Time Caller et Getting Even ont un coté très pop. C’est votre nouveau visage ?

Jack Lawrence-Brown : Les White Lies ont toujours eu un lien très fort avec la musique pop. Il y a eu des éléments de musique pop dans tous nos albums. Mais c’est certainement BIG TV qui a les mélodies les plus fortes.
J’espère qu’elles attireront d’autres fans de pop.
C’est le son des White Lies aujourd’hui, nous allons devoir attendre et voir ce que l’avenir nous réserve.

TOP 10

Le pire album de 2013 ? Le meilleur ?

Jack Lawrence-Brown : Je n’achète que de la bonne musique donc pas de pire.
L’album Muchacho de Phosphorescent est mon album favori.

La meilleure salle de concert ?

Jack Lawrence-Brown : La scène du Sunset au festival de Glastonbury ou celle de Bernes à Stockholm. Ou la Brixton Academy dans le sud de Londres.

Ton disque honteux ?

Jack Lawrence-Brown : Je possède le premier single de Paris Hilton. Joliment accrocheur….

Londres ou New York ?

Jack Lawrence-Brown : Londres pour la vie de tous les jours, New York pour les vacances.

Le refrain ultime ?

Jack Lawrence-Brown : Major Tom de Peter Schilling.

On te donne les finances nécessaires pour créer un festival. Qui prends-tu ? Quel nom lui donnes-tu ?

Jack Lawrence-Brown : Le Jackstonbury Festival. Avec une programmation très éclectique : le David Bowie de 1977 en tête d’affiche, les Penguin Cafe Orchestra, Rancid (période de 2002), le début solo de Scott Walker, les Spiritualized accompagnés d’un orchestre, la fin de l’ère des Talk Talk et la fin de l’ère des Beatles. Le tout en concert secret dans une forêt avec Stuart Lee en guise de maître de cérémonie. Et peut-être les White Lies quelque part pour assurer le montant exact de la facture.

Le producteur de tes rêves ?

Jack Lawrence-Brown : Ed Buller dans un costume bien ajusté.

La meilleure bande originale de film ?

Jack Lawrence-Brown : 2001, l’Odyssée de l’espace.

Arnesal ou Chelsea ?

Jack Lawrence-Brown : QUEENS PARK RANGERS !

Unknown Pleasures ou Closer ?

Jack Lawrence-Brown : Unknown Pleasures.

Sortie le 12 août 2013 (Polydor)

Pouet? Tsoin. Évidemment.

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