Jugeons Jovialement Jean Jullien

Series of illustration for Adam Platt's annual "where to eat" guide, in New York Magazine © Jean Jullien
Jean Jullien est un couteau suisse artistique. Le New York Times et Nike l'ont bien compris : les travaux de l'illustrateur nantais font des incursions répétées dans la presse (Télérama, Les Inrocks) et pimentent le quotidien des réseaux sociaux. Ce que l'on savait moins (on fait amende honorable), c'est que le bougre fait de l'électro avec son frère, Nicolas. Après l'étape Niwouinwouin, le duo renaît de ses cendres sous la forme The Coward. Plein de bonnes raisons pour poser quelques questions à ce type blindé de talents.

Jean Jullien

Il écoute quoi comme musique le jeune Jean Jullien à Nantes ?

Jean Jullien : Wu-tang clan !

Tu as réalisé une partie de tes études à Londres. Au-delà des différences « scolaires », quel est l’impact musical de Londres sur toi, ton travail ? Il se passe quelque chose au niveau de la musique ?

Jean Jullien : Oui, carrément. Il se passe toujours quelque chose quoi qu’il arrive. Que ce soit en musique, en design, dans la rue, etc… C’est une ville en constante ébullition, que ce soit de manière publique et évidente, ou de manière plus intime et discrète. La culture est présente absolument partout, pour tous les genres.

Quelles sont tes pochettes de disque préférées ?

Jean Jullien : VIE de Johnny Halliday, Paranoid de Black Sabbath. Les pochettes de Black Flag par Raymond Pettibon, tout ce que So Me à fait pour Ed Bangers, les pochettes de Todd Terje par Bendik Kaltenborn.
Il y en a d’autres mais là c’est tout ce qui me vient.

Affiche festival Les Inrocks © Jean Jullien
Affiche festival Les Inrocks © Jean Jullien

Tu bosses en écoutant de la musique ?

Jean Jullien : Toujours !

Tu as réalisé le clip du nouveau projet musical de ton frère, The Coward. Qui a eu l’idée de la sex tape ?

Jean Jullien : On a tous les deux eu l’idée au pub à côté de chez moi. On discutait des sujets les plus clichés et « faciles » pour les clips : violence, drogue, alcool, fesse, etc… On s’est dit que ce serait cool de faire un clip sur chacun des ces thèmes mais avec un twist pour déconstruire cette facilité. C’est pour ça que la sex tape est super minimale et abstraite. Dans cette logique, le prochain clip sur lequel nous bossons est sur l’alcool et sera assez innovant visuellement par rapport à ce que l’on a pu faire par le passé.

The Coward

Pourquoi ce nouveau projet ? Quels sont les changements par rapport à NIWOUINWOUIN ?

Jean Jullien : Pour des raisons pratiques tout d’abord, Nico voulait quelque chose de plus facile à retenir. Mais son son a aussi beaucoup évolué, il s’est affiné et affirmé comme quelque chose de plus sombre et de plus dramatique, tout en gardant ses qualités dansantes et club. C’est ce mix qui rend sa musique unique, c’est très riche et éclectique. C’est assez difficile à classer comme genre selon moi, ça regroupe plein de styles en soit, même si de prime abord ça s’impose comme de la musique électronique.

Tu apprécies énormément le skate. Qui t’inspire dans ce milieu ? Si je te dis Ed Templeton… Il combine skate et illustration à merveille non ?

Jean Jullien : Ah oui c’est cool Ed Templeton. Mais Mark Gonzales aussi, j’aime beaucoup. Mais celui qui m’a véritablement donné le goût du graphisme c’est Evan Hecox, qui signait toutes les planches Chocolate skateboards. Au lycée et à la fac, avant de rentrer en graphisme à Quimper, je skatais tout le temps et je lisais des comics à n’en plus finir. Je voulais vivre du dessin mais ne connaissais pas grand chose, outre l’Art avec un grand A et la bande dessinée. J’étais cependant fasciné par le travail d’Evan Hecox car il combinait la finesse et le détail de la bande dessinée, tout présentant une composition et des couleurs impeccables. Il y avait dans ses planches une rigueur et une richesse graphique qui me fascinaient. J’aimais en outre le fait que ces gemmes graphiques étaient destinées à des planches qui, si tout allait pour le mieux, se destinaient à être laminées, usées, voire brisées. C’était un objet pratique avant tout, qui avait une fonction. C’était un objet fonctionnel dont la forme avait été magnifiée: un pur travail de design. C’est cette découverte que l’art graphique possédait une réelle fonctionnalité qui m’a vraiment donné le goût de ce que je fais aujourd’hui.

The Coward – Statues

Le rock breton ? Tu passes à côté ou bien ?

Jean Jullien : J’y connais rien mais je suis sûr qu’il y a des trucs cool.

Quels sont les disques de chevet de Jean Jullien ?

Jean Jullien : Ce que j’écoute pour dormir ? J’écoutais beaucoup Closer de Plastikman et Yanqui U.X.O de Godspeed You! Black Emperor.
Aujourd’hui je n’ai plus besoin de musique pour m’endormir.

Series of illustration for Adam Platt's annual "where to eat" guide, in New York Magazine © Jean Jullien
Series of illustration for Adam Platt’s annual « where to eat » guide, in New York Magazine © Jean Jullien

TOP 10

1) Le pire disque de 2014 ?

Jean Jullien ::Aucune idée, et c’est méchant comme question!

2) Le meilleur disque de 2014 ?

Jean Jullien : The coward de The Coward.
Mais sinon rien de bouleversant pour l’instant alors je peux dire que pour 2013, mes 2 gagnants furent Doris d’Earl Sweatshirt et Strike Gently de The Virgins. J’avais pris des tickets pour les voir mais ils se sont séparés le jour même. J’ai été remboursé mais je suis salement déçu. Donald Cummings a une voix incroyable, qui rappelle fortement Mark Knopfler. C’est marrant ce côté écho chez certains musiciens: The War on Drugs & Bob Dylan, Action Bronson & Ghostface Killah…

3) L’illustrateur qui devrait se mettre à la musique ?

Jean Jullien : Raymond Pettibon, Olimpia Zagnoli et Daniel Frost.

4) Le musicien qui devrait se mettre à l’illustration ?

Jean Jullien : Mon frère.

5) Le refrain ultime ?

Jean Jullien : « Cash Rules Everything Around Me, C.R.E.A.M, get the money dollar dollar bill yo »

6) Londres ou New York ?

Je te dirai ça dans quelques mois.

7) La meilleure salle de concert ?

J’adorais l’Olympic à Nantes. La salle du Sebright Arms est vraiment cool.

8) Si tu devais créer un festival de musique… Quel nom ? Quels groupes ?

« Oysters & Lobsters » serait le nom du festival. J’aimerais y avoir The Virgins (reformé), Action Bronson, Riff Raff, The Horrors, Vampire Weekend (Ezra Koenig est une vraie bête de scène), Sébastien Tellier (qui est un excellent musicien doublé d’un super showman; à l’époque où j’étais à Saint Martins en première année, il avait joué dans la cantine, tout seul au piano avec une clope au nez. C’était assez incongru), Factory Floor, Of Montreal, Har Mar superstar, Jon Hopkins, Fuck Buttons, Bot’ox, Adam Green et the Paellas. Il pourrait y en avoir d’autres mais ça fait déjà une bonne line up.

9) Ta bande originale de film préférée ?

Mulholland Drive. Wes Anderson fait toujours mouche avec ses B.O aussi. Je viens de voir Under the skin de Jonathan Glazer: la B.O est complètement folle.

10) Ton disque honteux ?

Une playlist avec des vieux Renaud. Mais c’est pas honteux parce que ces chansons étaient trop bien.

› site officiel : www.jeanjullien.com

Pouet? Tsoin. Évidemment.

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