Gaspard Royant, un gars brillant

Gaspard Royant, La Lune des Pirates, 7-11-2014 (© Louis T.)
Gaspard Royant vient de mettre sa fessée à La Lune des Pirates. Étrange garçon que ce Royant : alors que toute la nouvelle scène française s'est précipitée sur Daho et consorts, voilà que le bougre s'est pris d'amour pour la sacro-sainte période 55-65. Pour notre plus grand plaisir. Le show Royant vaut son pesant de cacahuètes et de 45 tours.


En interview, le type est policé et courtois. Laisseriez-vous votre fille sortir avec Gaspard Royant ?! Oh oui !
Une fois sur scène, la future belle-doche fera une syncope dans le meilleur des cas. Le garçon sage s’est transformé en bête de scène. Un mélange de Don Everly, de Liam Gallagher et de Pelle Almqvist pour donner une rapide idée. Belle-maman est morte.

Gaspard Royant

Comment un type de Haute-Savoie arrive à se retrouver avec Liam Watson à Londres et à enregistrer un tel disque ?

Gaspard Royant : Il en faut bien. C’est vrai qu’en Haute-Savoie on n’écoute pas beaucoup de rock’n’roll. Enfin c’est plutôt du rock’n’roll festif. Comme dans tout Rhône-Alpes. Comment je me suis retrouvé à Toe Rag avec Liam Watson? J’aimais bien son travail et je lui ai envoyé des démos en me disant que c’était vraiment envoyer des bouteilles à la mer et que j’allais faire autrement. Assez étonnamment, il m’a répondu et m’a dit de venir. Et c’est comme ça que j’ai enregistré mon premier 45 tours. J’avais dans l’idée de sortir plusieurs 45 tours, de sortir régulièrement des choses. Je commence, j’ai envie d’avoir ce lien avec les gens, j’ai envie qu’ils entendent parler de moi tous les deux mois un peu comme à l’époque des années 50 et 60. J’adore cette époque et c’est ainsi qu’on faisait à cette époque. C’est ça qui me faisait marrer. J’ai enregistré un, puis deux et trois singles et c’est venu assez naïvement. Je me suis dit qu’il me manquait quatre chansons et j’avais un album. Cela s’est fait très naturellement.
En toute modestie, j’ai eu l’impression de redécouvrir les racines du rock’n’roll où tu enregistres des chansons et paf tu as un album.

Discographie

Et comment t’es-tu éduqué musicalement en Haute-Savoie ?

Gaspard Royant : Mes parents avaient des vinyls avec des trucs très cons et des choses comme Bill Haley et Buddy Holly. C’est très enfantin. Cela ne m’a jamais quitté. Et après j’ai fouillé… Le catalogue de la Stax, de la Motown et les girls bands de Phil Spector. Et puis j’ai découvert Roy Orbison, les Everly Brothers et j’ai jamais arrêté d’explorer cette période là, de 55 à 65 et c’est quelque chose qui me parait inépuisable. Même si j’écoute bien d’autres choses.

D’où te viens ce goût pour le format 45 tours ?

Gaspard Royant : J’adore. C’est un format hyper touchant. C’est un petit format hyper joli qui a un coté très ludique. On achète une chanson et celle ci est matérialisée dans un objet. C’est très régressif comme plaisir. Aujourd’hui, je suis content car le vinyl revient à la mode mais le 45 est toujours un peu délaissé par les dj’s. C’est un format hyper joli et j’adore même des 45 tours sur ma cheminée.

A quel moment de la journée écris-tu tes chansons ?

Gaspard Royant : Ohlala la question… Il n’y a pas de méthode. Tous les moyens sont bons. Il n’y a pas deux chansons qui ont été écrites de la même manière. L’important, c’est la chanson. Peu importe que cela prenne deux ans ou deux heures, tant que la chanson est bonne. Je commence soit par le texte soit par la mélodie. Elle sont toutes différentes dans l’approche.

Tu peux me raconter l’histoire de The Woods ?

Gaspard Royant : C’est assez particulier car elle s’inspire d’un fait divers qui s’est produit dans le petit village de Haute-Savoie dont je suis originaire.
Dans ce village, il y avait un peintre, un peu baba cool qui était très gentil et cool avec nous, mes sœurs et moi. Et un jour un fermier, très gentil aussi, est allé voir ce peintre et lui a dit : « Je vais te tuer mais je t’emmène dans les bois car je ne veux pas effrayer les enfants Royant ». J’étais tout petit mais je me rappelle des discussions de mes parents à propos de ce fait divers. C’est quelque chose qui m’a vraiment marqué. C’est marrant, j’avais complétement occulté ce truc là et ça m’est revenu et je me suis dit que c’était incroyable. Et ça m’a fait une chanson.

Pourquoi as-tu décidé de chanter en anglais ?

Gaspard Royant : En fait, je n’ai même pas décidé. J’ai toujours baigné dans la culture anglo-saxonne, j’ai toujours écouté ça et j’ai très peu écouté de chanteurs français. Quand j’ai commencé à faire des chansons, j’ai commencé à chanter en anglais. Ce n’est pas que je ne me soucie pas du texte. Au contraire, je fais très attention à mes textes et je fais très attention à ce que les anglo-saxons ne me prennent pas en défaut là dessus. Mais la musique que je fais est en anglais et je n’imagine pas faire différemment. Les choses me viennent en anglais et j’aurais l’impression de traduire si j’écrivais en français. Après il y a des gens qui font ça très bien mais c’est autre chose.

Gaspard Royant – Europe

Tu as un label, une structure qui te suit ?

Gaspard Royant : L’album est sorti sur mon label, qui s’appelle Sardanapale Records, du nom de l’empereur mésopotamien, qui a décidé de faire brûler tous ses biens, de tuer toutes ses femmes quand les Barbares étaient aux portes de sa ville. Et il s’est tué par la même occasion. C’était une manière de montrer mon jusqu’au boutisme et de dire : « Rien ne m’arrêtera. »

Comment elle se passe cette tournée ?

Gaspard Royant : Je vis une année incroyable. L’année dernière, nous n’avons quasiment pas joué. L’album est sorti en janvier, les musiciens enfin la formation qui m’accompagne… On a commencé à jouer en février et si tu veux tout de suite on s’est mis à faire des gros festivals car les programmateurs nous ont programmé sur la foi de l’album sans nous avoir vu jouer. On a fait la grande scène du Printemps de Bourges, les Francos, Le Rock dans tous ses États, des trucs énormes. Cela a été une tournée magnifique. Depuis septembre, on fait la tournée des clubs. On joue en France mais aussi à l’étranger car l’album est sorti un peu partout en Europe. On a joué en Allemagne, en Suisse et là nous revenons d’Espagne. C’est juste hallucinant !

Et quid du deuxième album ?

Gaspard Royant : J’ai le deuxième album depuis plusieurs mois. J’ai les chansons, je les ai maquettées, j’espère aller en studio en début d’année prochaine. Nous avons des dates jusqu’à la fin de l’année… J’espère enregistrer au début du premier trimestre de 2015. J’aimerais bien qu’il sorte fin 2015.

Toujours sur ton label ?

Gaspard Royant : On verra…

TOP 10+1

Le meilleur disque de 2014 ?

Gaspard Royant : Je n’en ai pas écouté beaucoup… Très honnêtement : le mien ! C’est horrible de dire ça ! Je le trouve super mon disque.

Ton disque honteux ?

Gaspard Royant : Le disque de Sha Na Na, le groupe pastiche des 70’s. Il avait notamment chanté dans la BO de Grease.

Le producteur de tes rêves ?

Gaspard Royant : Phil Spector mais il va falloir le faire sortir de prison.

Avec quel chanteur des années 50 aimerais-tu boire un verre ?

Gaspard Royant : J’aimerais quand même bien boire un verre avec Elvis. Oui, pour boire un verre, je choisis Elvis.

Beatles ou Kinks ?

Gaspard Royant : Ah mais je ne choisis pas moi. Aucun intérêt. Ce que je ne trouve pas chez les Beatles, je le trouve chez les Kinks. Je suis le Pacificateur. Je suis là pour régler les conflits.

La Motown ou Stax ?

Gaspard Royant : Ah non pareil. Pourquoi choisir ? Je ne choisis pas. J’ai beaucoup écouté de soul cette année. Beaucoup la Stax, j’aime beaucoup leurs groupes résidents, leur méthode de travail. Isaac Hayes qui compose au piano… Et puis la Motown. J’ai fait récemment un DJ Set avec des 45 tours et dès que tu mets un disque de la Motown, les baffles explosent, c’est génial.

Des Trois Vieilles Canailles, tu te sens plus proche de laquelle ?

Gaspard Royant : Aucune.

J’ai appris récemment que Bono avait écrit Mystery Girl pour Roy Orbison. Quelle chanson aurais-tu aimé écrire pour Roy Orbison ?

Gaspard Royant : Je lui aurais fait une chanson sur mesure. Pas Mystery Girl ! Sur mon album, il y a une chanson hommage à Orbison (pour ne pas dire pompage) : This Year Belongs to You est un hommage appuyé à Roy Orbison

Le festival de tes rêves ?

Gaspard Royant : Le Hit Festival avec que des groupes qui ont eu un seul hit. Qu’un seul morceau, qu’un backline et qu’un groupe de musiciens et ça enchaîne !

Ta ville américaine préférée ?

Gaspard Royant : Chicago… Ou Los Angeles ! Chicago ! Non Los Angeles, c’est moins évident mais Los Angeles. Je l’aime autant que je la déteste mais Los Angeles.

Si Gaspard Royant était un film ?

Gaspard Royant : Retour Vers Le Futur évidemment !

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Pouet? Tsoin. Évidemment.

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