Vous prendrez bien une coupe de Champs ?

Michael Champion - Champs
Les frères Champion ont peut être réussi leur pari. Et quel pari ! Un an après la parution de leur premier disque Down Like Gold, la fratrie a quitté son île de Wight natale pour Londres et a fait disparaitre sa pop pastorale pour un une pop plus... synthétique. Plus glam, plus sexy, Vamala a su séduire la presse en attendant de séduire un plus large public. Rendez-vous était donc pris avec Michael et David Champion quelques heures avant leur concert à la Boule Noire. Une rencontre autour de Vamala, d'un Polaroid et avec un sémillant invité : Pascal Blua de Violette Records.

Champs

Vous êtes originaires de l’Ile de Wight. Cela a un sens pour vous ?

Michael Champion : Oui complétement, cela a vraiment un sens pour nous. Ça influence définitivement tout ce que nous faisons.
C’est la désolation complète et tu peux marcher une journée sans croiser personne. L’hiver, c’est simple, il n’y a personne. C’est très rural…
Tu remarques le changement des saisons plus dans les bois que dans les villes. Ces changements ont un réel impact sur le son de nos albums.
David Champion : Cela a vraiment eu un impact sur l’enregistrement de nos disques.

Discographie

Comment avez-vous rencontré le producteur Dimitri Tikovoï ?

Michael Champion : Pour faire ce second album, notre label avait choisi dix producteurs potentiels. Nous avons eu une journée pour choisir et ça a été horrible. On les a tous rencontrés en une journée. Chacun en dix minutes. Parfois même, celui qui nous quittait rencontrait le suivant…

-« Coucou que fais-tu là ? »
-« Je viens de rencontrer le groupe…. »
-« Eh bien moi je les vois dans quelques secondes. »

C’était vraiment très bizarre.

Quand il a écouté les démos, c’était l’un des seuls à avoir compris ce qu’on pouvait en faire. Il n’a pas fait de discours inutile pour se vendre, il s’est juste intéressé aux chansons.

Qu’est ce qui a changé au niveau de l’enregistrement de ce nouveau disque ?

Michael Champion : Déjà pour le premier, il y avait deux producteurs.
Cette fois c’était différent. En terme d’enregistrement, c’était beaucoup moins clinique. Le premier album est un peu plus technique d’une certaine manière. Ce qui est assez drôle au final car le deuxième disque est beaucoup plus produit, sonne beaucoup plus produit.
David Champion : Ça été très bénéfique pour nous de travailler dans le studio avec Dimitri.
Concernant les batteries de Vamala, il nous a dit que ça sonnait bien alors qu’on s’attendait à ce qu’il dise que cela n’était pas absolument pas notre style. Il a vraiment aimé.
Michael Champion : Il nous a fait avancer dans différentes directions. Il nous a aidés en nous mettant à l’aise pour explorer de nouvelles voies. Il ne nous a pas guidés mais il nous a encouragés et grâce à ça nous avons osé!

Il a ouvert votre son ?

David Champion : Certainement. Il nous a permis de nous sentir très à l’aise pour explorer des choses très différentes. Il nous a fait nous sentir plus courageux.
Michael Champion : Et puis nous avons toujours aimé la musique pop autant que la musique alternative.

Qui écrit dans le groupe ? Comment fonctionnez-vous ?

Michael Champion : On procède de plusieurs manières. Parfois je fais une démo au piano et David ajoute sa voix jusqu’à ce quelque chose de cool sorte. On ajoute les paroles à la musique. Des fois, c’est déjà plus ou moins préparé et nous assemblons nos idées.
David Champion : Nous avons un piano dans la maison de nos parents et mine de rien ça nous a beaucoup aidé. Je ne sais pas vraiment jouer du piano mais grâce à celui ci je jouais assez souvent et je me retrouvais avec pas mal d’idées.
Je peux faire plus ou moins la même chose avec la guitare mais là je connais les accords. L’ignorance est une bénédiction.

David Champion - Champs
David Champion – Champs (photo © Louis Teyssedou)

Vous n’aviez pas peur de la réaction du public? Vamala est très différent de votre premier disque.

Michael Champion : Nous n’avions pas du tout peur pour être honnête.
Nous avions une certaine idée de la pop que nous voulions jouer. Comme MGMT. Ils peuvent être perçus comme « mainstream » mais ils sont cools. C’est super cool et super crédible à la fois MGMT. Ils sont donc massivement respectés par les bonnes personnes et ils plaisent au grand public. Tout en restant eux mêmes! C’est ce que nous essayons de faire mais c’est très difficile à obtenir.

Quelle est l’histoire de Desire, le premier single de Vamala ?

Michael Champion : C’est vraiment une vieille chanson. Elle date de l’époque des Shutes. Je n’étais pas satisfait de la manière dont elle sonnait. Je savais que ça pouvait être une bonne chanson mais je n’y arrivais pas. Dimitri a réussi à lui donner une sensibilité plus pop.

Vos parent sont fiers de vous ?

Michael Champion : Ils nous ont toujours soutenus. Ils nous ont toujours facilité les choses en nous emmenant faire les répétions, etc…
Donc oui je suppose qu’ils sont fiers de nous!

Quel sens donnez-vous à la pochette de votre disque ?

David Champion : On voulait faire un coup d’éclat. Sur la pochette du premier album on ne nous voyait pas. C’était juste une œuvre d’art. C’est la même chose que l’aspect courageux du son. Nous voulions que soit intriguant car on a l’air de léviter. C’est très bien composé par Josh Shinner. J’aime la composition. J’aime les photographies en noir et blanc.
C’est en dehors du temps, non daté.. Ça pourrait dater des seventies.
Pascal Blua : Ça flotte comme votre musique.
David Champion : On a tourné un clip où c’est le même principe. C’est vraiment le thème de l’album.

Champs – Desire

Pour moi la spécificité de Champs, c’est le mix de vos voix. Comment décidez-vous de l’ordre des choses, de qui chante en premier ?

David Champion : On ne décide jamais, ça se fait toujours spontanément… On ne répète jamais pour le chant.
On s’entraine jamais. Des fois, ça marche, d’autre fois non. On fait des expériences, on essaie, on essaie… Et on travaille. On faisait des trucs d’harmonie quand on était jeune. Un peu comme les Beatles et Neil Young et inconsciemment on doit vouloir perpétuer cette façon de chanter. Au final, les voix sont assez simples à travailler…

Vos deux voix se complètent parfaitement. le résultat est très puissant.

David Champion : Les chœurs changent un peu la musique. C’est la forme la plus forte d’expression.

TOP 10

1) Quel est le meilleur disque de 2014 ?

David Champion :L’album de War On Drugs, Lost In The Dream.
Michael Champion : Celui de BC Camplight.

2) Le producteur de vos rêves ?

Michael Champion : Dave Fridmann.
David Champion : Oui…
Michael Champion : Oui, c’est LE producteur.

3) La meilleure salle de concert pour jouer votre musique ?

David Champion : Nous avons déjà joué dans une grande église, le son était magnifique.. Sinon Le Trianon à Paris.

4) La meilleure salle de concert pour faire un concert ?

Michael Champion : The Lexington à Londres.
David Champion : Le Koko à Londres.

5) Si Champs était une bande originale de film ?

Michael Champion : The Darjeeling Limited.

6) Le refrain ultime ?

Michael Champion : Une chanson d’ABBA.
David Champion : Une chanson de Fleetwood Mac. Mais impossible de me rappeler du titre. C’est idiot…

7) Votre artiste français préféré ?

Michael Champion : Serge Gainsbourg.
David Champion : Le groupe Air. Et les Daft Punk. C’est très intelligent les Daft Punk.

8) Document ou Green ?

Michael Champion : Document!

9) Votre disque honteux ?

Michael Champion : Ray of Light de Madonna.

10) Liverpool ou Londres ?

Michael Champion : Londres!
David Champion : Oui, Londres!

Champs - Vamala

Pouet? Tsoin. Évidemment.

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