The Apartments – No Song, No Spell, No Madrigal

The Apartments - No Song, No Spell, No Madrigal
Peter Milton Walsh, sous perfusion française avec le label Microcultures, publie No Song, No Spell, No Madrigal en ce beau début de printemps. Et à vrai dire, nous n'avons pas réellement envie de rédiger une chronique. C'est que notre relation avec Peter Milton Walsh est extrêmement ambivalente. On aimerait tant que ce type soit un peu plus connu ou que ses chansons passent à la radio... Mais d'un autre coté, nous n'avons pas spécialement envie que son œuvre échappe à notre jardin le plus secret.


Depuis le début de sa carrière PM Walsh, Premier Ministre de la Pop Tarabiscotée n’a écrit aucune mauvaise chanson.
Comme Frank Black du temps des Pixies. Comme Noel Gallagher de 1995 à 1997. Comme Strummer & Jones pour London Calling. Sauf que l’affaire dure ici depuis trente ans et que tout le monde s’en fiche. Un vrai cas d’école ce garçon.
Mais cette étrange situation satisfait le cercle restreint des initiés: personne ne vient jeter un œil sur leur joyau.
Cinquième album du frère d’armes des The Go-Betweens, No Song, No Spell, No Madrigal nous transporte du soleil couchant de Brisbane à la neige tombante de New York en huit chansons.

The Apartments – Twenty One

N’importe quelle personne avec un tant soit peu de bon sens se rappelle de ce qu’elle faisait lorsqu’elle a rencontré pour la première fois une chanson de Peter Milton Walsh. Ici c’est la chronique de Nicolas Ungemuth concernant la réédition de Drift via le label bordelais Talitres qui a déclenché les hostilités. Drift, des chansons venimeuses qui tuent à chaque écoute, Drift ou comment transformer un samedi matin heureux en des mois dépressifs. Ce type a la capacité de faire bousculer n’importe quel mètre étalon de fan de pop: écoutez Could I Hide Here? (A Little While) et vous êtes obligés de réévaluer toute votre discothèque.
Le seul défaut de ce disque au final était sa pochette. Ce ne sera pas le cas en 2015. En effet, No Song, No Spell, No Madrigal est habillé par Pascal Blua, le récurrent de l’étape, qui a mis tout son savoir-faire dans le design.

Discographie

Ce disque, produit par Wayne Connolly (l’homme aux manettes d’In Your Bright Ray de Grant McLennan), est tout bonnement hallucinant. Entouré des vieux grognards (dont Amanda Brown des The Go-Betweens), l’Empereur qui n’a jamais régné a écrit huit pépites parfaitement servies par une orchestration splendide. Et puis cette voix… Elle est gorgée de défauts mais est toujours un véritable délice depuis trente ans.

Cependant il faut laisser le temps faire son œuvre avec No Song, No Spell, No Madrigal. Dans quelques semaines, cette chronique ne ressemblera pas à celle-ci. En effet, les inlassables écoutes de ce disque sont différentes chaque jour. Se faire une idée fixe sur une chanson des The Apartments est une vaine tentative: on cherche toujours la clef d’entrée de All His Stupid Friends… Alors tenter de comprendre Swap Places en deux semaines relève de l’exploit!

Walsh est toujours aussi coquet et on retrouve avec délice ses belles manières de vieux garçon. Comme d’habitude, il arrive à faire basculer des comptines anodines en chef d’œuvre pop. La diction du refrain de September Skies suffit à faire entrer en dépendance aiguë l’auditeur.
Remarquez, ce comportement avait déjà été remarqué avec le premier extrait de ce disque, Twenty One, hommage au fils disparu. Comment peut-on réussir à écrire une chanson de cette envergure? C’est inhumain.

No Song, No Spell, No Madrigal distille donc tous les jours un venin différent. Toute immunisation est vaine. A chaque nouvelle écoute, les chansons des Apartments rebattent les cartes en leur faveur.

The Apartments – No Song, No Spell, No Madrigal
10/10
Pouet? Tsoin. Évidemment.
2 réponses sur « The Apartments – No Song, No Spell, No Madrigal »

Hello Louis et SK ! Une petite correction : c’est le sixième ou septième album, si l’on compte « Seven songs » de Talitres en 2013.
« The Evening… » (1985), « Drift » (1993), « A life… » (1995), « Fête Foraine » (1996, ce n’est pas un live), « Apart » (1997), « Seven Songs » (2013) et « No Song… » (2015)…
Et il y a aussi un live de la tournée 2012, en format numérique

Hello Billy,

Je n’ai pas compté Seven Songs et Fête Foraine.
M’enfin je savais que nous allions nous arracher les cheveux sur le décompte des œuvres de PMW.

Les commentaires sont fermés.

Cela pourrait vous intéresser

The Apartments

La beauté intacte des The Apartments

The Apartments passe à la vitesse supérieure pour défendre son nouvel album. Des dates de concert ont été annoncées. Peter Milton Walsh vient de lever le voile sur le clip de What’s Beauty To Do?.
The Apartments - In and out out the light

The Apartments – In and Out of the Light

In and Out of the Light est donc le nom du nouvel album des The Apartments. L’oxymore guette la phrase d’ouverture de cette chronique… Chaque chanson des Apartments est un coût pour son auteur, l’australien Peter Milton Walsh qui ne sait pas tricher et qui écrit des chansons en clair-obscur qui illuminent nos journées.
The Apartments

The Apartments : de l’ombre à la lumière

En 2015, Peter Milton Walsh mettait fin à des années de silence en publiant No Song, No Spell, No Madrigal chez Microcultures. Il sera de retour à la rentrée avec un nouvel album de 8 chansons publié chez Talitres.
The Apartments

The Apartments, rois de l’Ubu

Après avoir initié toute une génération à la musique de Peter Milton Walsh en rééditant Drift au début des années 2010, Talitres continue de prêcher la bonne parole en s’apprêtant à publier le premier live de The Apartments.

Plus dans Chroniques d'albums

Lesmarquises-soleilsnoirs

Les Marquises : Fiat Lux

Avec Soleils Noirs, Les Marquises nous entraîne dans un archipel du bout du monde, un voyage au long cours en deux plages mystérieuses et fascinantes aux titres puissamment évocateurs, L’étreinte de l’aurore et Le sommeil du berger.
Karkwa Dans-la-seconde

Karkwa – Dans la seconde

Qui l’eût cru ? Karkwa revient dans la seconde, treize ans après Les Chemins de verre. Peu connue en France, la formation québécoise est la valeur sûre de la Belle Province avec des arrangements amples et une voix, celle amicale de Louis-Jean Cormier.
Imagecouv-abelk1-sk

AbEL K1 – AbEL K1

AbEL K1 dessine des trajectoires. Il en a dessiné beaucoup, à l’écart, pour celles qui les chantent, ou les tracent avec lui. De Pomme à Blondino. Et elles sont à chaque fois ciselées, tendues, presque émaciées. Sans déséquilibre. Des chevauchées sensibles, vers des endroits non bornés, qui pourraient tout aussi bien en être d’autres. Mais […]
Guilhemvalay-aubrac

Guilhem Valayé – Aubrac

Le français est une belle langue. C’est une évidence. Mais il faut l’écrire, la manier, la chanter avec honnêteté, simplicité et pureté. Guilhem Valayé livre à l’ancienne le plus bel EP de cette année avec son voyage en Aubrac et ses terres rêches comme nos cœurs.