On se souvient des frères Nubuck qui avaient tenu la dragée haute du côté de valence avec des albums bricolés, drôles, caustiques, parfois irritants mais toujours stimulants.


Gontard ! l’homme au masque de lapin et à la tête de lard fait son show, il sort enfin un premier disque après plusieurs EP barrés avec le programmatique Repeupler. Il entre en lutte puisque « le peuple est mort » contre « la France des épiciers et des rombières et l’odeur nauséabonde » qui ne risque pas de se dissiper vu la claque annoncée faite au droit du travail par une gauche qui ne porte plus rien.

Mais c’est aussi une lutte pour d’autres formes de chansons, qui mêlent guitares saturées, sax en liberté, samples et mélodies orientales à l’heure où certains qui ont perdu la mémoire prônent un ordre nouveau, un Occident arc-bouté et fantasmé. Une lutte encore pour des formats hybrides souvent courts, où l’on croit se saisir d’un refrain alors qu’il s’évanouit, des mots que l’on croit avoir déjà entendu mais qui prennent soudain un autre sens, des phrases qui s’échappent entre poésie et cruelle réalité.

Bien sûr, Gontard ! a appris au contact de ses aînés Michel Cloup ou Bruit noir qui se retrouvent tous, il n’y a pas de hasard, chez Ici et d’ailleurs. Pascal Bouaziz évoquant Gontard ! le décrit « hors-piste, hors limite, hors code, hors tout. Le drôle de drômois ne fait pas dans le nihilisme de salon, il sort la sulfateuse poétique mêlant souvenirs d’enfance, souvenirs d’en France, ballade déchirante avec Sanglier, « j’ai pris des fleurs sur ta tombe pour mon nouvel amour » et potentiel tube avec Sauvagerie tropicale qui redonne foi en la présence humaine.

Discographie

Gontard ! – Pas Mickey

Gontard ! – Cru

Gontard ! – Ovulation Française

Gontard ! - Repeupler

Gontard ! – Repeupler
9/10
Lyonnais qui revendique sa mauvaise foi car comme le dit Baudelaire, "Pour être juste, la critique doit être partiale, passionnée, politique...", Davantage Grincheux que Prof si j'étais un des sept nains, j'aime avant tout la sincérité dans n''importe quel genre musical...

Cela pourrait vous intéresser

Gontard-bienvenue

Vidéo : Gontard – Bienvenue

Gontard, entre uchronie et dystopie nous projette en 2032 dans ce nouveau monde qui s’éloigne plus on tente de l’atteindre.
Gontard-cequiresteradenous

Vidéo : Gontard – Ce qui restera de nous

On était con à l’époque. On l’est toujours et on le sera encore plus à l’avenir mais Gontard, le super héro de Gontard-sur-Misère est notre vigie sociétale qui nous fait voyager dans un futur proche et moche alors que le présent n’est déjà pas riant.
Gontard – Akene Guetno

Vidéo : Gontard – Akene Guetno

Quelle satisfaction en 2022 de voir Gontard toujours aussi acide même après les remontrées gastriques post réveillon et pré-électorales !

Plus dans Chroniques d'albums

Lesmarquises-soleilsnoirs

Les Marquises : Fiat Lux

Avec Soleils Noirs, Les Marquises nous entraîne dans un archipel du bout du monde, un voyage au long cours en deux plages mystérieuses et fascinantes aux titres puissamment évocateurs, L’étreinte de l’aurore et Le sommeil du berger.
Karkwa Dans-la-seconde

Karkwa – Dans la seconde

Qui l’eût cru ? Karkwa revient dans la seconde, treize ans après Les Chemins de verre. Peu connue en France, la formation québécoise est la valeur sûre de la Belle Province avec des arrangements amples et une voix, celle amicale de Louis-Jean Cormier.
Imagecouv-abelk1-sk

AbEL K1 – AbEL K1

AbEL K1 dessine des trajectoires. Il en a dessiné beaucoup, à l’écart, pour celles qui les chantent, ou les tracent avec lui. De Pomme à Blondino. Et elles sont à chaque fois ciselées, tendues, presque émaciées. Sans déséquilibre. Des chevauchées sensibles, vers des endroits non bornés, qui pourraient tout aussi bien en être d’autres. Mais […]
Guilhemvalay-aubrac

Guilhem Valayé – Aubrac

Le français est une belle langue. C’est une évidence. Mais il faut l’écrire, la manier, la chanter avec honnêteté, simplicité et pureté. Guilhem Valayé livre à l’ancienne le plus bel EP de cette année avec son voyage en Aubrac et ses terres rêches comme nos cœurs.