[Micro-Photos] Les Ramones font le mur

The Ramones © Roberta Bayley
Avec trois mots de vocabulaire et quatre accords, les Ramones publièrent un disque en 1976 qui précéda la vague punk et qui impressionna la scène anglaise par la même occasion. Ignorés par le succès jusqu'au début des années 90, nos 4 frères Dalton du punk avaient tout compris dès le départ en proposant une image très singulière en plus d'une musique révolutionnaire. Blousons de cuir noir, jeans étriqués, les Ramones débarquèrent avec un uniforme dont les pièces avaient été chinées dans les friperies du Queens. Comme quoi, pas besoin d'une Vivienne Westwood ou d'un Malcolm McLaren.

Ainsi, en 1976, ils recrutent la jeune Roberta Bayley pour que celle-ci réalise la photographie qui sera utilisée pour la pochette de leur premier album. 41 ans plus tard, nous avons pu nous entretenir avec Roberta qui revient, pour nous, sur ce cliché.

Comment es-tu venue à la photographie ? Comment as-tu appris cet art ?

Robert Bayley : J’ai grandi dans les années 50 et 60. A cette époque Kodak a sorti l’Instamatic et j’ai pris beaucoup de clichés avec cet appareil. J’avais l’habitude de prendre des photos des Beatles à la télévision ! Quand j’avais 15 ans, j’ai pris quelques cours de photographie à l’école et j’ai appris à développer des films et a tiré des photos. J’ai acheté un Nikon F en 1969 mais je l’ai vendu quand j’ai déménagé en Angleterre en 1972. Ce fut une grosse erreur… Quand je suis arrivée à New York en 1974, j’ai rencontré beaucoup de gens de la scène musicale locale, comme les New York Dolls et les Miamis. À la fin de l’année 74, j’ai commencé à travailler avec le CBGB. À la fin de 1975, j’ai acheté un appareil 35 mm et j’ai pris des photos des différents groupes du CBGB.

The Ramones © Roberta Bayley

Comment as-tu rencontré les Ramones ?

Robert Bayley : Les Ramones étaient l’un des premiers groupes à venir au CBGB après les Television. Tous les différents membres du groupe ont résidé à CBGB avec ceux de Blondie et de Talking Heads, etc. En 1976, le magazine PUNK a été lancé et je suis allée travailler pour eux.

Te rappelles-tu du jour du shooting ? Quel est ton meilleur souvenir ?

Robert Bayley : Les Ramones ont accepté de faire la une de PUNK. Nous avons alors organisé une session en février 1976. Ils étaient déjà signés chez Sire Records et leur premier album allait bientôt sortir. Malheureusement, le groupe n’a pas aimé les photos prises par le photographe du label. Ils ont alors commencé à appeler les photographes pour trouver une photographie alternative. Ils ont choisi ma photo et m’ont offert 125 dollars ! Et j’ai accepté.

Voici une interview qui décrit la séance photos – Je l’ai tellement racontée de fois que je ne peux plus le faire !

Quel appareil as-tu utilisé ? Et quel type de pellicule ?

Robert Bayley : J’ai utilisé un Pentax Spotmatic et une pellicule Plus-X film car j’avais vu que c’était une belle journée pour faire des photos.

Où as-tu pris cette photo dans New-York ? Comment le groupe se sentait à ce moment là ?

Robert Bayley : La photographie de la pochette de l’album a été prise sur East 2nd Street dans une ancienne aire de jeux, juste en bas de la rue du loft d’Arturo Vega, où vivaient certains des Ramones. Le terrain de jeu est devenu bientôt un jardin communautaire qu’il est encore aujourd’hui. Aujourd’hui cette rue s’appelle la Joey Ramone Place.

En 1975-1976, les Ramones étaient un jeune groupe mais contrôlaient déjà très bien leur image comme un groupe expérimenté. Ils portaient les mêmes habits…Quelles étaient leurs relations avec leur image ?

Roberta Bayley : Oui, les Ramones ont développé une image forte très tôt. Le style qui était prédominant était le glam… Je suppose qu’ils voulaient quelque chose de différent. Johnny ne voulait pas que les membres du groupe sourient sur les photos, ils voulaient qu’ils soient sérieux.

Quelle est ta chanson préférée de ce disque des Ramones ?

Roberta Bayley : J’aime beaucoup de chansons des Ramones. Je vais te répondre Blitzkreig Bop.

The Ramones – Blitzkrieg Pop

Tu l’aimes cette photo ?

Roberta Bayley : Non seulement j’adore cette photo, cette photo a été très très bénéfique pour moi !

C’était facile de travailler avec les Ramones ?

Roberta Bayley : Cette séance de photos a été très simple et s’est bien passée. Nous nous connaissions tous, de sorte que personne n’était nerveux ou tendu. Nous avons tous passé un bon moment. Je travaille très rapidement, et cela a aidé parce que le groupe n’aimait pas se faire prendre en photo.

The Ramones - Ramones

Retrouvez les articles de la rubrique [Micro-Photos] :

The Ramones des Ramones est édité par Sire Records.
Toutes les photographies de l’article sont signées Roberta Bayley. Retrouvez son travail sur son site officiel :
www.robertabayley.com
Et pour tout savoir sur les Ramones, il faut se procurer My Ramones chez First Third Book.

The Ramones - Ramones

Tracklist : The Ramones - Ramones
  1. Blitzkrieg Bop
  2. Beat On The Brat
  3. Judy Is A Punk
  4. I Wanna Be Your Boyfriend
  5. Chain Saw
  6. Now I Wanna Sniff Some Glue
  7. I Don't Wanna Go Down To The Basement
  8. Loudmouth
  9. Havana Affair
  10. Listen To My Heart
  11. 53rd & 3rd
  12. Let's Dance
  13. I Don't Wanna Walk Around With You
  14. Today Your Love
  15. Tomorrow The World

English text

How did you learn to use a camera and to take some pictures ?

When I was growing up in the 50s & 60s, Kodak had the Instamatic camera, and I took a lot of photos with that. I used to take pictures of the Beatles on the television! When I was 15, I took a couple of photography classes in school, and learned to develop film and print photos. I bought a Nikon F in 1969 but sold it when I moved to England in 1972 (big mistake!). When I arrived in New York in 1974, I met many people on the local music scene, like the New York Dolls and the Miamis. At the end of ’74 I began working the door at CBGBs. In late 1975 I bought a used 35mm camera and begain taking photos of the different CBGB bands.

How did you meet The Ramones ?

The Ramones were one of the first bands at CBGB after Television. All of the different band members, not just the Ramones, hung out at CBGB – Blondie, Talking Heads, etc. In 1976, Punk magazine started and I went to work for them.

Do you remember the day of the photo session with The Ramones ? What are your best memories of this day ? It was a special day ?

The Ramones agreed to do a cover story for PUNK, and we set up a session in February of 1976. They were already signed to Sire Records, and their 1st record was coming out soon. Unfortunately, the band didn’t like the photos taken by the record company photographer, so they startted calling around to photographers to find an alternative image. They picked my photo and offered me $125.00! I took it.

Which camera did you use ? Which film ?

I used a used Pentax Spotmatic camera and Plus-X film, which I heard was good for daylight.

Where did you take this picture in New-York ? What was the mood in the band during the photo session ?

The album cover image was taken on East 2nd Street in an old playground, just down the street from Arturo Vega’s loft, where some of the Ramones lived. The playground soon became a Community Garden which it still is today.

In 1975/1976, The Ramones were a young band. But they controlled their image like a old band. They have got the same clothes…What were their relationships with their own image ?

Yes, the Ramones developed a strong image very early on. The prevailing style had been the “glitter and glam rock” bands (NY Dolls, etc.) and I guess they wanted something different. Johnny didn’t want the band members to smile in photos, they wanted to look serious.

What’s your favorite song of this album ?

I like many Ramones songs, but probably “Blitzkreig Bop”

Do you « love » this picture ?

Not only do I love this photo, this photo has been very, very good to me!

It was easy to work with The Ramones ?

This photo session was very easy, and went very well. We all knew each other, so nobody was nervous or uptight. We all had a good time. I work pretty quickly, and that helped because the band did not love having their pictures taken.

Pouet? Tsoin. Évidemment.

Cela pourrait vous intéresser

Alanvega-mercy

Vidéo : Alan Vega – Mercy

L’exhumation des archives d’Alan Vega se poursuit après Mutator en 2021, voici Insurrection qui sortira le 31 mai chez In The Red.
Astereotypie-9--1024x682

Chanson à caractère informatif !

Bon, d’accord on est de parti pris, on l’avoue, on adore Astéréotypie. Ils nous invitent une fois de plus au lâcher prise avec ce Calme-toi bouge tes genoux.
Kimgordon-psychedelicorgasm

Vidéo : Kim Gordon – Psychedelic Orgasm

Francesco Alberoni dans Le Choc amoureux décrit l’orgasme comme un mouvement collectif à deux. Kim Gordon défouraille sec avec son Psychedelic Orgasm, nouvel extrait de son album, The Collective qui sort le 8 mars.

Plus dans Interviews

Cmathieuteissier1

Rêve éveillé avec Lescop

Lescop sort du bois avec un nouvel album, Rêve parti qui fera danser Les garçons et vous retirera la raison avec la femme papillon. Entretien avant son concert à La Rayonne à Villeurbanne le samedi 9 mars.
Julienshelter-matthieudortomb4

5 questions à Julien Shelter

Avec Island, Julien Shelter nous propose un album cocon, un disque refuge pour se ressourcer avec des titres délicats évoquant l’amour, la nature ou l’enfance.
Chroniquenicolas-commentchicmediaschristophe-3

Fortunate semper magis tempus

Nicolas Comment vient de signer Chronique du temps qui passe, un superbe livre qui mêle des textes intimes et des photos d’artistes au gré des rencontres incroyables qu’il a pu faire. Il était récemment à Lyon pour une rencontre dédicace et une présentation de son travail à la galerie Poltred, l’occasion pour SK* d’évoquer avec […]

5 questions à … AbEL K1

Après avoir écrit pour d’autres et principalement pour Blondino dont il est l’indissociable compagnon de ses échappées, AbEL K1 sortira en mai son premier album. Un album porté par sa poésie toujours si personnelle et tendue, un lyrisme rock et direct, et une voix singulière. Prélude (à la folie) en est le premier aperçu, ainsi […]