Le joli vacarme de Michel Cloup Duo

Michel Cloup © Fred Hedin
Michel Cloup Duo était de passage à La Lune des Pirates pour clore sa tournée. Ces deux-là ont mis en orbite un public amiénois avec des chansons qui ont pour caisse de résonance l'actualité politique. Quoique... Les chansons de Michel Cloup se suffisent à elles-mêmes et ça depuis C'était un lundi après-midi semblable aux autres.

Mais ce jeudi soir à Amiens n’était pas semblable aux autres. Non. Parce qu’il y avait les chansons de Cloup. Et surtout parce que ce duo a une maîtrise totale de son sujet. Il y a des soirs sans. Et des soirs avec. Entretien avec Michel Cloup donc.

Tu es satisfait de ton concert à La Lune des Pirates ?

Discographie

Michel Cloup : Oui, c’était très chouette.

Michel Cloup © Fred Hedin
Michel Cloup © Fred Hedin

Pourquoi ?

Michel Cloup : Parce qu’on s’est amusé. Il ne nous faut pas grand chose. Du bon son et c’est bon. Ce n’était pas évident au départ car nous sommes arrivés en train avec peu de matériel. Le matériel disponible ici était très bien.

Tu ouvrais pour les Oiseaux-Tempête. Tu les connais ?

Michel Cloup : Je connais un peu. Je ne les ai jamais vus en concert.

Tu as chanté ce soir ta chanson La classe ouvrière s’est enfuie. Il y a quelques jours Marine Le Pen et Emmanuel Macron sont venus à Amiens voir les ouvriers de l’usine Whirlpool. Quel effet cela t’a fait ?

Michel Cloup : J’y ai pensé aujourd’hui en me disant que cela n’allait pas leur remonter le moral. Les pauvres… Je suis très frustré que la tournée s’arrête ce soir car les chansons prennent de plus en plus de sens.

Michel Cloup Duo – La Classe ouvrière s’est enfuie

Tu la ressens comment cette actualité ?

Michel Cloup : C’est compliqué. Vous êtes en couple ou c’est compliqué ? C’est compliqué. C’est affreux. La seule chose positive est ce réveil de la gauche au premier tour qui laisse présager des lendemains plus heureux. Après le second tour est une catastrophe. Je ne sais pas quoi dire.

Tu aimes particulièrement les tournées. Tu as fait des dates pendant cette fameuse campagne présidentielle ? Tu as ressenti une atmosphère particulière ?

Michel Cloup : J’ai fait peu de dates. Une dizaine tout au plus. Et campagne ou pas, c’est pareil.

Il n’y a aucun impact ?

Michel Cloup : Si les gens sortent moins, il y a donc moins de monde au concert.

Comment as-tu choisi les morceaux de ta set-list de ce soir ? Tu ne fais jamais les mêmes morceaux lors de tes concerts…

Michel Cloup : Il ne faut pas exagérer. On a une trame et on enlève des morceaux. Je rajoute ou je retire des morceaux. Je suis un peu le chef d’orchestre. J’ai rajouté des morceaux ce soir. Si l’ambiance (ou nous) est molle, j’enlève des morceaux speeds et je ne garde que les mous. Et vice-versa. Ce soir, nous avons tout joué. Le seul qui doit me maudire dans cette affaire, c’est Julien.

Ton côté petit patron…

Michel Cloup : Carrément ! Un patron de P.M.E. ! Macron quoi ! Un Macron communiste. On discute et au dernier moment je change.

C’est votre dernière date ce soir. Quels sont vos projets pour la fin de l’année ?

Michel Cloup : On doit déjà sortir un 45 tours qui a été enregistré il y a un an. On doit aussi sortir un titre sur une compilation hommage à Jason Molina.

Alors cette reprise de Molina ?

Michel Cloup : J’ai pris une chanson, la pire.
Ma préférée. Elle s’appelle Cross the road, Molina.

Songs : Ohia – Cross the road, Molina

Au départ, je ne voulais pas faire une reprise en anglais. Cela aurait été complètement ridicule. Du coup, j’ai traduit et adapté le texte en français. Nous avons donc fait quelque chose de complètement différent de la version originale. Mendelson, c’est pareil. Pascal Bouaziz m’a dit qu’il avait quelque chose de différent en français.

Cela sort sur quel label ?

Michel Cloup : Ce n’est pas un label. C’est une initiative de mecs belges qui font ça pour le fun. Peut-être qu’il y aura un label ensuite… Ensuite nous allons travailler sur un nouveau disque. Cela prendra du temps. En septembre-octobre, nous allons travailler tous les deux sur une pièce de théâtre à Bruxelles. Nous serons sur scène et nous ferons de la musique. De mon côté, je travaille sur un album avec une amie qui est une artiste et une plasticienne. On travaille ensemble depuis 20 ans. Il s’agit de Béatrice Utrilla. On a fait beaucoup de vidéos… Dans un registre très contemporain. Nous avons une commande pour un album. On va donc faire des performances dès le mois de juillet. On fera sûrement des concerts à Paris au mois de septembre.

Michel Cloup © Fred Hedin

J’ai récemment interviewé Valéry Lorenzo. Vous étiez tous les deux dans Lucie Vacarme. Je me suis aperçu que votre album Milkyway avait 25 ans. Tu écoutes de temps en temps ce disque ?

Michel Cloup : J’y ai aussi beaucoup pensé. Cela fait 5 ans que les Américains de Captured Tracks nous demandent des morceaux et des images… Ils veulent faire une compilation sur le Shoegaze underground européen. Ils nous ont demandé des disques. C’est donc un message pour eux ! J’espère qu’ils vont me rendre les deux seuls disques de Lucie Vacarme que je possède et que je leur ai envoyés. Une compilation doit sortir… Un peu le Pebbles du shoegaze français. J’ai un peu réécouté. J’ai vu Kim Gordon en concert l’an dernier et je lui ai demandé si elle se rappelait du featuring qu’elle avait fait pour nous en 1990 ou en 1991.

Ah, c’est quoi cette histoire déjà ? Il n’est pas question d’une carte postale envoyée à Thurston Moore ?

Michel Cloup : On avait envoyé notre premier maxi à Thurston Moore. Il nous avait renvoyé une carte postale. On avait proposé à Kim, à l’époque où ils enregistraient Dirty de faire un featuring. Elle l’a fait par téléphone avec un son et un accent dégueulasses. Heureusement qu’on avait écrit son nom sur le livret. Ensuite, j’ai reçu un coup de fil chez ma mère. Garance Productions venait de l’appeler pour qu’on fasse la première partie de Sonic Youth au Théâtre du Moulin. Ce fut mon dernier concert avec Lucie Vacarme. On s’était un peu engueulé et Diabologum commençait.

Tu te rappelles de ton premier concert ?

Michel Cloup : Oui, c’était au lycée. Un concert, entre midi et deux, pour la fête de fin d’année. Je m’en rappelle très très bien. C’était avec les futurs Lucie Vacarme. Valéry était déjà là. On avait choisi un nom très original : Les Sales Gosses. Il y avait deux groupes. Le premier groupe était composé des beaux mecs du lycée qui faisaient des reprises de Téléphone. Et nous, les tocards. On a commencé à jouer. On fait une reprise très originale de Satisfaction. On l’a donc très mal jouée mais plein de filles sont arrivées. Ce fut une révélation : j’avais trouvé mon futur vrai métier.

Quelle a été ta première claque en concert ?

Michel Cloup ? : Suicide au Bikini à Toulouse. Je les ai vus avant les années 90.

Et ta pire déception en concert ?

Michel Cloup ? : Il y en a pas mal.
Certaines sont le fait de groupes qui sont des branleurs sur scène mais qui ont de bonnes chansons. My Bloody Valentine par exemple… Ou des artistes dont c’est le mauvais soir. Cela nous arrive parfois. Mais toi quand tu n’a jamais vu le groupe, tu es forcément déçu.

Michel Cloup Duo

Ici et là-bas de Michel Cloup Duo est disponible via le label Ici d’ailleurs.
Les photographies de l’article sont signées Fred Hedin.

Michel Cloup Duo - Ici et là-bas

Tracklist : Michel Cloup Duo - Ici et là-bas
  1. Qui je suis
  2. La classe ouvrière s'est enfuie
  3. Ici et là-bas
  4. Deux minutes vingt-cinq
  5. Nous qui n'arrivons plus à dire nous
  6. Animal blessé
  7. D32W
  8. Séparer
  9. Nouveau en ville
  10. Etranger
  11. Une adresse en Italie

Pouet? Tsoin. Évidemment.

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