Vidéo : Lisa Ducasse – Qui sont

Lisa Ducasse marie le spoken word et Barbara. Quelle audace ! Et pourtant. Conter, raconter, se dévoiler en mêlant le parlé et le chanté semble naturel. On est séduit par sa douceur et sa maturité, son courage des oiseaux et son amitié pour l’immense Guilhem Valayé. Qui sont est une claque créative. En un titre sensible, on saisit un univers, une puissance créatrice qui rappelle étonnement Abd al Malik. Elle a débuté par un recueil de poèmes, Midnight Sunburn & 17 footsteps, publié en 2017 aux éditions Vilaz Métis et clairement c’est la naissance d’une artiste. Créer n’a jamais été aussi simple et a ouvert sans aucun doute des possibles de beauté, un essor, un envol pour beaucoup de gens. Lisa fait décoller ses « chansons », louvoie avec ses mots et ses mélodies. Sa version en créole mauricien de la chanson des vieux amants de Brel est renversante, Qui sont provoque la fièvre et des lucioles dans le ventre, on est fasciné par cette langue alors qu’on nous serine que la jeunesse la maltraite. Isidore Ducasse, comte de Lautréamont écrit dans Les chants de Maldoror, « souvent je me suis demandé quelle chose était le plus facile à reconnaître : la profondeur de l’océan ou la profondeur du cœur humain » avec Lisa Ducasse, nous n’avons pas de doute.

Ne ratez pas Lisa Ducasse en concert, vous pourrez dire, j’y étais. Alors pas le 28 mars au Transbordeur avec Pomme car c’est archi complet depuis des lustres, mais peut être en AURA le 25 avril à Pezenas avec Ronan Luce, le 28 avril à la Belle Électrique de Grenoble (ah ben non là aussi c’est complet !), le 29 avril à la Bourse du travail à Lyon avec Arthur H et le 22 mai à L’usine à Saint-Etienne au festival Paroles et Musiques.

Lisa Ducasse – Qui sont

Le jour où elle lui dit, ils n’en sont rendus
Qu’à la onzième heure d’un jour de fête
Quelque part entre rencontrer et connaître
Ils savent bien comment se ternissent les « d’abord »
Cent petites morts pour un encore
Mais si pour voir ils étaient honnêtes

Elle lui dirait : je ne sais pas qui sont les hommes,
Mais certains m’ont ouvert leurs mains
Il lui dirait : je ne sais pas qui sont les hommes
Et si j’oublie que j’en suis un
Dis, tu me le pardonnes ?

Elle pense aux fièvres qu’elle ne saura pas soigner
Lui à celles que soigner serait une erreur
Fières fièvres de chevauchées et de chaleur
Qu’il leur faudra surtout bien se garder d’étouffer
Sans quoi tout finirait par un goût de cendres
Ils sont entre connaître et comprendre

Elle lui dira : je ne sais pas qui sont les hommes,
Mais certains m’ont ouvert leurs mains
Il lui dira : je ne sais pas qui sont les hommes
Et si j’oublie que j’en suis un
Tu me le pardonnes ?

Ils se sont aimés le jour où ils ont vu ensemble le livre, l’œuvre, l’enfant
Lancer des poignées d’écume à la mer, la face donnée au vent
Et courir, la couronne de plumes de travers
Et voler droit pourtant