Non, je ne parlerai pas de William Sheller, ni de la profonde influence de cet artiste sur plusieurs générations de chanteurs et mélomanes français. Et de l’album de reprises Simplement Sheller, en 16 titres chantés par

une ribambelle éclectique d’interprètes de la chanson française contemporaine (1), sorti le 13 octobre, et célébré le 17 octobre à la Philharmonie de Paris, je ne parlerai pas plus... je profite de cet événement pour épancher mon envie de parler de Laura Cahen, qui y joue du piano et chante Maman est folle, titre tiré de l’album Simplement de 1984.


En une décennie de carrière solo, Laura Cahen est venue tapisser notre paysage musical, comme une mousse veloutée recouvre les pierres des sous-bois humides.
Le timbre de sa voix puissante et frêle à la fois, enjôleuse, sans mièvrerie ni emphase, opère un charme auquel beaucoup ont succombé, à lire les nombreux éloges dont la chanteuse a été gratifiée. Enrichissant de sa touche féminine affirmée le songwriting à la française, elle décline son lyrisme tellurique, tour à tour vivifiant et mélancolique sur des mélodies qui s’immiscent au plus profond de nous.
A partir de l’album Une fille, arrangé par Dan Lévy et paru en 2021 sur [PIAS] le label, la chanteuse de l’Est aux yeux de Sud a travaillé le matériau en volume et loin d’abandonner ses chansons à la seule tournée, elle s’est adonnée à leur faire atteindre de nouvelles dimensions.

C’est d’abord l’EP, de 7 titres en duos, qui est venu amplifier Une fille en Des filles, Cahen faisant entendre d’autres voix que la sienne : tout un panorama de la scène française féminine en quelques titres.
Mais parallèlement à ces rencontres musicales, tissant un réseau, la douce Cahen a construit une identité visuelle singulière en quelques clips, où encore une fois, l’aller retour de soi à l’autre est de mise, qu’il s’agisse de chanter à deux, ou de confier l’incarnation du chant à des figures de comédiennes vibrantes, telle, notamment, Hafsia Herzi, dans le très puissant clip Nuit Forêt, réalisé par Mark Jackson.

Aujourd’hui, son interprétation de Maman est folle paraît plus shellerienne que l’originale gentiment pop, et rend pleinement au titre son ampleur universelle. L’apparition de la chanteuse sur l’album Simplement Sheller semble du reste une évidence, tant Cahen est rompue à l’exercice de la reprise, qu’elle a pratiqué avec rigueur et générosité lors du confinement, postant régulièrement de magnifiques reprises acoustiques sur sa chaîne Youtube. C’est d’ailleurs là qu’il faut se rendre pour retrouver non seulement l’enregistrement de ce nouveau single, sobre plan-séquence autour d’un piano à queue, mais surtout pour passer l’hiver au plus intime des ramifications de l’univers-Cahen.

Laura Cahen & Juneson – Si rien ne bouge

Note :
(1) Albin de la Simone, Alex Beaupain, Calogero, Cyril Mokaiesh, Eddy de Pretto, Sofiane Pamart, Emily Loizeau, Florent Marchet, Jeanne Cherhal, Laura Cahen, Malik Djoudi, Marie Flore, Marie Poulain, Véronique Samson, Yvan Cassar, Zaho de Sagazan(

Discographies

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