Richard Bellia expose au Transbordeur

En ces temps où n'importe qui avec un numérique se fait accréditer dans les concerts à la mode pour jouer à touche bouton et signe des photos d'un péremptoire 'machin, photographer' (oui, c'est mieux in english...), le photographe lyonnais et argentique Richard Bellia poursuit son oeuvre commencée il y a près de trente ans et s'intéresse encore aux petits qui deviendront grands avec un oeil acéré sur la musique.

Richard Bellia

Vous ne le connaissez peut être pas mais vous avez forcément croisé ses photos qui aujourd’hui font partie de l’histoire de la musique populaire. Robert Smith et sa toupie en 1985, Nirvana le jour de la sortie de Nevermind en 1991, le portrait mythique de Joe Strummer et sa guitare en 1989, Gainsbarre en 1985, Jim Kerr lors du Mandela day au Stade de Wembley en 1988 ou encore Morissey lisant The Socialist Worker pour se convaincre que l'Angleterre pouvait virer Maguy comme la France avait balancé Devaquet au piquet en décembre 1986. Et aujourd'hui me direz-vous ? et bien Richard au grand coeur continue inlassablement de défricher avec par exemple Mustang ou Zak Laughed.

Le site internet de Richard Bellia se nomme photographie, celle-ci prime sur le photographe. Il faut donc voir, regarder de près des tirages papiers grand formats pour mieux appréhender le travail d’une vie de photographe indépendant des modes, libre de toutes contraintes. Pendant que beaucoup critiquent avec justesse l’exploitation de photos que certains voudraient gratuites, Richard Bellia gère sa « petite entreprise » et ne connait pas la crise. Il a notamment auto-édité un livre Un Oeil sur la Musique – 1982-2007 déjà épuisé chez Trois Chansons Sans Flash (sic !), expose un peu partout dans le monde, de Clermont-Ferrand à Chicago, voit un de ses clichés retenu pour le CD Collector du Nevermind de Nirvana à l’occasion de son vingtième anniversaire et fait la promotion d’un petit vin sympathique, une cuvée nommée fucks@rkozy.com issue du Domaine de l’Astrolabe à Bully dans le Beaujolais. L’étiquette a été dessinée par Luz, lui aussi passionné de musique (pas de chanson française) dans ses deux volumes de Trois Chansons Sans Flash où se mêlent avec audace ses dessins et les photographies de Stéphanie Meylan.

Vous l’aurez compris, Richard Bellia affectionne les rencontres, les lieux improbables, se métamorphose en archéologue musical quand il exhume les graffitis de Johnny Rotten au fond d’une cave de Denmark Street à Londres et désormais très sérieusement étudiés par l’université de York en tant que « Lascaux des punks ». Il fait même partie de l’histoire du rock quand Robert Smith demande au journal Libération de publier la fameuse photo à la toupie dans une double page consacrée au Cure en novembre 1985.

J’aurais donc pu illustrer de vignettes ce billet de l’homme au Hasselblad 500 C/M qui ne remplit pas des gigaoctets de cartes mémoires pour en choisir quelques unes savamment retouchées. Richard Bellia est de la vieille école mais fait assurément des photos contemporaines, pleines de vie qu’il faut absolument voir en grand format accrochées à des cimaises. Vous en aurez l’occasion si vous passez par le club du Transbordeur à Lyon du 16 janvier au 3 avril 2012 afin de découvrir 65 tirages de 1984 à aujourd’hui, de Joy Division et Bananarama à Miles Kane et Erykah Badu tout en dégustant éventuellement du fucks@rkozy.com.

Lyonnais qui revendique sa mauvaise foi car comme le dit Baudelaire, "Pour être juste, la critique doit être partiale, passionnée, politique...", Davantage Grincheux que Prof si j'étais un des sept nains, j'aime avant tout la sincérité dans n''importe quel genre musical...
10 réponses sur « Richard Bellia expose au Transbordeur »

J’ai une vision différente de Mr Bellia : s’il n’avait pas commencé il y a 30 ans justement, il aurait beaucoup de mal à sortir du lot aujourd’hui car argentique ou pas, ce qui est pour moi le dernier argument pour juger du travail d’un photographe, nombre de photographes travaillant en argentique sont aussi mauvais que d’autres en numérique, son travail est assez banal. S’il n’avait pas eu la chance, l’opportunité ou l’intelligence, peut importe, de rencontrer les quelques grosses stars que tu cites, je ne vois personne s’extasier sur ses photos.
J’ai vu son expo à Rock En Seine en 2010 et ça m’a pas bouleversé, du tout.

Enfin, R. Bellia a le plus grand mépris pour les photographes qui débutent aujourd’hui mais je ne suis pas rancunier puisque j’ai validé cet article :)

Du même avis qu’Alain.

Richard Bellia a constitué un beau tableau de chasse qui prend de la valeur avec le temps, en jouant sur la fibre historique et nostalgique.
Aucune démarche artistique dans son travail proche de la photo frigo, même si Richard ressasse et met en avant l’usage de l’argentique comme au dessus de tout, avec le mépris décrit par Alain.
Hors non, ce n’est pas le medium ou la notoriété du sujet, qui donnent de la valeur artistique à une oeuvre.
L’argentique n’est pas une pierre philosophale qui transforme toute photo en or !
Donc perso, je reconnais principalement une valeur historique à son travail, et non artistique.

entierement d’accord avec les 2 avis ci-dessus, les photos de Bellia touchent surtout par la notoriété des sujets qui y figurent, le reste me laisse perplexe…
par dessus tout, son sarcasme permanent pour tout ce qui n’est pas comme lui (c-à-d argentique) laisse deviner une certaine suffisance.

N’étant pas photographe mais historien, cela change sûrement ma vision des choses… les querelles de chapelles ne m’intéressent guère, comme pour un disque ou film, je suis touché ou non. Rien de plus.

Les commentaires d’Alain, Arno et Luc résument parfaitement le personnage qui est bien loin du « Richard au grand coeur » décrit dans l’article.
J’ai moi aussi vu son exposition au Rock en Seine 2010 et, en effet, pas de quoi tomber par terre voire même, dans le cas de la photo des Red Hot Chili Peppers en1988 à Londres (par exemple), une croute prise avec flash, mal cadrée et sans grand intérêt qui illustre, malheureusement, très bien vos arguments concernant la notoriété des sujets comme fonds de commerce!
Monsieur Bellia n’est autre qu’un vieux réactionnaire singeant le décalé mais surtout, il est arrogant, suffisant et méprisant.
En effet, tout ce qui n’est pas argentique est de la merde et une perte de temps selon lui, personne ne peut progresser en photo via le numérique.
Comment une personne obtuse à ce point peut-elle se permettre encore de parler de progrès?!
Reste son mépris affiché pour les « jeunes » photographes qu’il n’hésite pas à moquer sur sa page Facebook, sans pour autant assumer pleinement, sur le seul prétexte qu’ils travaillent en numérique. J’en ai fait les frais ce weekend sans rien avoir à demander à ce cher monsieur.
Une chose est certaine, nombre de ces photographes numériques savent travailler sans forcément mitrailler, gardent une réelle démarche artistique et un respect total du sujet mais travaillent aussi bien mieux que lui!
Allez, sans rancune monsieur Bellia mais avouez quand même que vous avez eu la chance et les moyens de faire de la photo de scène à une époque où trop peu de gens pouvaient la pratiquer… Votre travail aurait-il de réelles perspectives aujourd’hui si vous commenciez à peine votre carrière?
Laissez-moi en douter…

bonjour tout le monde

Arnaud : quand tu écris à mon propos : « Donc perso, je reconnais principalement une valeur historique à son travail, et non artistique. » Alors sincèrement, c’est ce que j’appelle avoir des problèmes de riche ! Tu imagines ? Mon travail est moins artistique qu’historique ? Je souhaite à tous mes collègues photographes d’avoir ce genre de problème.

Zoz : désolé du psychodrame de ce we. J’ai juste mis sur mon mur un lien vers ta page, un copié / collé de ta homepage (« J’aime m’abandonner à l’ivresse d’une émotion, d’un regard, au détour d’instants de vie. La photographie n’étant qu’un prétexte, elle est mon art d’aimer ») avec en commentaire « Je dis attention, champion. » Ecoute, avoue que tu l’as cherché. Des images de petits concert, défoncées au lightroom, avec tout plein de chanteurs avec le micro devant la bouche (ça, c’est à proscrire quand on fait du live)… et tu nous promets l’art d’aimer et l’ivresse de l’émotion ?? La vache ! Perso, je n’arriverais jamais JAMAIS à écrire un truc comme ça sur moi. Enfin, tu t’es relu ??

Et pour la défense de l’argentique, là les gars, désolé mais je ne changerai pas d’avis, vu que j’ai raison. L’argentique, c’est mieux, c’est plus beau, ça pète plus, ça vieillit mieux, ça a de la valeur, on peut rester des heures devant, ça se conserve mieux, ça coûte moins cher… ne cherchez pas, c’est indéniablement mieux.

Les gars, les photos que vous avez fait cet été auront un jour trente ans (j’ai fait le calcul pour vous, ça sera en été 2041). Elles n’auront aucune espèce de valeur, vous les aurez d’ailleurs sans doute perdues. Je ne sais pas comment vous le dire… Alors du coup, je suis arrogant parce qu’un peu en colère contre cette industrie qui fait tomber dans le panneau tout un tas de jeunes mecs qui se retrouvent avec des tonnes de matos informatique sur les bras (c’est cher, votre matos, vous avez vu ??), et, au final, produisent des fichiers qui vont tourner sur des disques durs jusqu’au jour où ça tombera en panne, avec la certitude que s’ils sont débutants et qu ils vont progresser, ce qui est faux (avec le numérique, vous ne progresserez qu’en lightroom ou en photoshop). En revanche vous devrez dépenser une blinde pour la sauvegarde de vos fichiers et devrez régulièrement racheter du matériel (écran/OrdiSauvegardes/Boitiers et on recommence l’année d’après écran ordi etc.).

Et pour terminer ce long mail, je vous invite à visiter le site de mon pote Mehdi Benkler (23 ou 24 ans je crois) qui fait les petits concerts et les gros festivals en Suisse, à l’argentique. Ce type sort une moyenne d’une photo démente tous les trois ou quatre mois dans le registre qui nous intéresse ici : les petites salles, la bière l’après midi et les pétards après le concert dans les loges et les groupes qui sortent du bus sous la flotte en été.

http://www.mehdibenkler.ch/photography/ (rubrique « du live et du grain »)

Je pense que ça va encore papoter, mais bon, dans les grandes lignes, vous avez ma réponse.

Vernissage au Transbo le 18 janvier, vous êtes les bienvenus.

R

Salut Richard,

Un peu d’explication de texte semble nécessaire.

Tu dis : « L’argentique, c’est mieux, c’est plus beau, ça pète plus, ça vieillit mieux, ça a de la valeur, on peut rester des heures devant, ça se conserve mieux, ça coûte moins cher… ne cherchez pas, c’est indéniablement mieux. »

Ok, mais de là à clamer « je fais de l’argentique, donc mon travail est supérieur et ça fait de moi un bon photographe », en leitmotiv, il y a une marge.

L’argentique n’est qu’un support, un medium, un point technique.
Si tu ne vois pas d’intérêt au numérique, c’est que le numérique ne rentre pas dans tes pratiques, point.

Ce n’est pas l’argentique qui fait un bon photographe.
Ce n’est pas l’argentique qui fait une bonne photo.
Idem pour le numérique.
Idem pour Photoshop ou le labo argentique, qui ne sont que des outils.

Le seul paramètre important, c’est le photographe et son oeil.

Donc défendre la valeur de son travail par la valeur du médium employé, c’est limite.

Et pour finir, effectivement, Mehdi a un travail de qualité : de par son oeil, son approche, son dynamisme, ses cadrages, sa recherche, son implication. Qu’il fasse de l’argentique, c’est un critère parmi d’autres, et non LE critère.

Au plaisir de se croiser, une nouvelle fois.

Que de certitudes et de conformisme, monsieur Bellia, fort heureusement, le milieu de la photographie ne se compose pas uniquement de personnes comme vous car, sinon, nous en serions restés aux frères Lumière!

Merci en tous cas de venir conforter nos dires mais à l’avenir, si ce mot vous parle, je ne vous en voudrai pas de mettre en berne vos « hate buzz » et autres provocations bons marchés, quelques peu déplacés et démagogiques.
Restez ainsi dans votre vision passéiste et respectez la vision des autres, vous n’êtes pas Dieu sur Terre!

Contrairement à de nombreux nouveaux photographes, que je ne juge pas pour autant, j’ai pratiqué pendant 15 ans la photographie argentique et, pour moi, le numérique représente une véritable évolution.
Vous semblez confondre moyens techniques et sensibilité. Votre manque de discernement et d’arguments concernant les nouvelles technologies laisserait-il transparaître une absence de finesse?

Pour le reste, tout a déjà été dit dans les différents commentaires, notamment ceux d’Arno.

Pour en finir avec vous, en espérant ne plus avoir à faire à votre insolente prétention, je me permettrai simplement de citer Guy Bedos: « Il ne faut pas prendre les gens pour des cons, il y a assez de cons qu’on prend pour des gens. »

Il y a des choses que je ne sais pas, mais ce que je sais c’est que le tirage argentique est unique au contraire du numérique, qui plus est le numérique accessible a tous devient un outils facile pour faire de belle photos, avec tous ces modes automatiques et préconfigurés, (ma soeur par inadvertance avec un appareil photo numérique pourrait faire des photos plus artistique que moi) ceci étant on nous laisse tout de même de la place pour avoir son rendu plus personnel grâce a de petits réglage perso.
Mais apres cette phase de prise de photo, il y a la phase photoshop, programme que tout le monde peut acquérir et maitriser en moins d’un mois.
Photoshop le miracle de la photographie, on fait ce qu’on veut (si on ajoute derriere quelque programme notre photo peut devenir un film ou ce mouvoir au gré du son), mais cette phase photoshop, est pour l’argentique, celle du développement, moment ou le contact avec l’image ce fait, (un contact physique messieurs qui va au dela de formules numériques, qui plus est l’argentique est une réaction chimique ou chaque « erreurs » créées l’unique) ce moment ou l’on trempe sa photo invisible le temps que l’on souhaite, puis l’apparition magique de la photo.
Personnellement je trouve la démarche de l’argentique est déja plus artistique que le numérique.
Mais apres tout que demandons nous à la photographie, l’illustration, l’empreinte historique.
Je cite :
« Le mot « photographie » vient de deux racines d’origine grecque :

le préfixe « photo- » (φωτoς, photos : lumière, clarté) — qui procède de la lumière, qui utilise la lumière ;
le suffixe « -graphie » (γραφειν, graphein : peindre, dessiner, écrire) — qui écrit, qui aboutit à une image. »

C’est aussi simple que sa.

Apres si le personnage de richard a réussi à ce glissé au sein des grands musiciens (artiste?), c’est aussi grace a son caractere et sont dévouement.

Les commentaires sont fermés.

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