L’Europe en Auvergne, bis.

I'm From Barcelona @ Rock Dans Tous Ses Etats, Evreux | 28.06.2008© Alain G
La troisième journée du festival EuropaVox était placée sous le signe de la diversité musicale.


Le soleil dardait les festivaliers allanguis dans l’herbe auvergnate quand un déluge de larsens, une batterie de bucheron et une voix d’outre-tombe redonnèrent toute la signification à l’expression « réveiller les morts ». Les locaux de Sinister Saints bien connus ici pour avoir écumés les bars dont le célèbre Bikini avec les doux noms de Suppositorz et Ass Bandit ont livré un set tout en moiteur et en cuir avec pour bestiaire des Vampires difficiles à empaler ou des Jungle Girls façon Death Proof au sex a peal suintant des guitares…

La nuit ne faisait que commencer, les belges de Triggerfinger enchainèrent tout en puissance à mi chemin entre Queens of the Sone Age pour les grosses guitares et Eagles of Death Metal pour la voix sexy et parfois lascive. Une fois de plus des belges dégainent aussi vite que les anglo-saxons en faisant vrombir leur rock efficace à défaut d’être original.

Le temps de se défaire des premiers acouphènes et je file à la Coopérative de Mai qui n’aura jamais aussi bien portée son nom. La chorale folk pop des I’m from Bacelona est en place, ses 17 membres sont déjà en transe et le public venu en masse pour le « bobo au chapeau Winston » n’en croit pas ses yeux et ses oreilles. C’est peut être aussi ça l’intérêt d’un festival, faire découvrir à un public gavé de médias et de promo pour un artiste fabriqué, des joyeux lurons fantaisistes, fantasques, farfelus et foutraques, des hurluberlus hors normes qui ont métamorphosé la fosse en un immense revival hippie extatique et euphorique. Chaque titre est une occasion de faire chanter le public, de lui faire lever les bras que cela soit sur les classiques We are from Barcelona ou sur la savante chorégraphie (sic!) de Treehouse ou sur les titres du récent Houdini, plus rock comme Paper Planes. La salle se transforme vite en happening populaire et communautaires avec d’immenses ballons rouges qui rodent sur les têtes ou encore des confettis par kilos. C’est vivifiant et l’on ressort de cette fête avec une banane pas possible le temps d’apprendre que l’ASM est en finale du championnat de France de Rugby et que surgissent par enchantement les drapeaux aux couleurs du club qui comme par hasard sont aussi celles du drapeau suédois.

Un passage rapide pour écouter le soporifique Florent Marchet et l’on est tout de suite hâpé par un son sourd et percutant en provenance du Magic Mirrors voisin où joue frénétiquement le duo néerlandais ZZZ, clone de feu Joy Divison. Le batteur barytonne d’une voix caverneuse et hypnotique, le clavier suinte ses notes éléctro garage. c’est diablement efficace et le public est conquis.

De retour à la Coopérative de mai pleine comme un oeuf, Charlie Winston triomphe sans ses angels. Souriant et affable, Winston s’enflamme sans se griller. Il séduit les dames avec le fameux châpeau habilement vissé de travers sur la tête et la barbe de 3 jours. La voix n’est pas désagréable mais cela manque cruellement d’émotion, tout est calibré, lui qui pourtant assure aimer l’improvisation selon ce que lui donne le public. C’est du folk pour bobos branchouilles qui découvrent la sensation du moment en regardant Taratata. Le tord boyaux que boivent les travellers caché dans un sac en papier n’est en fait qu’un vulgaire Canada Dry… Jack Kerouac, prince des anges vagabonds et clochard céleste doit se retourner dans sa tombe, sa route se mue en autoroute formatée avec le ukulélé réglementaire et les samples pénibles et répétitifs d’une human beat box fatiguée (rendez-nous Tez !). Alors bien sûr on ne passe pas un mauvais moment, on peut se satisfaire de cette musique lisse qui affole la ménagère de moins de cinquante ans… ou pas.

Winston parti en fumée, je cours écouter la fin du set des trois danois tordus de Powersolo c’est brut et sauvage, la guitare rugit, la caisse claire déchire l’air moite.

Enfin arrive la sensation du moment, précédée d’un buzz mérité, Ebony Bones qui n’a pas que la peau sur les os. Dans un melting pop habile qui va de Santigold à Sly & the Family Stone, le groupe avec à sa tête une harpie grimée en Carioca du carnaval de Rio, tranforme le Magic Mirrors en dancefloor infernal. Le set se clot par une reprise diabolique du Seven Nation Army des white Stripes qui vous prend aux tripes.

Une troisème journée bigarée donc avec de belles surprises venues des quatre coins de l’Europe.

Lyonnais qui revendique sa mauvaise foi car comme le dit Baudelaire, "Pour être juste, la critique doit être partiale, passionnée, politique...", Davantage Grincheux que Prof si j'étais un des sept nains, j'aime avant tout la sincérité dans n''importe quel genre musical...

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