Martin Mey met les gaz pour Taking Off

© Pierre Turtaut
Rencontre avec Martin Mey, marseillais de son état et compositeur qui sait mettre son public dans tous ses états. Avec son disque Taking Off, Mey montre qu'il sait composer de sacrées chansons et qu'il jongle avec les nerfs et les émotions de ses auditeurs. Chapeauté par Simon Henner (Husbands, Nasser), Taking Off tient la corde et vieillit merveilleusement bien.

Martin Mey

Tu es conscient que tu as un tube avec One Time Too Many ?

Martin Mey : Oh là ! Non… Enfin, c’est gentil, merci. Ce serait un tube s’il passait en boucle sur toutes les radios, non? Pour l’instant, ce n’est pas le cas, même si ce morceau fonctionne bien et tourne pas mal et que c’est certainement un des plus grands « tubes en puissance », un des morceaux les plus pop que j’aie écrits!

Tu sembles offrir une sensibilité plus pop sur ton album par rapport à ton dernier EP. Je me trompe ?

Martin Mey : Non, tu ne te trompes donc pas ! Après, je ne suis pas très fort pour mettre les chansons dans des catégories musicales et je ne maîtrise pas trop ce que ces noms veulent dire… Mais c’est sûr que sur ce disque, j’ai cherché plus d’immédiateté dans certains morceaux, des structures efficaces… Et ça ne me dérangerait pas que cette musique plaise au plus grand nombre… Alors, oui, on peut dire que c’est assez pop.

Comment as-tu rencontré les gens du label IN/EX qui t’ont signé ?

Martin Mey : Ça s’est passé en 2012, alors qu’après avoir été longtemps été autoproduit, seul en scène et aidé notamment par feu l’asso Alambic Haute Pression (dont je salue l’ancien président Jeff, au passage), j’ai cherché un tourneur, un producteur, une équipe avec qui faire grandir mon projet. Je suis naturellement allé voir Internexterne, la coopérative culturelle marseillaise, qui réunit différentes assos à diverses vocations et soutient des projets de qualité… Depuis, le label IN/EX a été créé, mon album est une des premières sorties officielles de ce label et j’en suis très fier !

Ça change quoi pour toi le fait d’être signé ?

Martin Mey : Beaucoup de choses… C’est difficile à résumer et expliquer, car c’est avant tout très humain : l’équipe du label IN/EX et de la Coopérative Internexterne, c’est une association de personnes de grande qualité, compétentes chacune dans leur domaine, toutes passionnées et très impliquées dans les projets… C’est d’abord l’enrichissement humain, l’émulation, le conseil artistique parfois, l’énergie que ça procure et le recul que ça permet de prendre aussi parfois qui comptent. Même si en plus de ça, c’est un label qui s’engage vraiment à tous niveaux et qui met les moyens pour faire émerger des projets artistiques, donc j’ai grâce à eux la chance de travailler ma musique, sur disque et sur scène, dans de très bonnes conditions.

Martin Mey – One Time Too Many

Comment écris-tu tes chansons? La musique en premier? A quel moment de la journée ?

Martin Mey : Généralement, c’est la musique en premier, oui. L’inspiration d’une petite mélodie, une boucle de 4 accords, quelques harmonies par dessus… Et après je bricole et j’écris des textes à partir du feeling que me donne cette musique.
A quel moment ? Je ne sais pas, il n’y a pas vraiment de moment, c’est très variable ; et puis j’ai du mal à me rappeler de quand ça arrive, car ce sont les rares moments où j’oublie un peu tout le reste, et le temps qui passe aussi. Mais je crois que ça arrive toujours dans des moments de « creux » ; l’inspiration ne vient que quand je m’autorise à ne rien faire, à ne penser à rien, à ne pas travailler, à dormir… C’est rare, mais c’est précieux et c’est toujours dans ces moments-là qu’une nouvelle vraie idée arrive !

Pourquoi avoir fait le choix de chanter en anglais ?

Martin Mey : Tout simplement parce que ça sonne, ça sonne sur la musique que je fais en ce moment, ça sonne comme toutes mes influences anglo-saxonnes, soul, blues, afro… Ça groove… Même si je n’écarte pas l’idée de chanter en français un de ces jours, pas du tout. Mais même si l’on ne comprend pas tout ce que je chante, ce n’est pas si grave ; en tant qu’auditeur, c’est avant tout la musique qui me berce, et la musique des paroles plus que leur sens, souvent.

Tu te sens proche de quels groupes actuels ?

Martin Mey : Oh, plein… Je pense toujours à des chanteuses musiciennes que j’adore comme Feist ou Sophie Hunger, Ane Brun, Tune Yards, sinon Fredo Viola, BRNS, Kings of Convenience, Gonzales, Antony & The Johnsons… Rien à voir, Bobby McFerrin… Et l’on me parle toujours de James Blake à la sortie des concerts..! Je me sens proche de beaucoup d’artistes dans des styles très différents, vraiment.
Finalement, je pourrais te citer des artistes dont je suis plus « proche » humainement et qui sont aussi inspirants artistiquement : French 79, Ottilie [B], Benjamin Fincher, Nevche, Paulette Wright, Memorialll… Tout récemment, j’ai joué avec Paul Thomas Saunders à Roubaix, et c’était une très belle rencontre humaine et artistique… Si tu aimes la folk mélancolique et que tu ne connais pas, écoute ça tout de suite.

Tu peux nous parler de la pochette de ton disque ?

Martin Mey : Eh bien, c’est une pochette réalisée avec Denis Carrier, excellent illustrateur et graphiste, et ce sont des photos de murs recouverts de créations graphiques en rubans adhésifs… Ca s’appelle du Tape Art. J’ai découvert le Tape Art un jour, j’ai adoré, j’ai essayé moi-même, j’ai adoré, je me suis rendu compte que je ne m’en sortais pas si mal… j’ai adoré cette sensation aussi !
J’ai découvert, avec cette pratique, un « art plastique » qui me correspond totalement, et ça me plaît beaucoup d’être actif dans toutes les parties de mon projet artistique, jusqu’aux visuels. Alors, j’ai invité des artistes à travailler avec moi sur le Tape Art (le collectif berlinois Tape Over, pour le clip de One Time Too Many et pour la scénographie des concerts) et pour la pochette, je me suis lancé le défi de la faire moi-même, avec l’aide de Denis Carrier.
Alors, on s’est retrouvés à la Friche la Belle de Mai, à Marseille, et on a improvisé sur les murs… Ça donne un résultat que je trouve intéressant et une pochette qui me ressemble beaucoup, je crois.

Tu peux nous raconter l’histoire du duo avec Paulette Wright ?

Martin Mey : C’est une chouette histoire de rencontre artistique, dont on parle d’ailleurs tout simplement dans ce morceau en duo ; mon producteur m’a parlé de Paulette Wright un jour et m’a recommandé d’écouter… J’ai écouté et j’ai tout de suite aimé la musique de Paulette et sa voix… J’ai pensé à l’inviter en « featuring » mais je ne savais pas quoi lui faire chanter, je n’avais jamais fait ça et je ne savais pas comment lui faire de la place sur un de mes morceaux déjà écrits… Alors je l’ai invitée à Marseille pour qu’on fasse de la musique pendant deux jours… Elle est venue (de Reims) et on a improvisé, cherché ensemble des idées… Pour finalement composer et écrire ce morceau ensemble très rapidement. J’ai enregistré la voix de Paulette tout de suite, et puis j’ai arrangé tout le reste très rapidement dans la foulée; c’est un morceau très spontané que j’aime beaucoup pour ça aussi.

Quels sont tes projets pour 2015 ?

Martin Mey : D’abord, c’est la tournée! Après avoir beaucoup travaillé sur l’album et la préparation du nouveau live en trio l’année dernière, on est en tournée maintenant, il y a pas mal de dates un peu partout en France ce printemps … J’ai beaucoup de chance alors je vais profiter de ces concerts au maximum, et pourvu que plein d’autres dates se confirment pour la suite de l’année.
On va certainement sortir un deuxième single de l’album aussi, avec un clip…
En ce moment se prépare un disque de remixes aussi, il devrait sortir en vinyle pour le Disquaire Day ; c’est la première fois qu’on fait des remixes pour moi et ce sera mon premier vinyle, c’est très excitant et je crois que ça va bien sonner!
Après, on va réfléchir aussi à la suite du projet, je ne sais pas encore quelle forme ça prendre exactement, mais je vais certainement écrire les prochains morceaux… Et puis en plus de tout ça, je travaille sur un nouveau projet parallèle avec des copains, ça s’appelle Ghost of Christmas et c’est plus électro… Ça va sortir bientôt, enfin dès que j’aurais écrit les textes!

Top 10

Le meilleur disque de 2014 ?

Martin Mey : Eels The Cautionary Tales of Mark Oliver Everett.

Le disque que tout le monde a écouté sauf toi ?

Martin Mey : CaribouOur Love.

Le disque de 2015 que tu attends le plus ?

Martin Mey : Le prochain de Sophie Hunger.

Le premier disque que tu as acheté ?

Martin Mey :Jean-Michel JarreChronologie.

Le producteur de tes rêves ?

Martin Mey : Nigel Godrich ?

Si Martin Mey était un film ?

Martin Mey : Moonrise Kingdom.

Ta B.O préférée ?

Martin Mey : Celle de The Boat That Rocked, pour toutes ses pépites 60’s…

Si tu pouvais créer un festival.. Quel nom? Quelles têtes d’affiche ?

Martin Mey : Allez, je vais dire « L’Edition », qui est le nom d’un nouveau festival organisé dans le Sud de la France, par la Coopérative Internexterne entre autres, et qui devrait avoir lieu, pour la première édition justement, en juin prochain. Pour les têtes d’affiche… Il faudra suivre les news de ce festival!

Paris ou Marseille ?

Martin Mey : Marseille quelle question!

Ton disque honteux ?

Martin Mey : Voir ma réponse à la quatrième question…

Martin Mey - Taking Off

Pouet? Tsoin. Évidemment.

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