L’interview musicale : Sébastien Le Guen

Le communiqué de presse nous annonce ceci : Sébastien Le Guen, lauréat de la Villa Médicis en 2004, nous présente sa vision de "l’Homme", l’homme face à un monde visuellement « asphyxié » par l’idée de la perfection, une esthétique du collage et du fragment, des visages et des corps stéréotypés, moins pour mettre en scène le spectacle de cette « violence visuelle » ou un esprit de révolte que pour donner naissance à une nouvelle forme de beauté : une beauté étrange, trouble, qui tend vers « la beauté convulsive » telle que la définissait André Breton dans L’Amour fou.


Et bien nous répondrons que Sébastien Le Guen aurait dû croiser le chemin des Thrills pour leur concocter une pochette… qui ressemblerait à Chill.
Le Guen s’inspire du métro et de la ville. Ses différents tableaux sont autant de pochettes de disque possibles.

2015-05-sebastien-le-guen
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Chill de la série DRIP ferait une excellente pochette de disque. A quel artiste la proposerais-tu ?

Sébastien Le Guen : Herbie Hancock à cause de son inventivité et des ponts qu’il a su créer entre le jazz et le funk.

DRIP se rapproche du mouvement Dada (en partie). Quels mouvements musicaux t’ont séduit ?

Sébastien Le Guen : Forcément le Jazz si on parle de Dadaïsme puis le Funk, le R’n B’ et la Soul.

Tu as résidé aux États-Unis et en France. Est-ce que tu as découvert de nouveaux groupes grâce à ce séjour américain ?

Sébastien Le Guen : Pas mal de nouvelles choses en matière musicale et surtout dans le domaine du rap US.

Quelle chanson a marqué ton séjour américain ?

Sébastien Le Guen : The Pharcyde d’abord dans les années 90 quand j’y suis allé pour la première fois. Puis quand j’y ai résidé Gucci Mane car ce morceau correspond à des moments où j’ai changé d’univers à New York. Il correspond aussi à mes différents déplacements dans les différents quartiers qui ont changé ma perception de cette ville.

DRIP se base en partie sur la technique du collage. Tu es comme le Roxy Music de Bryan Ferry. Vive le collage, la mise en plis de son et « peu importe » la mélodie ?

Sébastien Le Guen : « Peu importe » n’est pas un mot que j’emploie souvent en parlant de ma peinture, je lui préfère les mots « accident » et « hasard » qui sont des composantes qui entrent en ligne de mire quant j’amorce le début d’un tableau, dans la spontanéité et l’esprit DADA bien qu’il y ait une forme assez subtile de concept dans mes toiles lorsque j’utilise les « silhouettes » qui font le lien entre toutes mes séries, ce concept est une certaine idée de l’érotisme dans le « paysage humain » pour reprendre le titre d’une de mes dernière expositions personnelles à Paris.

Quels morceaux peut-on trouver dans le lecteur mp3 de Sébastien Le Guen ?

Sébastien Le Guen : Cela va du Funk contemporain jusqu’aux Funk plus classique des années 80 comme Chic en passant par la variété française, des classiques US et des perles moins connues comme Jon Lajoie qui m’a bien fait rire quant je l’ai découverte, de la disco emblématique des années 70 comme Funky Town de Dona summer mais aussi sa version contemporaine mais tout autant funky de Jean Luc Verna et les Dum Dum Boys mais aussi des extraits d’une série musicale qui passait sur HBO aux Etats-Unis qui s’appelle Flight of the Conchords avec sa chanson Fou du FaFa, ainsi que des B.O de films ou des extraits parlés US ou français d’écrivains ou de scènes cinématographiques cultes.

Quelles pochettes de disques t’ont le plus séduit ?

Sébastien Le Guen : Parliament, Bootsy Collins, mais aussi la simplicité d’Étienne de Crécy pour Super Discount qui fait un clin d’œil a une œuvre d’un artiste que j’aime beaucoup « Gilles Mahé » (Prix choc).

Étienne de Crécy - Super Discount
Étienne de Crécy – Super Discount

Tu travailles en musique ?

Sébastien Le Guen : Oui je travaille le plus souvent en musique.

Quel artiste t’a mis ta première claque musicale ?

Sébastien Le Guen : Il y a eu plusieurs artistes qui m’ont mis une claque, il y a eu IAM avec son premier album avant que j’entre à la Villa Arson et puis Gucci Mane plus tard car il a tout révolutionné dans le domaine du RAP US, il y a aussi eu Rodolphe Burger dans les français que j’ai découvert il y a une quinzaine d’années et qui m’a fait découvrir qu’il n’y avait pas que Gainsbourg.

Rodolphe Burger – Avec toi

Sur « Hair », on croit entrevoir Franck Zappa. Je me trompe complétement ou bien ??

Sébastien Le Guen : Oui, dans la toile Hair qui est fragmentée on peut apercevoir nettement Franck Zappa.

Tu casses, tu décomposes les images, tu arraches… Tu gères comment le fait d’exposer, d’avoir un agent, d’être dans un système ?

Sébastien Le Guen : Je ne suis pas à proprement parler dans un système , plutôt dans un microcosme , entre galeries, mécènes, collectionneurs, artistes et bien d’autres… Le fait d’avoir un agent est un plus pour moi car je suis conscient du fait qu’il y a un certain nombre de choses que je ne sais pas faire. Un agent saura les faire mieux que moi. Quoique l’on fasse nous sommes tous tributaires d’un « système ». Peu importe à quelle échelle…

TOP 10

Ton disque préféré de 2014 ?

Sébastien Le Guen : Discovery des Daft Punk.

Daft Punk – Instant Crush ft. Julian Casablancas

Le disque de 2015 que tu attends le plus ?

Sébastien Le Guen : …

Un peintre qui devrait se mettre à la musique ?

Sébastien Le Guen : C’est un artiste un peu touche à tout : Franz West car sa musique pourrait donner quelque chose se rapprochant du mouvement « punk » tel que je l’imagine.

Un musicien qui devrait se mettre à la peinture ?

Sébastien Le Guen : Sid Vicious car il serait capable de toutes les excentricités, de toutes les expériences et de toutes les transgressions.

Si tu étais une bande originale de film ?

Sébastien Le Guen : Il était une fois en Amérique pour rester aux Etats-Unis ou toutes les B.O des films de Sergio Leone en duo avec Ennio Morricone.

Si tu pouvais créer un festival… Quel nom ? Qui invites tu ?

Sébastien Le Guen : Je créerais un festival nommé Bad painting festival dont les invités seraient tous les acteurs d’un mouvement qui se définirait comme néo punk avec des artistes de tout horizons mais par exemple Jean Luc Verna, Albert Oehlen et son frère, tout les artistes qui se sentent proche d’un des derniers punks de l’art contemporain : Martin Kippenberger qui nous a malheureusement quitté prématurément, ainsi que des artistes poètes comme Philippe Ramette qui développe une recherche artistique très poétique et Dadaïste dans un certain sens, Stéphane Steiner, un artiste niçois que j’ai toujours respecté pour ses délires créatifs et géniaux, pour rester dans l’esprit punk j’inviterai aussi bien sur l’artiste « Fighter » et « Starkiller » Philippe Perrin.

L’artiste qui servirait de fond musical à ton exposition ?

Sébastien Le Guen : Dans l’absolu et dans l’idée les Clash.
Ceci est un petit clin d’œil et un hommage à mon ami et artiste Philippe Perrin.

Paris ou New York ?

Sébastien Le Guen : Paris et pour une raison très basique qui est : la proximité du métro parisien dans lequel je vais chercher une partie de ma matière première pour mes créations. Et aussi pour une certaine qualité de vie. Pour l’atmosphère et l’esprit je prends New York.
Je suis donc très partagé!!

Le musicien pour qui tu rêves de faire une pochette ?

Sébastien Le Guen : Georges Clinton le parrain du P Funk et le dernier grand après James Brown.

Ton disque honteux ?

Sébastien Le Guen : Mon disque honteux serait un 45 tours. Un titre, une chanson qui est dans ma playlist de Claude François : Les Magnolias car ce titre me rappelle terriblement ce film formidable et sombre tourné par Alain Cornaud dans lequel Patrick Dewaere joue et qui se nomme Série Noire. C’est un de mes films de chevet.

Le vernissage de l’exposition BASIC de Sébastien Le Guen se déroulera le vendredi 29 mai à la Popartiserie (Strasbourg).
L’exposition, en partenariat avec l’ARISTOI Gallerie se déroulera du 29 mai au 02 juin 2015.

Pouet? Tsoin. Évidemment.

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