Djen Ka, la musique dans la peau

Depuis 2012, Djen Ka a ouvert pour une kyrielle d'artistes (Julien Doré, Gaël Faye ou encore Mesparrow, etc.) et a joué dans toute la France et à l'étranger (Turquie, Liban, Jordanie, etc.). Il a pris le temps de poser ses valises pour enregistrer un EP élégant et structurant.


Oui, car avec Djen Ka, rien n’est laissé au hasard. Les compositions, le clip. Tout est savamment réfléchi et tout a son utilité. Et on comprend mieux pourquoi la bande originale de la trilogie de Jason Bourne est sa bande originale de film préférée. Avec ses cordes et son tempo, un morceau comme Ils se mélangent vous traque. Une course-poursuite auditive s’engage. Et il vous attrapera quoique vous fassiez. Aidé par Simon Guyomar et par Loïc Loew, Djen Ka a la musique dans la peau. Comme un certain Jason Bourne avec sa mémoire.

Ton clip va être publié dans quelques heures. Comment te sens-tu ?

Djen Ka : C’est assez banal, j’imagine, mais j’oscille entre un mélange de satisfaction et d’excitation, altéré par une fébrilité sous jacente. Probablement parce que j’y ai mis beaucoup de moi-même…. En effet, certains de mes titres naissent directement avec une idée de scénario et d’images. C’était clairement le cas de « Ils se mélangent ».
Mais, quand tu as un tout petit budget, parvenir à tourner un clip ambitieux est un véritable challenge et demande de s’engager dans des domaines qui sont très éloignés de la pure création (organisation, financement, etc).
Mon pote Simon Guyomard (le réalisateur) a totalement joué le jeu et s’est beaucoup investi dans cette aventure qui met en scène une dizaine de danseurs (et un faucon pèlerin) en autre. Même si j’ai le sentiment que nous avons atteint notre objectif de départ (d’où l’excitation), le mystère reste entier quant à la réception de tout ce travail par le public … (d’où la fébrilité) J’espère sincèrement qu’il sera bien reçu.

Djen Ka – Ils se mélangent

Comment doit-on comprendre le titre de ton nouvel EP Ils se mélangent ?

En fait, le texte du morceau est très simple en apparence, mais le sens profond est assez fort, et délivré de manière subtile. Ils se mélangent, c’est une sorte d’allégorie des puissants qui manipulent les masses en les avilissant : « Ils se mélangent, imperceptibles, au vide de nos existence » En effet, j’ai tendance à croire que, plus les gens passent du temps devant la télévision, les réseaux, plus ils sont à même d’être formatés (pub, émissions de divertissement, télé réalité, etc) Nous avons donc mis ce titre en image en évoquant le positionnement de personnages qui vont plutôt dans le sens inverse. Ainsi, dans le premier couplet, les danseurs principaux sont traversés par une force mystique, symbolisée par le faucon (animal totem pour les amérindiens, c’est aussi Horus dans la mythologie égyptienne) On passe de personnages très propres sur eux, très « dans le moule », à des personnages qui, en une fraction de seconde, ont un déclic puissant. Ils laissent surgir leur part animale, sauvage et reprennent le contrôle de leur vie en lien avec leurs aspirations profondes … Chaque grande région du monde est représentée par la couleur de peau des danseurs = Amérique du sud, Europe et Amérique du nord, Afrique, Asie… Et la danse devant le feu fait référence aux amérindiens, aux chants et aux danses rituelles qu’ils exécutaient avant le départ à la guerre = « dessiner les corps et les haches qu’on déterre » (déterrer la hache de guerre)

Donc voilà, ça n’a l’air de rien, comme ça, mais ça raconte pas mal de choses, finalement …

Quel rapport entretiens-tu avec le violoncelle ?

J’ai un tempérament assez doux, sensuel et lyrique. Mais une grande part de moi-même est aussi très guerrière et épique. J’aime quand ça cogne, quand ça racle, quand on ressent la matière à travers le son… j’utilise donc beaucoup de facettes de l’instrument pour exprimer des sentiments et des émotions variées. Par ailleurs, étant également arrangeur, je me sers de cet instrument pour réaliser des orchestrations des cordes. Ça me permet d’avoir un petit orchestre à moi tout seul à la maison… Trop bien !

La production et les arrangements de ton EP sont signés Loïc Loew. Comment vous êtes-vous rencontrés ? Comment avez-vous travaillé ensemble ?

A la base, il devait juste m’aider à déménager… (pour de vrai) Mais il se trouve que Loïc est aussi (et surtout) un excellent guitariste, doublé d’un ingé son talentueux, triplé d’un très bon producteur.Je l’avais donc sollicité pour sonoriser un live. Quand il a entendu mes prod, il m’a proposé d’amélioré un ou deux morceaux. Les propositions étaient tellement convaincantes que je lui ai proposé de m’aider à produire l’EP !
J’ai donc écrit les morceaux (textes et musique) et pré-produit l’ensemble des titres. Il s’est appuyé sur ces bases pour donner aux morceaux leur couleur actuelle.
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La pochette de ton EP est une photographie de toi de profil… avec des paillettes d’or. Pourquoi ?

Mon nom d’artiste est emprunté à l’Egypte ancienne. Djen est une divinité égyptienne et le Ka est l’ensemble des énergies qui traversent les êtres vivants (en résumé, c’est un peu l’équivalent de l’âme).
L’association de ces deux noms est un pur hasard, mais on peut y voir un écho particulier avec cette période très spéciale de l’Egypte des pharaons. L’utilisation de la feuille d’or rappelle donc cette période pharaonique, très soignée, esthétique, intensément graphique.
Avec Gilles de Bagneaux, le photographe, nous avons cherché quelque chose d’élégant, de posé, d’introspectif, et de légèrement rétro-futuriste (la référence à Moebius n’est pas directe, mais elle fait partie de notre réflexion de base)…
Par ailleurs, l’idée d’emprunter à l’Egypte antique me permet aussi d’aller chercher du côté animal (tous les dieux et déesses sont représentés avec un corps d’homme ou de femme et des têtes d’animaux.
Cette notion animale, à laquelle je suis assez attachée (nous avons tous une part animale en nous) est également présente chez les amérindiens, notamment à travers la recherche de l’animal totem comme un guide, une extension de soi. (d’où l’idée de la danse devant le feu… la boucle est bouclée).

Top 5 Djen Ka

  1. Ton disque préféré de 2019 (pour le moment) ?
  2. Unfurl de RY X

  3. Le disque que tu attends le plus ?
  4. S3NS de Ibrahim Maalouf et le prochain album de Yebba

  5. Ta bande originale de film préférée ?
  6. Celle de Jason Bourne.

  7. Le meilleur endroit sur terre pour faire un concert ?
  8. J’imagine une énorme clairière, un genre de cathédrale naturelle qui pourrait accueillir plusieurs milliers de personnes… Ça existe en vrai, ça ?

  9. Le meilleur endroit sur terre pour voir un concert ?
  10. Bah… le même endroit, du coup;..

Ils se mélangent de Djen Ka sera disponible sur toutes les plateformes à compter du 08/11/19.

Tracklist : Djen Ka - Ils se mélangent
  1. A l'Aube
  2. Cent ans d'espoir
  3. Katedral
  4. Ils se mélangent (intro)
  5. Ils se mélangent
  6. Jour de cendres
  7. Quand tu pleures

Pouet? Tsoin. Évidemment.
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