Ork en cinq questions
Votre souvenir de concert ?
La Gare Jazz à Paris. C’est un endroit en friche, un hall de gare, une scène faite à la sueur, une sono pas énorme, une acoustique bien résonnante lorsque la salle est vide, car grande et carrelée. Des balances étranges car nous jouons rarement devant la sono. Nous revenons de manger, les gens qui commencent à arriver remplissent bien l’espace de leurs paroles. Puis de plus en plus de gens, de plus en plus de sons, le maître des lieux monte sur scène, un peu gourou comme ça, et après une longue tirade sur le silence, leur demande texto de fermer leurs gueules pendant que ça joue !
400 personnes, deux soirs de suite, qui dansent sans piper mot. Le contraste avec le feu en fin de titre.
Un beau souvenir qui fait écho à un concert à Bamberg en Allemagne, le mois dernier. Le sub était sous la scène et les basses si puissantes que nos instruments vibraient littéralement, nous nous sommes laissés emporter par la magie du moment et avons improvisé des plages de transes bien plus longues que d’habitude, c’était là aussi un moment exceptionnel !
Votre rencontre marquante ?
Nous avons rencontré le groupe Grandbrothers au festival de Jazz à Montreux l’an dernier, ce fut une belle claque musicale ; leur dispositif scénique et leurs compositions envoûtantes nous ont bien accrochés.
S’en est suivi l’anniversaire de Quincy Jones dans le bar VIP du festival, juste derrière la scène, qu’avec des gens qui avaient l’air super connus mais qu’on ne connaissait pas (rires).
Ork – Fable
Votre anecdote dans le van ?
Première tournée Ork, dans l’ouest de la France, en camping-car. Tournée montée sans l’aide de personne bien sûr, dans des clubs ou tous petits lieux. Tout est vérifié quarante fois jusqu’au moindre câble. L’itinéraire, les dates, les hébergements, mais la sensation d’oublier quelque chose, comme d’habitude. Le chargement du camping-car avec le vibraphone qui voyage sur la couchette ou qui descend à la cuisine au besoin, les câbles qui se battent en vrac dans des sacs (nous n’avions pas encore de jolis flight case pour tout ranger comme il se doit), les playlists qui s’enchaînent pendant les 450 premiers kilomètres.
Et là, c’est le drame.
Sam : « tu sais ce qu’on a oublié ? »
Olivier : (voix blanche) « non ? »
Sam : (mort de rire) « la sono ! »
Trouver une sono d’urgence en Bretagne, qui n’a jamais servi ! …car le club dans lequel nous devions jouer avait… oublié de noter la date ! À cela s’adjoint le souvenir du retour en camion de notre premier concert, nous étions tellement euphoriques que nous avons réussi à nous perdre dans un champ de maïs… Anecdote qui ressort aujourd’hui que nous nous étions promis de garder pour nous !
Votre nouvel album Electric Reveries en quelques mots ?
C’est un tout autre objet que notre premier album, Orknest. Ici, nous avons rassemblé, synthétisé nos idées. Tout y est plus homogène, cohérent, fluide. Les titres du set précédent étaient très hétéroclites, individuels ; ils ont fait place à un ensemble de titres qui a repris cette variété de propositions en l’amalgamant dans une seule pâte. Quand le précédent disque avait une chanson pop, une jazzy-bizarre, une onirique, Electric Reveries emmène un peu tout, un peu partout.
Electric Reveries est électrique, onirique, chimique, brumeux ou cinglant, dans un espace temps parfois distordu.
Votre prochain rêve ?
Un freak orkestra, ou alors un feat avec Björk ou Radiohead. Donc même si rien n’est jamais exclu, a priori un freak orkestra. Un orchestre de timbres inouïs, inespérés, constitué de machines transhumanistes et d’instruments transacoustiques, Le public immergé dans toute cette machine-masse, sonore et pulsée.
Ork – Plane
En écoute avec Ork :
- Steve Reich – Double sextet
Steve Reich nous porte dans des sphères minimales et oniriques. Il développe la matière, l’exploite et la recycle jusqu’à épuisement et satisfaction. Un peu comme ce qu’on aurait dû faire avec notre planète… - Grandbrothers – Bloodflow
Là on est en plein dans le rêve, dans la suite de Steve Reich, dans l’hybridation entre l’homme et la machine. - The Beatles – Strawberry fields forever
Une racine, la première utilisation marquante du mellotron, un voyage insensé mais tellement coloré. - Moriarty – Jimmy
Quelle poésie, quelle voix, quel univers, tellement simple, humble et nostalgique ! - Elis Régina et Tom Jobim – Agua de Março
Pour la complicité de leur duo. Parce qu’ils sont tellement mignons… - Aphex Twin – Come to Dadd
Pour son côté bad trip, sombre, chimique et décalé. - Magnetic Ensemble – Dancing Alone
Leur transe subtile, leurs collaborations de choix, leurs innovations dans le détournement des instruments à percussions. - Radiohead – Paranoid Android
Pour la clarté des arrangements malgré leur complexité, la poésie des timbres, l’efficacité des ligne mélodiques. - Pink Floyds – Echoes
Une de nos principales influences, pour le trip aquatique à 12 minutes dans lequel nous imaginons un chant d’orques. - Gong – Crosscurrents
Le premier titre que nous avons joué ensemble, et que nous continuons à jouer avec d’autres morceaux du même compositeur, dans un projet parallèle hommage à Pierre Moerlen.
Electric Reveries d’Ork vient de sortir avec Inouïe Distribution.
Plus d’informations sur la page facebook d’Ork.
Ork - Electric Reveries
- Plane
- Anytime
- Dinner For One
- Electricity (Asakusa Electric Bath)
- Plume
- This Day
- Integrate
- Fable
- Eye On
- La Valse Des Grands Enfants