5 questions à … Raoul Tellier

SK* a demandé à une vingtaine (et plus) d'artistes appréciés par les membres de l'équipe de répondre à cinq questions très simples et de commenter leurs morceaux du moment, nouveaux ou anciens. Voilà le tour de Raoul Tellier de La Maison Tellier de se prêter au jeu avec passion.

Raoul Tellier en cinq questions :

Ton souvenir de concert ?

Toutes tournées confondues, je dirais notre week-end à Vladivostok, c’est d’une part l’endroit le plus éloigné de chez nous où nous ayons joué, et un souvenir impérissable. On partagé 48h de folie dans une ville hors norme, rencontré plein de gens, visité le terminus de l’Orient Express, un sous marin, mangé des huîtres géantes, bu de la vodka, de la vodka et encore de la vodka … Et en ce qui concerne la tournée « Avalanche », on peut citer notre passage aux Nuits de Fourvière, l’été dernier. Ce soir là le théâtre antique était plein à craquer, nous jouions avant Louise Attaque, ils nous ont même invités sur scène pendant leur set pour jouer notre chanson Sur un Volcan, qu’ils reprennent parfois depuis le début de leur tournée. Un sacré grand honneur, un sacré grand frisson.

Discographie

Ta rencontre en tournée ?

Il y en a beaucoup. Je pense entre autres aux musiciens et chanteurs de Haute Saône avec qui nous avons joué plusieurs fois cette année (nous rejouons d’ailleurs avec eux dans quelques semaines à Besançon, ça va être chouette). Travailler avec ces gens m’a rappelé l’excitation des premières répétitions avec les copains, quand j’étais ado, le mercredi après midi ou le week-end, et puis les premiers très rares concerts, au fond d’un bar ou sur une scène municipale, pour nos proches, famille, amis. Aujourd’hui, nous sommes des « musiciens professionnels », on joue parfois presque tous les jours de la semaine, ça n’a plus rien d’exceptionnel de monter sur une scène, par contre, c’est devenu hyper agréable, plaisant, une autre forme de plaisir.

Et puis il y a aussi cette fois où nous avons joué avec les détenus musiciens du quartier des longues peines, dans la prison de Val de Reuil. Une rencontre unique et très forte, surtout au moment de repartir, tu dis au revoir à des gens qui eux, resteront là encore pas mal de temps, ça ne veut plus rien dire « au revoir », dans ce contexte… Et pour autant, tu as discuté avec ces types comme avec n’importe quel musicien croisé sur la route, tu as échangé des plans de gratte, tu as jammé sur un vieux titre de Led Zep ou de Clapton…

Ton anecdote dans le van ?

Pour la tournée « Avalanche », on a trouvé une sorte de routine assez studieuse et confortable, mais pas vraiment sex, drugs and rock’n’roll. Enfin, on ne s’ennuie pas, loin s’en faut, on ne se couche pas avec les poules, mais on ne ravage pas les chambres d’hôtel non plus ! On vit pas mal de trucs cools, mais qui ne sont pas hyper intéressants à raconter…

Ah si, quand même, il y a cette fois où Mickael Kael et le ministre de la culture du Groland nous ont remis un Gland d’Or sur scène. C’était, disons le pudiquement, assez anarchique, comme soirée. On est aussi devenu pas mal fort en ping pong tout terrain, il faut bien occuper toutes ces heures avant et après les balances…

Ces derniers temps, on nous loge souvent dans des lieux très très beaux, des gîtes un peu insolites, comme ce château médiéval à côté d’Annecy. Tu te retrouves le matin à déjeuner dans la grande salle de banquet, à côté d’une armure complète et sous des hallebardes accrochées au mur. Ou bien comme ce manoir magnifique dans le sud des Charentes, perdu dans une immense forêt, où la propriétaire élève des lamas et nous présente les derniers nés, le lendemain du concert.

Cet été, nous avons aussi beaucoup tourné en famille, avec femmes et enfants, c’était plutôt sympa de partager ces moments avec nos proches, comme cette date sur l’île de Ré, en plein mois d’août, qui ressemblait plus à une sortie colo qu’à un concert, avec baignade après les balances, cerf volant et balade sur la plage. Ce jour là, il faisait tellement chaud que j’ai commencé à avoir des crampes en plein concert. J’ai failli rester bloqué sur un Cm pendant Sur un Volcan , une sensation assez étrange, tes doigts ne t’obéissent plus !

Votre prochain album ?

Il est encore un peu tôt pour parler de prochain album, même si nous avons repris il y a quelques semaines l’écriture de nouvelles chansons. J’ai passé les derniers mois à beaucoup composer, à engranger des bouts de chansons ou d’instrumentaux, je continue tant que ça vient, on ne sait pas quand ça s’arrête, l’inspiration ! On verra bien ce qu’il ressortira de tout ça…

Par contre, nous préparons une date parisienne un peu spéciale, au 104, le 2 février 2017. On aura
quelques invités sur scène, dont certains (Emily Loizeau, Alma Forrer) sont venus enregistrer avec nous récemment quelques chansons en vue de la sortie d’un vinyle, prévu pour l’année prochaine.

Ton prochain rêve ?

On a pas mal de projets en route, plus ou moins avancés, entre autres un projet de BO pour le
cinéma, que j’aimerais beaucoup voir aboutir… On verra.
Continuer et développer les collaborations, aussi, ça nous tient pas mal à cœur. Ça ne se pratique pas tant que ça en France, en plus. Il y a plein de super musiciens ici, c’est dommage de ne pas en profiter !
Et puis, bien sûr, un sixième album studio pour La Maison Tellier, qui nous ferait passer à l’étape supérieur, ce serait parfait.

En écoute avec Raoul Tellier

Raoul Tellier - fait sa playlist

  1. Kevin MorbySinging Saw

    Régulièrement les États Unis nous livrent un petit génie indé, vaguement folk, vaguement rock, vaguement pop, vaguement branleur, résolument surdoué. Kevin Morby est le dernier en date, un vent de fraîcheur bienvenu. Un type capable d’écrire des chansons que tu as déjà entendues 100 fois mais qui semblent pourtant absolument originales. Dans le genre, I’ve been to the mountain et Dorothy sont imparables.

  2. Bill FrisellAll we are saying

    Un album de reprises instrumentales de chansons de Lennon, par un des guitaristes « de jazz » (pour ce que ça veut dire aujourd’hui, c’est à dire pas grand chose) les plus atypiques et les plus géniaux qui soit. De la vraie musique improvisée, sans esbroufe ni débauche de solo imbuvable. Et des belles mélodies, bien sûr. Ça fait du bien d’entendre des musiciens accomplis jouer des choses simples. On peut trouver sur le net la vidéo d’un concert du quartet dans le cadre du festival « Jazz à La Villette », les mecs s’écoutent vraiment et dialoguent pendant une heure, c’est très beau.
    Pourtant, il a été pas mal critiqué pour ce disque, façon « ça y est, il fait de la musique d’ascenseur, c’est plat, blablabla ». Comme si il fallait absolument que la musique improvisée soit compliquée, élitiste, pour être fréquentable. C’est complètement idiot et stérile, cette façon de voir les choses.

  3. Bill Frisell - All we are saying

  4. Chris ThileBach : Sonatas and Partitas Vol.1

    Chris Thile, c’est le plus grand choc musical, voire artistique, de ma vie, à ce jour. Un touche à tout génial, virtuose, et prolifique, capable de passer du bluegrass le plus redneck à Debussy (ou Bach, donc) en passant par Radiohead et les Beatles, avec une justesse égale, quel que soit le répertoire. Son travail avec Punch Brothers est en particulier admirable, malheureusement trop peu connu chez nous, allez savoir pourquoi…
    Sur cet album, Chris Thile interprète à la mandoline quelques œuvres de Bach, dont une de mes favorites, la partita en Bm pour violon. Une merveille, un chef d’œuvre absolu, bref, vous avez compris, j’arrête les superlatifs.

  5. Chris Thile - Bach : Sonatas and Partitas Vol.1

  6. Bon Iver22, A million

    je ne sais pas encore si j’aime cet album autant que les précédents (enfin je crois que si, mais bon), en tout cas ce qui est sûr, c’est qu’il m’interpelle beaucoup. Il est très personnel, voire impudique, c’est un peu comme si on entendait le mec craquer à chaque chanson. Ce disque ressemble à un chemin de croix, il faut souffrir pour arriver au bout, mais la récompense est à la hauteur des efforts consentis…
    Les partis pris de production sont très audacieux et déroutants, loin de toutes chapelles musicales, et ça, rien que ça, ça fait super du bien. Un grand coup de pied dans la fourmilière, ce n’est pas pour me déplaire.

  7. Bon Iver - 22, A million

  8. Louis Jean Cormier – ses 2 albums solos, Le 13ème étage et Les Grandes Artères

    J’étais déjà très fan de Karkwa (et d’ailleurs ravi d’apprendre qu’ils reprennent du service), du
    coup pas mal curieux d’écouter son travail en solo. C’est plus pop, peut être plus proche d’une certaine variété (enfin, à la canadienne, hein, n’ayez pas peur), mais toujours aussi efficace et mélodique.
    Je suis très admiratif des gens capables de mêler avec intelligence textes francophones et musiques rocks, au sens large. Pour Louis Jean Cormier, ça semble tellement facile, c’est intimidant, pour un mec comme moi qui écrit des petites chansons. En plus c’est un guitariste très malin, ses compositions sont consistantes, d’un point de vue instrumental, c’est pas juste Lam Fa Do Sol en boucle…

Louis Jean Cormier - Les Grandes Artères

A voir et revoir, ici, notre SK* session avec La Maison Tellier.

La Maison Tellier en concert.
DateLieuTickets
30
Avr
2024

LA SIRENE - Espace Musiques Actuelles

La Rochelle (FR)
TICKETS

Dates de concerts fournies par Bandsintown

Lyonnais qui revendique sa mauvaise foi car comme le dit Baudelaire, "Pour être juste, la critique doit être partiale, passionnée, politique...", Davantage Grincheux que Prof si j'étais un des sept nains, j'aime avant tout la sincérité dans n''importe quel genre musical...

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