Fishbach – Comme une turbulence

C'est drôle les cœurs d'enfant. Ça parle à tout, même quand ça n'en dit rien. Ça a des airs de tir sans sommation, de gros temps, comme de parfum d'innocence. Ça a des airs de goûter, de crêpes au sucre, ou de biscuits à la fraise. Il y a de ça chez Fishbach. Dans ses chansons, beaucoup. Et puis partout. C'est comme ça. C'est toujours un peu comme ça les cœurs d'enfant, ça ne se lasse jamais d'être trop grand.

Fishbach, ça a toujours su être ça, de toute façon. Sans le savoir d’ailleurs, sans le vouloir non plus. Fishbach, c’est. Et c’est tout. Alors forcément, c’est beaucoup de choses. Et quand A ta merci dévoilait dans un raffinement les remous d’une indépendance, on découvrait d’un coup une écorchure aux teintes obscures, sépulcrales ou un peu, mais jamais désespérante. Parce que Fishbach c’est sauvage, farouche, téméraire, presque carnassier. C’est amoureux. Le curseur poussé à fond, et le cœur en première ligne. Ça n’a pas peur de basculer. Pas peur d’être triste, et encore moins d’être léger.

On pourrait y voir des territoires sombres ou angoissants, des rivages nocturnes mystérieux, mais baignés de clairs de lune, et surpris par des aurores. Les contours étranges ouvrent sur tout, et permettent tous les refuges. C’est un surréalisme raccroché aux petites choses. Celles qui nous ont fait, et qui nous font, bulles de Malabar et Mister Freeze, au milieu des coups de tête, des mots doux et des frissons que l’on ne regrettera jamais.

Discographie

Il y en aurait encore des cœurs d’enfant, quand Avec les yeux dessine le portrait d’une femme, habitée, secouée de toutes ses nuances. Quand ça se joue de la joie, autant que des drames, criards et sexy, quand ça fonce tête baissée dans les impasses, et que ça en ressort par une trappe, trouvée on ne sait où, au milieu de la fumée, des souvenirs mordants et des présents flous. Avec les yeux, ça se fait plaisir dans les angles, ça se roule des galoches ou des mécaniques. Ça se fait du bien, entre deux chagrins.

C’est le tracé d’une enluminure, la découpe d’une gargouille, et son romantisme fleure cette fois presque la fable gothique, quelques fois même la chanson de geste mystique ou l’errance chevaleresque. C’est une guerrière nue sur du velours, avec l’odeur du cuir ou le reflet du métal, et le vent qui ferait claquer ses oriflammes de soie. C’est une cathédrale singulière, élégante ou bizarre, à la géométrie tranchante d’un jeu d’arcade, bleue électrique, noire, et verte flashy. Et dont les pinacles émergent de sons lourds souvent, aigus et saturés. Et puis, comme à chaque fois avec Fishbach, tout diffère. Tout devient une fuite désarmée, remplie de candeur. Rien ne se limite, tout ose.

C’est certain, ça prend de court. Loin de ces musiques figées, cernées, vissées au bitume, ces trucs niais ou pédants, bien proportionnés, parfaitement apprêtés. Sans éclaboussures. Ces trucs franchement mauvais, ou pire : juste beaux, presque polis. Et le beau, qu’est-ce que c’est triste, souvent, quand c’est ordonné. Alors que ça doit surprendre, et vous vriller le ventre. Le beau, ça doit être une adolescence. Le beau, c’est encore plus beau quand c’est une turbulence. C’est pour ça que Fishbach, ce ne sera jamais ennuyeux. Car quelle que soit la forme de l’imaginaire ou l’élégance de la poésie, ça parlera toujours de pieds dans les flaques, de soirs à l’arrache, et de tendresse qui tremble. De tout ça qui s’en va, et que l’on aimerait retenir, en sachant bien pourquoi… Ça parlera toujours de chahut, de pile ou face sur la tranche. Ça parlera toujours d’un éclat de rire, ou d’un éclat de vie. D’un j’m’en fous aux allures de je t’aime.

Ça pourrait être le prolongement d’un itinéraire, que ça serait à chaque fois juste un détour. Avant le suivant. Un excès peut-être, l’excitation et la tendresse, l’émerveillement et la maladresse, une violence… Mais belle. Ça en dirait sur les méchants, ça en dirait même encore plus sur les gentils. Il y a tout, en un peu caché, ou même pas. Ce sont des envies, et puis des premières fois. Un refrain d’enfance. Et puis le reste, et puis le reste…

Si vous saviez, Flora…

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