AbEL K1 – AbEL K1

AbEL K1 dessine des trajectoires. Il en a dessiné beaucoup, à l'écart, pour celles qui les chantent, ou les tracent avec lui. De Pomme à Blondino. Et elles sont à chaque fois ciselées, tendues, presque émaciées. Sans déséquilibre. Des chevauchées sensibles, vers des endroits non bornés, qui pourraient tout aussi bien en être d'autres. Mais cette fois, la piste se fait seule, la trajectoire est solitaire, dans un album sans nom qui est enfin le sien.

Et ça n’a rien d’un hymne à la joie, ou d’une farce pop. Huit titres, pas plus. Qui filent. Ou qui découpent. Traversant la nasse, comme un couteau dans un gâteau trop mou. Car c’est bien de ça qu’il s’agit, d’un implacable sillon, au milieu des louvoiements, des accommodations paresseuses d’une grosse masse déconfite, dans un vague monde défait, que plus rien ne retient, à part l’apathie. Une trace linéaire, imperméable aux mouvements de fond, aux grandes marées, aux paniques écervelées, aux épidémies fiévreuses ; à ces grandes vagues qui ne naissent et qui ne meurent toujours qu’avec le vent.

AbEL K1 – Des nouvelles de moi

Ça sent la nuit, la ville et les trottoirs froids, les étendues abandonnées ; ça sent le cœur bouffi et les âmes vides. L’incompréhension et l’asile. Il y a comme des odeurs, ou des envies d’abattoir. Pourtant ici aucun nihilisme facile dans lequel se complaire. Juste une écriture rock, sèche, hâve, et des teintes autant allumées que livides. Alors le désir, peut-être ? Au moins ? Le désir, oui, il percera, parce qu’il perce toujours ; hargneux, braque, presque brutal, sans laisser le choix. Un désir irréfléchi, non déconstruit. Pas de question, pas de oui, pas de non. Un désir qui se dresse et qui prend, qui possède et qui plante. Et qui mènera à bout, au bout des passions, à celles qui font vivre et puis qui tordent, qui vrillent et qui laissent démuni.

Et si AbEL K1 parle de ces choses et de ces jours froids, c’est pour parler encore mieux de ce dont il ne parle pas. De la beauté d’un corps ou d’un sourire croisé, que l’on aura aimé, un jour, que l’on aura connu. Et quand enfin resteront les marées plus basses, moins houleuses, moins bruyantes, quand ce vain coulis se sera retiré, on cherchera à contempler, à chercher ce qu’il reste. Presque rien. Nos solitudes. Avec aucun autre choix, dès lors, que de chérir des souvenirs.

À nos ivresses…

AbEL K1 – Tempérance

AbEL K1 – Prélude (à la folie)

AbEL K1 - Abel K1
AbEL K1 - Abel K1
  1. Des nouvelles de moi
  2. Matière sentimentale
  3. Désir love
  4. L'oiseau de nuit
  5. Tempérance
  6. Prélude - À la folie
  7. Ma soumission
  8. Ton reflet

AbEL K1 – AbEL K1
8/10

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