Aux sources du Neil

Neil Hannon
Le leipreachán Neil Hannon, chef de la fanfare Divine Comedy était de passage pour une soirée intime en solo, premier concert des Nuits de Fourvière 2012.

The Divine Comedy

On le savait francophile, (il a chanté avec Valérie Lemercier, travaillé avec Charlotte Gainsbourg, Air, Vincent Delerm ou encore Yann Tiersen), on se doutait qu’il se plairait au théâtre antique réputé pour son catering. On était juste déçu de le voir seul sur scène, totalement nu (enfin pas tout à fait, en costume cravate de salesman avec un piano et une guitare) alors que toute son oeuvre possède de luxuriants arrangements. Bien sûr cette configuration évite quelques désagréments comme par exemple un batteur récalcitrant à la Stone Roses. Et au final, Neil Hannon nous a fait voyagé dans sa riche discographie dans l’écrin magique de l’Odéon (ils étaient fous ces romains mais surtout mélomanes), pour la première vraie soirée de l’été, un ciel azur, une brise légère, le temps suspendu pendant qu’à Donetsk, français et ukrainiens étaient douchés par un ouragan tropical.

Hannon commence le set avec son dernier album, Bang goes the knighthood et un titre qui moque les banques, « Well that’s just me, the complete banker, in a black Bentley, Margaret Thatcher riding next to me » et l’on est immédiatement séduit par le phrasé, l’accent so british et tellement compréhensible qui fait que l’on suit aisément les petites historiettes du lutin irlandais. Il est seul sur scène mais l’investit totalement, une sorte de cabaret concert chanté de voix de maitre par un crooner entre Randy Newman et Elton John, ce dont a toujours rêvé Mc Cartney. « An Evening with Neil Hannon », c’est à la fois chic et simple, comme s’il nous accueillait dans son cottage une coupe de champagne millésimé à la main. Ses chansons pétillent, pleine de malice et de références comme avec The Lost Art Of Conversation où le piaillement d’un oiseau improvise un solo ponctué d’un « shit » quand il s’arrête trop tôt.

Discographie

Quand Neil se saisit de sa guitare acoustique, il prévient qu’il n’a pas joué cette chanson depuis sept ans, on l’excuse donc quand il oublie les accords de Someone tiré de A short album about love. L’amour, toujours l’amour au centre de ses ritournelles, il cherche la Perfect Lovesong, « Give me your love And I’ll give you the perfect lovesong With a divine Beatles bassline And a big old Beach Boys sound » et nous gratifie d’un solo ‘moulinet de bras’ à la Pete Townshend qui met la basilique les quatre fers en l’air et fait rosir de plaisir la Madone dorée quand résonne le refrain de To Die A Virgin. Neil martèle alors les touches du clavier dans un boogie remuant et emprunte le National Express, le public sourit avec les mains malgré le solo jazzy planté et ponctué d’un « fuck off ». A Lady Of A Certain Age calme le jeu, on croirait apercevoir cette petite aristocrate qui voyage de Londres à New York, du Cap Ferrat à Capri, on se délecte de son accent quand il prononce Chanel ou Givenchi. Puis viennent deux titres légers de son magnifique Casanova, Songs Of Love et Something For The Weekend où le Neil toujours jeune récompense le public d’un « very good clapping ». Our Mutual Friend est forcément mélancolique mais les papillons noirs s’envolent rapidement pendant que sur Tonight We Fly les chauves-souris de la colline qui prie font un ballet dans la nox, « Over the houses, The streets and the trees, Over the dogs down below, They’ll bark at our shadows, As we float by on the breeze ».

Neil Nannon
Neil Nannon – Photo Henro Paradi

C’est la fin de la Promenade mais le farfadet revient bien vite s’offrir en sacrifice au traditionnel jet de coussins avant de finir la soirée sur trois titres, le simplisme et sublime Everybody Knows (Except You), le bien nommé The Summerhouse et l’inventaire à la Perec, I Like mais c’est en fait le public qui ‘aime’ énormément ce doux dandy rêveur plein d’humour. On le retrouvera en avril au Royal Opera House de Londres pour la première de son opéra inspiré de Tolstoï et sur la BO du dernier et tant attendu film de Leos Carax, Holy Motors (en salle le 4 juillet) avec un titre composé pour Kylie Minogue.

An Evening with Neil Hannon

« Et nous avons des nuits plus belles que vos jours »

Lettre XIV de Jean Racine à M. Vitart, 17 janvier 1762

Date : 14 juin 2012

Lyonnais qui revendique sa mauvaise foi car comme le dit Baudelaire, "Pour être juste, la critique doit être partiale, passionnée, politique...", Davantage Grincheux que Prof si j'étais un des sept nains, j'aime avant tout la sincérité dans n''importe quel genre musical...

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