La publication illico presto de l’E.P Summertime avait décroché la mâchoire des fans de pop eighties maquillée avec de l’électro élémentaire. Et puis la machine s’est plus ou moins grippée. Les gens ont boudé le premier disque (et n’ont pas pu entendre Forever and Ever Amen, tant pis pour eux), le guitariste Adam Kessler a pris la porte… Le destin funeste et classique de certains groupes (privilégiés ?). En 2010, le deuxième album du groupe, Portamento, a fait peu parler de lui alors qu’il valait tout autant (voire plus) que les chansons de 2009.
Aujourd’hui, les Drums sont réduits à leur portion congrue (Jonathan Pierce & Jacob Graham) et ils ont décidé de se libérer de la mode et d’eux-mêmes. Résultat : un disque ambitieux et crâneur. Graham met en scène Pierce comme jamais, le laissant aller à ses élucubrations romantiques et à ses crises dépressives. Ex porte-drapeau du Brooklyn Musical Club, The Drums s’affranchit de toutes les contraintes liées à son statut et n’en fait qu’à sa tête.
Pourquoi avez-vous choisi de retourner à la forme initiale du groupe ?
The Drums :
Nous n’avons pas choisi cette situation. Les deux autres gars nous ont quitté en cours de route ! Mais vous savez, après quelques années difficiles, nous avons finalement réussi à donner un sens à la situation dans son ensemble … Nous n’aurions pas dû être quatre. Au final, nous avons toujours été deux.
Discographie
The DrumsQu’est ce que ça fait de travailler de nouveau à deux ?
The Drums :
Nous avons constaté que nous étions effectivement en mesure de faire ce que nous voulions à nouveau. Nous étions devant une page blanche et nous avons décidé de prendre de gros risques et de faire quelque chose d’aventureux et de coloré avec Encyclopedia. Dans le passé, Jacob et moi composions quelque chose de magnifique et de majestueux qui avait un coté très précieux peut-être, et les autres membres du groupe diluaient cela ou rajoutaient des touches psyché à la mode du moment… Alors que Jacob et moi même n’en avions rien à faire… Désormais nous vivons dans une bulle et Encyclopedia vous invite à sauter dans notre monde bizarre, sans ironie aucune, et à écouter de belles chansons.
Vous semblez très en colère sur le premier single (Magic Mountain). Quels sont les autres sentiments qui parcourent le disque ?
The Drums :
J’ai été incroyablement en colère, amer et seul après la tournée mondiale de Portamento. J’avais perdu un membre du groupe et une petite amie. Ces deux personnes comptaient énormément pour moi et ils ont disparu en un éclair. J’ai réalisé que je tombais facilement amoureux avec les gens et que j’en attendais beaucoup. Ça a été un réveil brutal. J’ai pris deux bonnes années pour analyser ma vie et j’ai réalisé que j’allais très bien et que j’avais encore des gens de confiance dans mon entourage. Cette chanson parle de ma relation avec ces derniers et de la manière de les protéger.
The Drums – Magic Mountain
Vous pouvez nous expliquer le sens de la pochette ? Qui l’a réalisée ?
The Drums : Eh bien, je ne peux pas dire ce qu’elle signifie. Je veux laisser cela à celui qui la regarde. A chaque personne sa signification, son sens.
Nous voulions avoir une pochette d’album qui soit intéressante et qui se découvre à chaque fois qu’on la regarde.
Tout est émoussé et simplifié de nos jours. Aujourd’hui les pochettes de disques sont des poings, des triangles et des visages. Nous voulions une multitude de détails pour cette pochette. Beaucoup de détails, une histoire au final sur laquelle les fans puissent revenir.
Il y a une place libre sur le canapé de la pochette. Qui peut venir s’assoir ?
The Drums :
Personne ! C’est comme ça ! Nous nous ne sommes jamais aussi sentis si vivants.
Pourquoi maintenant ? Jacob et moi sommes trop bizarres pour les gens. Si nous invitions quelqu’un, il finirait par nous quitter parce qu’il se rendrait compte que nous sommes très loin du mythe « sex, drugs and rock n roll« . Nous pouvons constituer une énorme déception.
Il y a quelques jours, vous avez joué au Novotel de New York. Vous avez joué de nouveaux morceaux ? Quel a été le retour du public ?
The Drums :
Nous en avons joué trois. J’étais assez nerveux parce que je déteste jouer à l’extérieur. C’était aussi notre premier concert depuis un petit moment.
Ce n’est pas la première fois que nous jouons des nouvelles chansons dans un hôtel mais toutes les choses que je n’aime pas étaient réunies. Je pense que nous avons fait du bon boulot. L’hôtel et le quartier étaient protégés, ça a été.
Mais quand vous partez, vous ne savez pas si les gens ont aimé ce que vous avez fait. Là les fans ont vraiment aimé. Certains ont pleuré et d’autres ont sauté par la fenêtre.
Qui a produit le disque ? Dans quel studio l’avez vous enregistré ?
The Drums :
Nous avons fait cet album dans notre propre studio et c’est un ami qui s’est chargé du mixage.
Nous avons eu une période très difficile où nous laissions des personnes toucher notre musique. C’est très difficile de redevenir honnête, de revenir en arrière quand vous êtes devenus lisses.
Nous aurions plus de passage à la radio si nous étions moins têtus. Ce n’est pas que nous détestons les bons sons mais je nous trouve meilleurs quand nous sonnons mauvais. On se tire une balle dans le pied, c’est ainsi, c’est l’histoire de nos vies.
Qu’évoque « Bell Laboratories » ?
The Drums :
Un moment très sombre avec ma mère.
Qui vous a inspiré lors de l’écriture des chansons et de l’enregistrement du disque ?
The Drums :
On est plutôt concentré sur notre travail : on ne regarde pas beaucoup autour de nous. Souvent, nous écoutons notre propre travail pour déterrer vraiment ce que nous sommes. Nous essayons de nous découvrir encore plus. Regarder autour de soi peut être dangereux, glissant…
Je conseille toujours à certains nouveaux groupes de se concentrer sur eux-mêmes. Ne regardez pas autour de vous et foutez vous de ce qui se passe dans le monde !
Je dirais que Jacob voulait un disque débordant de synthétiseurs et moi de guitares sales. On s’est serré la main et on a mélangé nos deux envies.
Comment vous sentez-vous à quelques semaines de la sortie d’Encyclopedia ?
The Drums :
Aujourd’hui, je pencherai du coté de l’excitation. Je pense que nos fans de merde ont disparu et que nos vrais fans sont restés. Ils sont là et devraient aimer Encyclopedia. C’est notre disque majeur. De loin.
› Encyclopedia sortira le 23 septembre 2014.
› The Drums sera en concert le 17 novembre 2014 au Trabendo (Paris).
- Magic Mountain
- I Can't Pretend
- I Hope Times Doesn't Change Him
- Kiss Me Again
- Let Me
- Break My Heart
- Face of God
- U.S. National Park
- Deep in My Heart
- Bell Laboratories
- There Is Nothing Left
- Wild Geese
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