Denim sous toutes les coutures

Il paraît que le privilège des rois est d'être en retard. Ce qui est sûr c'est que le privilège des génies est celui d'être en avance. A la tête de Felt le temps de 10 albums, Lawrence a toujours mené le combat en première ligne avec Felt. L'affaire aurait pu s'arrêter là. Mais non. Totalement imprévisible, Lawrence revient en 1992 avec sa nouvelle chimère musicale : Denim. Le résultat commercial est une catastrophe mais la Brit Pop vient de naître avec cette étonnante boite de Pandore dans laquelle tout le monde va évidemment piocher.


On parle souvent de Brett Anderson comme du plus grand cocu de la Brit Pop qui révéla Oasis et Blur. En 1993, Suede aurait allumé la mèche trop tôt. C’est faux. Celui qui avait tout compris avant tout le monde et qui enregistra le meilleur disque de Brit Pop avant tout le monde fut Lawrence. L’esthète de Birmingham avait une longueur dans les années 80 avec Felt, il en aura dix avec Denim dans les années 90. Ce disque annonce Vanishing Point de Primal Scream, les accointances mélodiques de Damon Albarn, le bob Kangol et les imperméables de Liam Gallagher et l’obsession de Suede pour Bowie. Enregistré pour un peu plus de 150 000 euros (une paille pour l’époque, une fortune pour aujourd’hui), Back in Denim est un disque incroyable qui a le mérite de mettre tout le monde d’accord.

Pour les 25 ans de ce groupe, nous avons pu discuter de ce disque avec Neil Scott (guitariste de Felt et de Denim), Steven Hall et Cymon Eckel (du label Boy’s Own Recordings qui publia Back in Denim, Brian O’Shaughnessy (l’ingénieur son du disque) et Christophe Basterra (journaliste musical et spécialiste du cas Lawrence).

Neil Scott

Neil Scott a été l’un des guitaristes de Felt et le premier guitariste de Denim. Il joue, à aujourd’hui dans le groupe Sleeperman.

Discographie

Comment as-tu rencontré Lawrence ?

Neil Scott : J’ai croisé les membres de Felt quand ils ouvraient pour Everything But The Girl (je jouais alors de la guitare pour ces derniers) sur une tournée en 1984. Nous sommes devenus amis et je suis arrivé quand Maurice s’apprêtait à partir. J’ai eu une semaine pour apprendre toutes le répertoire de Felt. Et ce fut incroyablement difficile à jouer. Je me rappelle d’une session où nous avons enregistré I will die with my head in flames et Sandman on the rise. J’ai encore tourné avec eux en 1987 et nous avons enregistré Poem of the river et quelques morceaux en 1988. Tout allait bien avec Lawrence. Je vivais chez lui.

Felt – I will die with my head in flames

J’ai même été autorisé à utiliser ses toilettes. J’ai alors répété avec le groupe pendant une semaine pour apprendre les parties de l’album Pictorial Jackson Review mais j’ai du partir pour faire une tournée avec un autre groupe. Je n’ai donc pas pu participer à l’enregistrement. Lawrence m’a remplacé par Marco (basse) qui a joué mes parties à la perfection. C’est assez étrange car quand je l’écoute je crois que c’est moi qui joue. Je ne pense pas qu’il y avait une vision à long terme quant à son projet de sortir 10 disques en 10 ans. Le problème fut que Creation Records n’avait pas la capacité de publier Monkey and the moon à la fin de l’année 89 et Lawrence est reparti voir Cherry Red. Cela a été surprenant car il n’a jamais aimé ce qu’avait fait Cherry Red pour Felt auparavant. Lawrence est venu me chercher pendant l’été de 1990 et nous avons répété The Osmonds, Middle of the Road et quelques autres. Je suis alors reparti dans le Yorkshire. Lawrence est alors venu chez moi et nous avons enregistré des chansons à la maison (dont pas mal de démos du deuxième album). Encore une fois, le son des démos sonnent à peu près comme le résultat final. Nous sommes restés en contact depuis cette période. Il aime me parler de ses disques. Il les critique. Je lui dis aussi si ces chansons sont bien ou pas. Il aime ça.

https://www.youtube.com/watch?v=9jKo-YyavJU

Ce fut un enregistrement facile ? Visiblement les choses ont été compliquées…

Neil Scott : Le premier disque de Denim a été enregistré dans sa grande majorité à Abbey Road avec John Leckie. Comme je travaillais à temps plein à cette époque, j’ai dû prendre une semaine de congés et j’ai enregistré toutes mes parties de guitare, enfin 80% en une semaine. Je me suis assuré que les blaireaux avaient été mis dehors et nous étions seulement tous les trois. Voilà comment les choses ont commencé. Certains titres comme American Rock ont 16 pistes de guitare. J’ai aussi fait les chœurs car il aimait bien mon accent du Nord. A cette époque, Lawrence était tombé dans la drogue et était sans cesse distrait. Je pense que Lawrence appréciait le fait que j’étais rapide et que je faisais pas mal de choses sans hésiter.

Et ce son. C’était totalement neuf à l’époque !

Neil Scott : Ce nouveau son… C’était facile pour moi. Il fallait sonner comme Mick Ronson. J’étais à l’aise avec ça je viens de la même ville que Mick, Hull ! Encore une fois, l’attention de Lawrence sur le détail est incroyable. Surtout en ce qui concerne la batterie. Il y a des batteurs de premier plan qui jouent sur ce disque. Mais je crois qu’il n’a pas trouvé ce qu’il cherchait. Il essayait donc toujours de nouveaux batteurs. Je me rappelle qu’il me disait que je ne pouvais que sur la Les Paul de Mick et que je ne pouvais pas utiliser d’autres guitares.

Quelle est la chanson préférée de cet album ?

Neil Scott : The Osmonds est ma chanson préférée. C’est difficile de trouver une tonalité différente pour 8 couplets de la chanson. Et je chante à la fin…

Comment vous êtes-vous retrouvés chez Brian O’Shaughnessy ?

Neil Scott : Brian O’Shaughnessy possédait un petit studio (Bark) et tous les groupes indés et ceux du label Creation étaient passés par là. Brian était un type adorable, vraiment placide et patient. Tu as l’intérêt à l’être avec Lawrence. Pete Astor vit à quelques centaines de mètres en bas de la rue et on pouvait le voir rapidement. J’ai d’ailleurs joué pour lui récemment lors d’un concert pour la B.B.C. Le monde est petit.

As-tu fait des concerts avec Denim ?

Neil Scott : Je n’ai fait qu’un concert avec Denim. Nous avons joué au Boardwalk à Manchester. Uniquement grâce à Bob Stanley (St Etienne) qui avait chroniqué l’album dans le N.M.E.

Steven Hall

Steven Hall a été un des dirigeants du label Boy’s Own Recordings qui a publié le premier album de Denim

Comment Boy’s Own Recordings a rencontré Lawrence et Denim ?

Steven Hall : Une partie des dirigeants du label dont Andrew Weatherall et moi même étions fans de la scène indie (electro/dance) des années 80 et nous avons rencontré Lawrence alors qu’il faisait partie de Felt. Quand nous avons monté notre premier label, Boy’s Own, Lawrence cherchait pour son nouveau projet, Denim, un label qui avait un lien avec une major ; ce que nous avions avec London Records. Lawrence était présent lors de nos soirées house de 1988 et de 1989. Nous avons tous pensé que l’association Denim et de Boy’s own serait intéressante pour la presse et la jeunesse qui était fan de musiques variées à cette époque. C’était une période où les clans se mélangeaient dans les raves et les concerts. L’idée d’une séparation entre les fans de dance et et les fans de rock indé était obsolète.

Denim
Cassette de Back in Denim (vinylidyllique.blogspot.fr)

Pourquoi avez vous choisi John Leckie comme producteur ?

Steven Hall : Lawrence a recruté John Leckie… Ils se connaissaient et Lawrence voulait que John donne un son plus brillant à son album que par rapport aux autres.

Comment s’est déroulé l’enregistrement ? Les choses ont été faciles ?

Steven Hall : L’enregistrement a été facile mais Lawrence a détesté le résultat à la fin. Il ne s’est jamais réellement expliqué sur ce sujet mais cela sonnait trop rock pour lui.

L’enregistrement a coûté cher ? C’est un disque qui a coûté cher ?

Steven Hall : Je ne me rappelle pas du budget mais enregistrer aux studios RAC avec John Leckie n’est pas donné. Et puis il y a un nouvel enregistrement à partir des démos originales avec Brian O’Shaughnessy… C’est donc difficile à évaluer.

Comment perçois-tu ce disque aujourd’hui ? Quelle est ta chanson préférée ?

Steven Hall : J’aime toujours Back in Denim et les gens me demandent toujours des choses à propos de ce disque. Ma chanson préférée est Middle Of The Road principalement à cause du clip. C’était fun de faire ça avec les types du Glitter Band. J’aime aussi The Osmonds. Les paroles sont une belle madeleine de Proust des années 60 et des années 70 pour qui a grandi en Grande Bretagne dans ces années là.

Denim – The Osmonds

Back In Denim a sa légende : il aurait ruiné son label. C’est vrai ?

Steven Hall : Je n’en ai jamais entendu parlé. Il n’a absolument pas ruiné le label. Quelques mois après cette sortie, One Dove était dans les charts et passait à Top of the Pops. Et puis nous avons sorti des disques étonnants comme Xpress 2, Heller & Farley. Et puis j’ai signé Underworld et les Chemical Brothers et nous avons vendu des millions de disques. Bref, ça n’a pas ruiné le label.

Back In Denim est un disque totalement précurseur. Cet album annonce la Brit Pop. Au final, Back In Denim n’est t-il pas sorti trop tôt ?

Steven Hall : Je pense que Lawrence n’a pas eu le succès qu’il méritait mais il en est en partie responsable. S’il avait fait plus de concerts et s’il avait été plus confiant sur scène, il aurait pu avoir un hit. Mais il rend les choses très difficiles. Avant que la Brit Pop n’arrive, certains groupes indés faisaient des percées dans les charts. Pulp avait réussi. Denim aurait pu réussir. Ce groupe a été un précurseur de la Brit Pop. Je ne pense pas que le disque soit sorti trop tôt. Denim aurait pu être le leader de tous ces groupes mais Lawrence ne voulait pas ou ne pouvait pas se donner une chance d’être un artiste « mainstream ».

Christophe Basterra

Christophe Basterra est journaliste musical et a notamment dirigé la revue Magic. Il est le spécialiste français de Felt, de Denim, de Go-Kart Mozart donc de Lawrence.

Te rappelles-tu de la première écoute de ce disque ?

Christophe Basterra : Oui, je m’en souviens très bien. je travaillais à la boutique de disques Danceteria, à Paris, rue Thouin, avec Daniel Dauxerre. Nous avions commandé des exemplaires du disque pour la boutique – en CD et en vinyles. Pas mal d’exemplaires, mais nous en avions eu très peu finalement. Les nouveautés arrivaient le mardi, je crois. Nous étions surexcités. On a glissé directement le CD dans le lecteur du magasin. Et il a tourné en boucles. Pendant plusieurs jours !

As-tu été surpris ? Après 10 albums de Felt… Le contenu peut surprendre.

Christophe Basterra : Surpris, pas vraiment, parce que je lisais régulièrement la presse anglaise et elle en avait déjà parlé. je me souviens très bien d’un article de Bob Stanley (de Saint Etienne), paru dans le Melody Maker en septembre 1991 – une grosse année avant la sortie du disque. C’était après un concert de Denim au festival in The City à Manchester. L’article mentionnait des chansons en équilibre entre les années 70 et les années 90. Donc, on pouvait avoir une (petite) idée. Et puis, le dernier album de Felt annonçait un peu la couleur – dans les thèmes autobiographiques des chansons aussi.

Tu as rencontré Lawrence pour la sortie de ce disque. Et tu l’as interviewé. Dans quel état d’esprit était-il ? Il jouait gros avec ce disque.

Christophe Basterra : Lawrence était bien sûr persuadé d’avoir sorti un album qui devait le rendre populaire. Mais quand je l’ai rencontré – en décembre 1992 –, il se plaignait déjà – c’est une constante chez lui : Lawrence seul contre le reste du monde. Le problème est qu’il n’a jamais voulu jouer les règles du jeu. Je me souviens que Lenoir et Hilda, au moment de la sortie française du disque (chez Barclay, début 1993), étaient intéressés pour faire une Black Session. c’était dans les tuyaux jusqu’au jour où Lawrence a réclamé une somme d’argent indécente pour jouer. La session n’a jamais eu lieu. Il pensait à l’époque être « intouchable » : il avait signé sur un label lié à une major, il avait une bonne presse et la scène cool de l’époque ne jurait que par lui – de Saint Etienne à Lush, en passant par Bobby Gillespie, tous étaient fans de Lawrence.

Est-ce-que le label a défendu correctement l’album ?

Christophe Basterra : Dans la suite de ce que je disais, je pense que le label a bien bossé : en Angleterre, Lawrence et Denim étaient très présents dans la presse, avec de bons papiers. En avril 1993, Denim fait partie des groupes cités en une par le magazine Select, aux côtés de Suede, Saint Etienne, The Auteurs, Pulp (c’est un peu l’acte de naissance de la britpop) : et le seul groupe à n’avoir pas connu son quart d’heure de vraie gloire est Denim. Problème, Denim n’a pas donné de concerts à cette époque – parce que Lawrence estimait qu’on ne lui donnait pas les moyens pour faire les concerts dont il avait envie…

Quelle est ta chanson préférée ?

Christophe Basterra : Pfui… Je peux écouter The Osmonds en boucle. Mais I’m Against The Eighties n’est pas loin derrière.

https://www.youtube.com/watch?v=7J9eqzmn7ok

Découvrir ce disque en 2017 peut surprendre. Mais en 1992.. Ce disque est une petite boite de Pandore qui annonce le virage que va prendre Pulp, Suede, Blur…

Christophe Basterra : Oui, tout à fait. Encore une fois, tout le monde observe Lawrence et lui pique peu ou prou ses idées (dans les groupes cool qui l’adorent, il y aussi Stereolab – Tim Gane est un grand fan de Felt). Des synthés comme le Moog, que tout le monde va utiliser à cette période, Lawrence l’utilise déjà avec Felt. Lawrence est un très bon théoricien – c’est un très bon « client » en interview. Il connaît l’histoire de la pop, il a le sens de la formule – comparer Jarvis Cocker à Ian Curtis, c’est assez fort ; tout comme annoncer que les années 80 avaient commencé et s’étaient achevées avec de grands disques sombres et électroniques : Closer de Joy Divsion et Violator de Depeche Mode etc.) Denim était l’incarnation même de ce que Bob Stanley, encore lui, avait qualifié de rétrofuturisme – un concept que Pulp, Blur (en particulier avec Girls & Boys), Stereolab vont faire fructifier.

Comment on réagit les médias français ? Et ont-ils réagi d’ailleurs ?

Christophe Basterra : A l’époque, nous faisons le fanzine Magic Mushroom et nous avions publié une longue interview de Lawrence – dans le cadre d’un « dossier » baptisé (faute de mieux) : We’re for the 70’s and the 90’s too. Il y avait également Pulp et Saint Etienne. Dans le même numéro, on avait réalisé un supplément détachable sur Felt, à l’occasion justement des rééditions Cherry Red. Je me souviens d’une excellente chronique publiée dans les Inrocks – peut-être signée Arnaud Viviant. Barclay avait du faire venir Lawrence pour une petite journée promo au moment de la sortie française (mars 1993 peut-être), mais je ne me souviens pas de beaucoup d’interviews. J’avais écrit un petit article dans rock and folk (j’étais pigiste là-bas à l’époque). IL y a sans doute eu d’autres choses mais rien de marquant… D’Angleterre, tout le monde voulait Suede. Pulp était porté par Les Inrocks. Lawrence est, lui, resté à quai.

Brian O’Shaugnessy

Brian O’Shaugnessy est ingénieur son et possède son propre studio à Londres (Bark Studios). Il a travaillé notamment avec Shack et Primal Scream

Comment as-tu rencontré Lawrence et Denim ?

Brian O’Shaugnessy : A la fin des années 80 et au début des années 90, j’ai travaillé avec quelques groupes de Creation Records (Pacific, Jasmine Minks, My Bloody Valentine, Pete Astor, Primal Scream, Heidi Berry). Lawrence connaissait Pete et Bobby Gillespie, donc je pense qu’ils ont parlé de moi et de mon studio à Lawrence.

Comment s’est organisée ta collaboration avec le producteur du disque, John Leckie ?

Brian O’Shaugnessy : L’album a été conçu de manière désordonnée. Nous avons commencé par enregistrer des démos. Puis Lawrence a décroché un contrat et le label a voulu qu’il travaille avec John Leckie dans un autre studio (le studio RAK de mémoire, les studios de Micky Most car il semblait que Lawrence voulait un son très seventies, très glam rock à ce moment). Les enregistrements de Bark sont donc partis au RAK où on a ajouté pas mal de choses : les batteries, jouées par Pete Phipps du Glitter Band, les cordes de quelques quelques, quelques guitares, les chœurs et les voix. Puis, comme le prix du RAK était très élevé et que Lawrence ne s’entendait pas si bien avec John, le projet est revenu vers moi. Je me souviens que John et moi avons travaillé ensemble pendant quelques semaines. La chose n’a pas été facile. C’est comme si vous aviez deux cuisiniers dans la même cuisine. J’ai ma propre manière de faire les choses, John aussi. Mais on a fait le job.

Quel est ton souvenir préféré ? Le plus mauvais ?

Brian O’Shaugnessy : Je pense que tu peux te deviner quels sont mes souvenirs préférés. Je ne peux pas choisir, mais je suis toujours satisfait quand l’artiste s’en va heureux avec son album terminé. Back in Denim est l’un de mes albums préférés parmi tous ceux sur lesquels j’ai travaillés. Je pense qu’il n’a pas été compris à l’époque, en particulier par les médias et qu’il s’est perdu dans la marée de la Brit Pop qu’il a libéré lorsqu’il est sorti. Mais je pense qu’il résiste bien à l’épreuve du temps.

Et comment as-tu trouvé ce son ?

Brian O’Shaugnessy : Le son a évolué pendant que le projet avançait. Je pense que Lawrence avait l’idée de là où il voulait aller dès le départ. Je pense que la contribution des différents musiciens a changé le disque. Quand nous avons commencé, les musiciens venaient d’horizons très divers. Lawrence, le guitariste Neil Scott et Gary Ainge de Felt, Johnny Male et Pete Smith (des amis de Lawrence qui venaient de Windsor) qui évoluaient dans le milieu dance. Et aux studios Rak, le batteur du Glitter Band avait donné une touche très glam. J’ai utilisé toutes les techniques que je connaissais et surtout beaucoup de patience. Je possède mon propre studio et j’ai du matériel vintage : un Studer 24 pistes, une console Soundcraft (à cette époque), des micros Neumann et des compresseurs DBX. A part la console j’ai utilisé tout le matériel que j’avais.

Il a été facile cet enregistrement ?

Brian O’Shaugnessy : Ce ne fut pas un enregistrement facile si on le compare à tous les autres disques que j’ai enregistrés. Et ils sont nombreux. Mais j’ai tout fait pour que ça aille.

Quelle est ta chanson préférée de ce disque ? Pourquoi ?

Brian O’Shaugnessy : J’adore de nombreuses chansons. C’est difficile d’en choisir une. American Rock peut-être. Elle est basée sur les experiences de Lawrence quand il a essayé de s’installer à New York et a échoué. Elle montre l’influence de Lou Reed, son talent d’écrivain et son sens particulier de l’humour. Et par dessus tout, c’est une chanson d’amour triste.

Quelle était l’ambiance au sein du groupe pendant l’enregistrement ?

Brian O’Shaugnessy : Ce n’était pas à proprement parler un groupe, c’est donc difficile de décrire l’ambiance qu’il régnait… Nous avons eu des bons et des mauvais jours.

Back In Denim de Denim est disponible via le label Boy’s Own Recordings .

Denim - Back In Denim

Tracklist : Denim - Back In Denim
  1. Back In Denim
  2. Fish And Ships
  3. Bubblehead
  4. Middle Of The Road
  5. The Osmonds
  6. I Saw The Glitter On Your Face
  7. American Rock
  8. Livin' In The Streets
  9. Here Is My Song For Europe
  10. I'm Against The Eighties

English text

Neil Scott

In 1989 Lawrence declared it had been his intention all along to release ten singles and ten albums in ten years and, having done so, announced the end of Felt. What did you do between the end of Felt and the first steps of Denim ?

I first me Felt when they supported Everything But The Girl(I played guitar for them) on tour in late ’84. we became good friends and in the summer of ’85 I stepped in when Maurice left for the last time…I had a week’s notice to learn a load of Felt songs which were incredibly hard to play ! I also remember playing on a session where we recorded I will die with my head in flames and Sandman on the rise… I think I toured again with them in ’87 and recorded Poem of the river and then finally some tracks in’88 that ended up on space blues… Always got on well with Lawrence and always stayed at his flat in Birmingham…and yes I was allowed to use his toilet ! I also Rehearsed with the band for a week learning the Pictorial Jackson Review LP…unfortunately, I was on tour with another band and couldn’t make the recordings…what is typical Lawrence though is that he made Marco (bass player) play all my part note perfect…really weird because I think it’s me playing when I listen to it ! I don’t think there was any great master plan about the 10 LP’s in 10 years until very late on…the problem was that Creation had a very busy schedule and couldn’t release Monkey on the moon at short notice (end of 89) so Lawrence took it to Cherry Red…which surprised me because he never liked what Cherry red did for felt before. Lawrence approached me in the summer of ’90 and we knocked 3 or 4 Denim songs into shape…he had The Osmonds and Middle of the Road and a couple of others…I then moved back up to Yorkshire….Lawrence came up to stay and record at my house ( we also did a lot of demos for the 2nd LP)…once again the demo’s sound almost exactly the same as the finished record…if I put a cheesy synth part down… he wouldn’t change it and made everyone play it just so ! Since then I have stayed in touch with Lawrence …he likes me to critique his records…which means I basically tell him what ideas he’s copied from his past records etc…I tell him if a song is good or absolute shite…he loves it !

How easy was the recording process ? If I read some reviews, it was very difficult !

1st Denim LP was mostly recorded in Abbey Road with John Leckie…because I worked full time by then I took a week off and did all my guitar parts (80%) of the guitars in a week…I made sure all hangers on were banned so it was just the 3 of us…had an absolute ball ….some tracks like American Rock have 16 guitar tracks…I also sang loads and backing vocals as he liked my northern accent ! Around this time Lawrence developed a drug habit and was constantly distracted with other things…I think one of the things Lawrence liked about me was that I was fast and could get a lot done without dithering…

What’s your best memory about this recording process ?

The new sound… it was easy for me…the directive was to sound like Mick Ronson…which I was comfortable with because I’ from the same place as mick … HULL ! again,Lawrence’s attention to detail was incredible…especially on things like the drum sound…there are several top notch drummers who play on the LP…I don’t think he found what he was looking for…hence he always was trying new drummers out. I remember him telling me I couldn’t play any other guitar except my Les Paul (Mick)

How did your find this sound ? It was the NEW sound of the nineties !!!

The Osmonds is my favourite…trying to find a different tone/part for the 8 verses was quite trying !…and there’s about 20 of me singing at the end…

What’s your favorite song of this album ?

Brian O’shaungssy owned a small studio (Bark) that all the creation/ indie bands used…Brian was a lovely guy…very placid and Patient (you had to be with Lawrence)…Pete Astor lived 50 yards down the road and we all would pop across for a cuppa…I played on a couple of Pete’s LP’s in the 90’s and recently played on session for BBC6 with him !…small world.

Did you play some shows with Denim ?

I only played 1 gig with Demin…we played the Boardwalk in Manchester…we only did it because Bob Stanley (St Etienne) was gonna review it for the NME…

Steven Hall

How Boy’s Own Recordings mit Lawrence and Denim ?

A few of the boy’s own guy’s including myself and andrew weatherall were fan’s of the early 80’s indie scene (as well as electronic/dance music) and we met lawrence when he was in FELT. When we started our first label « boy’s own » lawrence wanted his new act DENIM to be on a label with major backing which we had with LONDON RECORDS. lawrence had attended the acid house parties we threw in 88/89 and was open to different scene’s and people so we all thought the DENIM/BOYS OWN hook up would be an interesting concept for the music press and kids that were listening to all sorts of different music at the time. things were very mixed musically back then…the kids/tribes were mixing at raves and gigs and the traditional idea of a disco/dance fan and indie fans was becoming completely out of date.

Why did you choose John Leckie ?

Lawrence picked john leckie…they knew each other and lawrence thought john would make a more « polished » album than past material.

How easy was the recording process ?

The process was easy but lawrence hated the end result. he never really explained why but i think the record sounded too « rock » for him.

The recording process was very expensive ? It was difficult for your label ?

I can’t remember how much the budget was but recording in RAC studio’s with john leckie isn’t cheap. then there were the original demo’s and the re-recording of the album with brian o’shaughnessy so i’d say it was quite difficult.

What are your feelings today about Back In Denim ? What’s your favorite song ?

I still enjoy « back in denim » and people still ask me about it. my fav track is « middle of the road » mainly ’cause of the video which i still think is great and the fun we had making it with the guys from the glitter band. i also love « osmonds » ’cause if you grew up in britain in the 60s/70’s the lyric’s are a lovely snapshot of those times.

Back In Denim has go his legend : the label was ruined by this record. That’s is true ?

I’ve never heard that? it didn’t ruin the label at all. within a matter of months i had ONEDOVE in the charts and on « top of the pops »,we released some amazing dance records XPRESS 2,FARLEY & HELLER and i signed UNDERWORLD & THE CHEMICAL BROTHERS and we went on to sell millions of records… i don’t think that’s a ruined label?

Back In Denim is precursor… This album announces the Brit Pop movement. Was it publisjhed to soon ?

I think lawrence didn’t have the success he should have but a lot of that was down to him. if he had been more confident as a performer and could have done more live/gigs then i think he would have had hit’s but he always seemed to want to make things difficult for himself. Before britpop had a name there were a number of acts that looked like they would break out from the indie world and lead the charge into the pop charts…denim were one of them as were pulp so yes i suppose they were a precursor to what came later.
i don’t think the record was published too soon though. DENIM could have been the leaders of the pack but lawrence didn’t want to or couldn’t get his shit together well enough to give himself a chance to be a successful mainstream artist.

Cymon Eckel

What’s your favorite song of this album ?

Very Hard, between the Perfect 3.32 pop song of “ I saw the glitter on your face” to the genius of The Osmonds, sorry too hard to choose !

Why did Boy’s Own Recordings sign a dea with Lawrence ?

How easy was the recording process ?

At that point we operated a light touch being quite inexperienced as managers of a label and talent, but i think Lawrence was set in his vision, John Leckie i think, had differing views. In the end they ended up alternating their time in the booth and desk.

The sales were poor. It was a « huge » disappointment for the label ?

It was and wasn’t, we were inexperienced, new and very fresh to releasing Artist records, we had of course released records, but this was different, we were signed to London, who very much got this album, but didn’t, they wanted hits and this was a grower.
Personally i am very very proud of having some part to play in this record, its a beautiful thing.

Why did you choose Middle Of The Road as first single ?

It was the most chartable song of the album very simply, combined the lyrics, attitude, wit, vision and vibe, wrapping up at 3minutes 21 seconds.

Brian O’Shaugnessy

How did you meet Lawrence and his band ? Why did they choose Bark Studios ?

I had been working with a few bands who were on Creation in the late 80s – early nineties (Pacific, Jasmine Minks, My Bloody Valentine, Pete Astor, Primal Scream, Heidi Berry); Lawrence knew Pete & Bobby Gillespie, so I think they told Lawrence about me & the studio.

How did you work with John Leckie ?

The album was done in a fairly unplanned way. The first recordings we did started out as demos, then Lawrence got a deal, & the record label said he should work with John Leckie, at another studio (RAK I think, Micky Most’s place, which appealed to Lawrence because he was heavily into 70s glam rock at that time). So the Bark Denim recordings went to Rak, where a lot more was added: real drums, played by Pete Phipps from the Glitter Band, strings on some of the songs, more guitars, some backing vocals & some lead vocals. Then, possibly because the cost of RAK was much higher & because Lawrence wasn’t getting on so well with John, the project came back to me. I think we then did a couple of weeks with both John & myself. I didn’t find it a particularly easy process (2 cooks in the same kitchen); I have my own way of doing things, & I’m sure John Leckie does too, but we did get some useful work done.

What’s your favorite memories about this recording process ? The worth ?

I think you can probably figure out which my least favourite memories are. I can’t really pick out any particular favourites, but I’m always pleased when the artist goes away happy with their finished album. Back in Denim is one of my favourite albums of all those I’ve worked on. I don’t think it was understood at the time, particularly by the media & got lost in the tide of (largely second rate) Brit pop that was current when it was released. But I think it stands the test of time.

How did you find the sound of Denim ? Which techiques did you use and wich material (desk, console, amplificater) ?

The sound evolved as the project went on, although I think Lawrence had some idea of where he wanted it to go from the beginning, I’m sure that changed as different musicians made their contributions. When we started those original recordings, the musicians involved came from very different musical backgrounds: Lawrence , guitarist Neil Scott & the drummer, Gay Ainge(from Felt – indie). Johnny Male, & Pete Smith (friends of Lawrence from Windsor)were from a more dancey/ rave background. Then , at Rak, the Glltter Band drummer gave the sound more of a Glam Rock feel. I used all the techniques I knew, but mostly patience. I had my own studio, & quite a lot of vintage equipment: Studer 24-track, at that time Soundcraft console , Neumann mics, DBX compressors etc. Apart from the console, I still have now all the gear I used then.

How easy was this recording process ?

It was not an easy recording process, compared to many other albums I have worked on, but I always felt it was going to be worthwhile.

What’s your favorite song of this album ? Why ?

I’m very fond of many of the songs; hard to pick a favourite; American Rock maybe. It is based on Lawrence’s experiences when he tried, unsuccessfully to live in New York, & shows his Lou Reed influence, his great songwriting & sense of humour particularly well, but beneath it all is a sad love song.

How was the mood in the band during the recording process ?

There wasn’t really any one band, so it’s hard to say how the mood in the band was. We had good days & bad.

Denim sous toutes les coutures
10/10
Pouet? Tsoin. Évidemment.
1 réponse sur « Denim sous toutes les coutures »

Excellent travail ! Dans mes souvenirs la chronique dans les inrocks était de Beauvallet et ce n’était pas le disque du mois mais le second (évidemment). Lawrence c’était un peu le Poulidor de la pop et le charme de la série b. Un disque qui continue à me donner le frisson.

Les commentaires sont fermés.

Cela pourrait vous intéresser

Felt

[Micro Photos] L’art d’Hartnett

En 1985, Ignite the Seven Cannons sonne l’heure de la révolution chez Felt. Un des singles du groupe rentre enfin dans les charts (Primitive Painters) et surtout Felt compte désormais dans ses rangs le jeune Martin Duffy qui va réaliser des miracles sur les prochains disques. Lawrence s’apprête aussi à quitter Cherry Red pour Creation […]
Lawrence

[1988 – 2018] Review de The Pictorial Jackson Review

Souvent dénigré, éclipsé par Forever Breathes The Lonely Word sorti à peine deux ans plus tôt et par Me and a Monkey on the Moon, The Pictorial Jackson Review est le disque de Felt qu’on se surprend à oublier. Or il serait totalement idiot de passer à côté d’un disque où Felt dit définitivement adieu […]
Go-Kart Mozart

(Hey Ho Let’s) Go-Kart Mozart !

Le Paris Popfest a réalisé le plus beau coup de l’année en faisant venir jouer Go-Kart Mozart au Hasard Ludique. Alors que les rayons des disquaires indépendants anglais étaient inondés par la dernière vague des rééditions de Felt, Lawrence traversait la Manche pour venir faire danser Paris.
Go kart Mozart

Go Go Kart Mozart Go

C’est jour de fête à Birmingham ! En plus de rééditer une partie du catalogue de Felt, Lawrence revient avec un nouveau disque de Go Kart Mozart.

Plus dans Interviews

Cmathieuteissier1

Rêve éveillé avec Lescop

Lescop sort du bois avec un nouvel album, Rêve parti qui fera danser Les garçons et vous retirera la raison avec la femme papillon. Entretien avant son concert à La Rayonne à Villeurbanne le samedi 9 mars.
Julienshelter-matthieudortomb4

5 questions à Julien Shelter

Avec Island, Julien Shelter nous propose un album cocon, un disque refuge pour se ressourcer avec des titres délicats évoquant l’amour, la nature ou l’enfance.
Chroniquenicolas-commentchicmediaschristophe-3

Fortunate semper magis tempus

Nicolas Comment vient de signer Chronique du temps qui passe, un superbe livre qui mêle des textes intimes et des photos d’artistes au gré des rencontres incroyables qu’il a pu faire. Il était récemment à Lyon pour une rencontre dédicace et une présentation de son travail à la galerie Poltred, l’occasion pour SK* d’évoquer avec […]

5 questions à … AbEL K1

Après avoir écrit pour d’autres et principalement pour Blondino dont il est l’indissociable compagnon de ses échappées, AbEL K1 sortira en mai son premier album. Un album porté par sa poésie toujours si personnelle et tendue, un lyrisme rock et direct, et une voix singulière. Prélude (à la folie) en est le premier aperçu, ainsi […]