SK* a demandé à une vingtaine (et plus) d’artistes appréciés par les membres de l’équipe de répondre à cinq questions très simples avec leurs morceaux du moment, nouveaux ou anciens. Voilà le tour de Last Train et de son chanteur Jean Noël qui est aussi à la tête d'un label dynamique installé à Lyon, Cold Fame Records (Holy Two en concert au Point Ephémère le 2 mars).

Last Train ce sont des concerts rugueux, du cuir sans moustache où l’on lâche les chevaux vapeur ! Le quatuor vient de sortir un nouveau titre Between wounds qui fait mal que l’on espère retrouver sur leur premier album à paraître le 7 avril !

Last Train en cinq questions

Ton souvenir de concert ?

Discographie

Il y en a énormément. J’essaie de me souvenir du bon qu’il y a eu dans chaque concert, car il y en a forcément : un accueil, un public, un son sur scène, une soirée. C’est généralement pas les plus grosses salles ou les plus gros festivals qui marquent en profondeur : je me souviens de notre concert à la Maroquinerie de Paris, il y a presque un an maintenant. C’était comme un rêve pour moi, c’est une salle mythique, ni trop grande ni trop petite, et vraiment rock. L’aspect trop propre et aseptisés de certaines nouvelles salles est un peu triste. Quand tu entres dans la Maroq’, tu ressens le poids de tous les concerts qui s’y sont passés : c’est pas des conneries, c’est la première fois que ça m’a fait ça. On était pile au milieu d’une tournée européenne, on ne sortait pas d’EP, il n’y avait pas d’excuse particulière, si ce n’est qu’on faisait un passage parisien, comme sur chaque saison. Les gens étaient dingues, ils connaissent les paroles par cœur, même de titres qui n’étaient pas encore sortis. Et il y a eu une belle soirée après cela… Mémorable ! Ceci dit les plus beaux concerts ne se passent pas nécessairement à Paris : on joue tous les ans, jour pour jour, dans un club de 100 places en Allemagne, cela s’appelle Kufa, ils font parti de la famille, on s’est même tatoué le nom du club le lendemain de la date. Je me souviens du festival du Schmoul en Bretagne et d’un accueil inégalable ou encore d’une date en Birmanie, devant 40 000 personnes à l’autre bout du monde, pour un grand moment historique…

Ta rencontre en tournée ?

Encore une fois c’est trop dur de choisir, ce serait complètement injustifié de mettre en avant une seule personne. Il y a tous ces groupes avec lesquels on joue, et avec qui on se lie d’amitié, qu’on admire, ou avec lesquels on vit des histoires particulières : Holy Two, Las Aves, Libido Fuzz, Rival Sons. Ensuite, puisque j’ai une double-casquette de tourneur, je m’entends bien avec des programmateurs et tourneurs, mais je découvre réellement certains d’entre eux qu’après une bonne soirée arrosée dans leur antre : Pierre et Tiff de l’Avant-Scène (Aubusson) que je porte dans mon cœur, Romu du Sakifo (Ile de la Réunion) ou encore Joran de Wart ou Antonin de Furax, ce sont des gens qui comptent beaucoup. Il y a aussi ces gars qui nous ont organisé une date à Avignon car la salle d’origine avait annulé notre concert parce qu’on avait pas fait assez de pré-ventes : ils se sont décarcassés comme jamais pour nous faire venir quoi qu’il arrive, soirée encore une fois mémorable. Et puis il y a des illustres inconnus qui nous font vivre des expériences inoubliables en nous ramenant dans leur appart après un concert, qui nous donnent des vrais leçons de vie en discutant des heures autour d’un verre, ou en t’emmenant faire le tour d’Hanoï en scooter.

Last Train – Between Wounds

Ton anecdote dans le van ?

Comment parler de van sans parler de notre Vito qui est une légende à lui tout seul ? Je crois qu’il a plus de notoriété que nous : il est même passé à la radio. On était en Angleterre après un concert à Birmingham, on avait pas de plan pour dormir donc on voulait planter les tentes dans un champ. On est parti dans la nuit vers Dover, et notre très cher Vito donnait des signes de faiblesse, pour finir par s’éteindre totalement. On était au beau milieu de nul part, on tentait d’arrêter les cinq voitures qui passaient par là, et au petit matin un mec nous a rechargé la batterie avec sa caisse : on a regagné l’autoroute, mais Vito s’est rendormi. On a donc appelé le dépanneur jusqu’à un garage, ça durait des plombes, on loupait évidemment notre ferry, jusqu’à ce que le garagiste nous dise que l’alternateur était mort. On avait encore une dizaine de dates qui arrivaient : on a décidé d’acheter des batteries et on les a branchées en série au milieu du van, pour filer jusqu’au port. C’était super flippant, il y avait des étincelles dans le van. Arrivé sur le périphérique de Londres, ça bouchonnait sévèrement et on arrivait plus à redémarrer le van, je me souviens qu’on est sorti du véhicule au milieu d’une cinq voies, et que les camions passaient juste à côté de nous. Après deux jours sans dormir, et par je ne sais quel miracle, on est arrivé à Dover, en première ligne pour monter dans le ferry, mais au moment de démarrer pour embarquer, notre cher Vito à catégoriquement refusé, et on a loupé une deuxième fois le bateau alors qu’on était juste devant…

Ton prochain album ?

Notre premier album sort le 7 avril prochain, on à hâte. On part en tournée, la première date est à Lyon au Marché Gare le 9 mars. Sur cette tournée, on aura l’honneur de jouer au Bataclan, le 9 mai.

Ton prochain rêve ?

C’est pas forcément une bonne idée de se fixer un rêve, car une fois qu’il se réalise qu’est-ce qu’il se passe ? J’essaie de ne rien considérer comme une fin en soi, mais d’y aller d’étape par étape. Je ne veux surtout pas voir plus gros que ce que l’on est et de rater quelque chose sur la route.

Last Train – Way Out

En écoute avec Last Train

Last Train - fait sa playlist

  1. Magical CloudzDowntown

    J’ai découvert cette chanson dans la série The OA qui fait beaucoup parler d’elle, en bien ou en mal d’ailleurs. Elle m’a retourné, au même titre que Stranger Things, Making a Murderer ou Black Mirror. J’aime beaucoup les séries, j’en regarde beaucoup et de toutes sortes, on s’attache vite au personnage, et les suit sur une durée plus longue que dans film, et du coup il suffit d’y coller une B.O. excellente et bim, ça marche.

  2. BalthazarThen What

    Cette chanson est très importante pour moi, elle est gravée en moi pour toujours. Je me souviens l’écouter tous les jours lorsque je travaillais dans un fast-food, et que je cumulais ça avec les tournées et la maison de disque que l’on venait de monter. C’était pas une période très facile pour moi. Je me souviens prendre ma pause, manger un burger que je personnalisais à mon goût, et aller fumer une clope en écoutant cette chanson.

  3. BeyonceLove on Top

    La bonne humeur par définition, tu peux écouter ce titre n’importe quand, tu te lèves, tu fais quelques pas de danse et tu pars plus motivé que jamais. Au bureau (Cold Fame), on a des goûts très variés et on écoute de tout : c’est notre chargée de communication qui m’a fait découvrir ce titre, c’est simplement de la bombe. Je fais pas une soirée sans ce titre.

  4. Rae SremmurdNo Type

    Je suis vraiment fan de hip-hop. J’ai une maigre culture de ce style musical, mais ça me file beaucoup d’assurance d’en écouter. Je suis allé voir Rae Sremmurd en concert il y a un mois, j’ai jamais vu une ambiance comme ça, il n’y avait pas de première partie, simplement des musiques qui passaient en fond : le public était en feu, il sautait et scandait les paroles en choeur pendant deux heures alors qu’il n’y avait personnes sur scene ! Il y a des trucs de fous dans le rap, très récemment j’ai découvert Loyle Carner, Childish Gambino, Machine Gun Kelly

  5. WU LYFL.Y.F.

    C’est le seul groupe qui nous met tous d’accord dans Last Train. C’est magique, c’est presque mystique… En fait, ça l’est carrément. Ça nous unit du plus profond de notre cœur : World Unite Love You Forever. Le groupe parfait, avec l’album parfait : sans doute celui que j’ai le plus écouté de toute ma vie. C’est une madeleine de Proust pour nous tous, une époque assez innocente : l’été, les ballades en vélo, les premières soirées, les premiers amours.

  6. The DoA Take Away Show

    D’accord, c’est pas une seule chanson, mais ça me permettait d’en mettre deux, le groupe le mérite bien et la session est magnifique. C’est très personnel pour le coup. The Do est vraiment un des meilleurs groupes que la France a la chance de porter. Le plus créatif, le plus juste, le plus touchant, les plus belles prods (pourtant si différentes d’albums en albums…), la plus belle voix, les plus beaux titres. C’est une source d’inspiration infini.

  7. The Dø – A Take Away Show

  8. RadioheadFake Plastic Trees

    Je passe ma journée dans la musique : je créé, on produit des disques avec le label, on monte des tournées avec l’agence de booking. Et pourtant je suis en retard sur tout, j’use certains disques jusqu’à les connaître par cœur. C’est un défaut car je passe seulement une ou deux heures par jour à découvrir de nouveaux groupes. J’ai donc découvert ce titre il y a quelques semaines seulement…

  9. Biffy ClyroMany of Horror

    Autour de moi, les gens pensent que Biffy est un groupe pour adolescents, mais c’est faux bordel ! Certes, Many of Horror est une chanson super accessible mais ce groupe possède une ressource d’idées tellement vaste. C’est très complexe et tellement technique : ce sont de vrais performers, ils se font chier pour faire de la belle musique pas simplement avec trois accords mais avec des structures étranges et des lignes pas forcément fédératrices. Et pourtant c’est tellement fédérateur.

  10. WarpaintLove is to Die

    Encore un groupe que j’ai découvert trop tard, quoi que c’est bien perché : je ne saurais pas si j’aurais pu apprécier avant. Ces quatre musiciennes sont complètement envoûtantes, il me tarde de les voir en live. Encore une chanson qui correspondant à une époque toute particulière.

  11. Michael KiwanukaColt Little Heart

    Je me souviens que j’ai découvert ça tard le soir, lorsque j’étais encore au bureau. Et que j’ai tout arrêté, j’ai appelé plein de mecs : notre réal, tous les mecs du groupes pour leur en parler. C’était excessif sur le moment. Il n’empêche que c’est vraiment un bon album. Ce titre est très Pink Floyd, plus grand monde peut se vanter de faire ça sans passer par le plagiat. C’est l’élégance.

Visiter la page Facebook de Last Train.
Visiter le site du label Cold Fame : www.coldfame.com

Lyonnais qui revendique sa mauvaise foi car comme le dit Baudelaire, "Pour être juste, la critique doit être partiale, passionnée, politique...", Davantage Grincheux que Prof si j'étais un des sept nains, j'aime avant tout la sincérité dans n''importe quel genre musical...

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