[1988 – 2018] Review de The Pictorial Jackson Review

Souvent dénigré, éclipsé par Forever Breathes The Lonely Word sorti à peine deux ans plus tôt et par Me and a Monkey on the Moon, The Pictorial Jackson Review est le disque de Felt qu'on se surprend à oublier. Or il serait totalement idiot de passer à côté d'un disque où Felt dit définitivement adieu à ses guitares et essaie d'être de son temps. Retour ce disque avec Lawrence (de passage à Paris pour un concert de Go-Kart Mozart au Paris Popfest) et Darren Rademaker des Tyde.


Une fois son chef-d’oeuvre absolu enregistré (Forever Breathes The Lonely Word), Felt continua sa mission et ne relâcha pas la pression. En 1988, Felt publia deux albums. Le premier, qui fait la fierté de Lawrence, est Train Above The City, joué intégralement par Martin Duffy et Gary Ainge. Lawrence ne revient en studio que quelques semaines plus tard pour enregistrer The Pictorial Jackson Review, un disque inspiré par les Beach Boys et Nashville Skyline de Dylan. Obsédé par les albums courts, Felt repart en studio avec Joe Foster (Biff Bang Power ) pour jouer sur le terrain de la jangle pop. Lawrence écrit des textes merveilleux et Duffy fait des merveilles.

Evidemment Lawrence n’en fait qu’à sa tête. La face A est d’une efficacité redoutable. La Face B est quant à elle composée de deux morceaux, des instrumentaux de Duffy… Felt ou l’art de toujours surprendre son monde. Sur la réédition, ces deux pièces instrumentales sont oubliées et remplacées par Under A Pale Light et Don’t Die On My Doorstep. A propos de ce dernier, on peut trouver ce commentaire sur Youtube : « The most underrated song off the most underrated album by the most underrated band ever ». Tout est dit. On rajoutera que la photographie de la réédition du vinyle confirme autre chose : Felt était le plus beau groupe du monde.

Discographies

Lawrence
© Louis Teyssedou

Lawrence

Te rappelles-tu de cet enregistrement ?

Oui.

Où ?

Nous l’avons enregistré à Birmingham. C’est la ville où nous vivions.

Dans quel studio ?

Aux studios Rich Bitch. C’était un superbe studio dédié aux groupes de métal et de heavy métal. C’était le studio des Black Sabbath et de Robert Plant.

Et c’est Joe Foster qui a produit le disque. Comment vous-êtes vous rencontrés ?

Via Creation Records. Il produisait des groupes de Creation. John Rivers aurait pu nous produire. Mais Joe est venu à Birmingham.

Pourquoi l’avoir choisi ?

Il avait entendu les démos de l’album et il était enthousiaste. Creation était vraiment enthousiaste. Le choix de Joe s’est fait comme ça. Il y avait aussi une raison financière : l’enregistrement ne devait pas coûter cher. Nous n’avions pas beaucoup de budget. On s’est donc dépêché de l’enregistrer. Il faut vraiment avoir ça en tête pour ce disque.

Et ce fut un enregistrement facile ?

Oui. On avait les démos et le groupe jouait bien. Les choses se sont faites facilement. Les gens du label nous soutenaient mais nous n’avions vraiment pas beaucoup d’argent. Les guitares sonnent bien. On aurait dû passer plus de temps en studio. On a mis… moins d’une semaine. On aurait dû passer beaucoup plus de temps pour améliorer certaines choses. Les guitares sonnent bien. Ce fut franchement trop rapide.

Et quel est ton meilleur souvenir lié à cet enregistrement ?

Je n’en ai aucun. Je n’ai aucun bon souvenir lié à l’enregistrement de mes albums.

Pourquoi ?

C’est douloureux et extrêmement stressant. Oui stressant… J’ai toujours essayé de faire les meilleurs disques. C’est pour cela. C’est un processus extrêmement douloureux.

Et comment avez-vous trouvé le son de ce disque ? Il sonne très lo-fi ?

Il est très proche des démos. On pensait travailler avec John A. Rivers. On était heureux à l’idée de travailler de nouveau avec lui. L’ambiance au sein du groupe était calme. Mais les choses ne se sont pas passées comme prévu. J’adorais John et son travail.
Mais je suis content de ce disque.

Tu l’as écouté récemment ?

Oui, beaucoup. On vient de le rééditer. Je l’ai écouté à de nombreuses reprises. Je suis ravi de la réédition. Elle change pas mal de choses. Le disque sonne bien mieux.

Et quelle est ta chanson préférée de ce disque ?

Je les aime toutes mais j’ai une certaine affection pour Bitter End.

Felt – Bitter End

Tu te rappelles de son histoire ?

Non. Elle est arrivée comme ça. Comme les autres. Comme toutes les chansons brillantes.

Darren Rademaker

Darren Rademaker défend une certaine de la pop et fait des merveilles avec les Tyde.

Comment as-tu découvert Felt ?

Darren Rademaker : Au début des années 80, je vivais à Tampa (Floride). Dans le magasin de disques que je fréquentais, un vendeur, fan d’heavy metal, qui s’appelait Fred savait que j’aimais Echo and the Bunnymen et Orange Juice. Il m’a montré une copie de Crumbling the antiseptic beauty. J’ai aimé la pochette, le regard de Lawrence… Je l’ai donc acheté et le reste appartient à l’histoire.

Te rappelles-tu du moment exact de cette découverte ?

Je suis rentré à la maison et j’ai mis le disque. Je pense que mon frère était peut-être là. Nous avons pensé que c’était étrange, mais nous avons également pensé que c’était l’une des meilleures choses que nous ayons jamais entendue.

Pourquoi aimes-tu Felt ?

Même quand j’ai déménagé en Californie, c’était toujours le groupe qui semblait être le seul à les aimer, ça semblait tellement romantique et anglais (quelque part que je n’étais pas encore), ce n’était pas aussi facile de savoir quand leurs disques sortaient comme ils le seraient aujourd’hui mais j’ai toujours réussi à trouver le dernier cri, c’est le mélange parfait de Lou Reed, Bob Dylan et de Television dans un cadre anglais.

Pourquoi The Pictorial Jackson Review est ton album préféré de Felt ?

Oh ce n’est pas mon album préféré mais j’en aime chaque chanson et je possède celui avec la pochette blanche d’origine, pas la version jaune américaine. Et puis la production Lo-Fi sonne formidablement bien, très différente des albums précédents.

Quel est ton morceau préféré ?

C’est vraiment difficile de choisir un titre préféré, Bitter End est géniale et quand nous avons commencé, Tyde a fait une reprise de How Spook Got Her Man, j’aime beaucoup les instrumentaux en face B mais je dirais probablement Dont Die On My Doorstep car c’est le Lawrence le plus proche de Dylan.

Felt - The Pictorial Jackson Review

The Pictorial Jackson Review de Felt est disponible chez Cherry Red.
Thx Guigui..
Felt - The Pictorial Jackson Review

Tracklist : Felt - The Pictorial Jackson Review
  1. Apple Boutique
  2. Ivory Past
  3. Until The Fools Get Wise
  4. Bitter End
  5. How Spook Got Her Man
  6. Christopher St
  7. Under A Pale Light
  8. Don't Die On My Doorstep
  9. Sending Lady Load
  10. The Darkest Ending

English text

How did you discover Felt ?

In the early 80s I was living in Tampa Florida, at the record store I frequented there was a heavy metal guy that worked there named Fred he knew I liked Echo and the Bunnymen and orange juice he showed me a copy of crumbling the antiseptic beauty I liked the way the cover looked,and the way Lawrence looked so I bought it, the rest is history.

Do you remember the moment of this discover ?

I went home and put on the record I think maybe my brother was there to we thought it was weird but we also thought it was one of the best things we ever heard.

Why did you love Felt ?

Even when I moved to California that was always the band that it seemed like I was the only One who liked them, it seemed so romantic and English ( somewhere I hadn’t been yet ) it wasn’t as easy finding out when their records were coming out as it would be today but I always managed to stumble across the latest, it’s the perfect blend of Lou Reed Bob Dylan and television in an English setting.

Why The Pictorial Jackson Review is your favorite Fetl album ?

Oh it’s not my favorite album at all, but I do like every song on it, I have the original creation white cover not the yellow US one, also the really Lo-Fi eight track production sounds great very different then their previous albums.

What’s your favorite song of this album ?

It’s really hard to choose a favorite cause I like so many of them, Bitter End is great and The Tyde when we first started out did a cover of How Spook Got Her Man, I really love the instrumentals on the B-side a lot but I probably have to say Dont Die On My Doorstep because that’s Lawrence at his most Dylan.

Pouet? Tsoin. Évidemment.

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