Attention, les British Sea Power ont mangé du lion. La réédition de leur premier album en 2015, The Decline Of British Sea Power semble avoir ouvert un nouveau cycle chez le groupe de Brighton. Leur nouvel album, Let The Dancers Inherit The Party pourrait remettre le groupe sur le devant de la scène.

De 2003 à 2009, les British Sea Power avaient tout bon. Totalement obsédés par Bowie et déguisés en boys-scouts sur scène, les BSP occupaient une place singulière dans le paysage musical anglais. En 2010, le groupe s’est fait légèrement oublier malgré une activité impressionnante. Let The Dancers Inherit The Party montre un groupe remonté à bloc qui fera une tournée au Royaume-Uni ET en Europe au printemps prochain.

Votre nouvel album s’intitule Let The Dancers Inherit The Party. Comment avez-vous trouvé ce tire ? ?

Jan Scott Wilkinson : Le titre de l’album est tiré d’un poème de l’artiste écossais Ian Hamilton Finlay. J’aime cet artiste et son poème Little Sparta. Parfois je voudrais être Écossais plutôt que descendant d’Écossais. Je voudrais être Européen comme eux. Le poème évoque pour moi, le fait de participer à la vie plutôt que d’en discuter ou de la critiquer à distance. J’aime ce sentiment et j’apprends à l’appliquer au fur et à mesure que je vieillis.

British Sea Power – Keep On Trying (Sechs Freunde)

Comment s’est passé l’enregistrement ? Cela a été facile ?

Jan Scott Wilkinson : Nous l’avons rendu aussi facile que possible ! Parfois, cela a été difficile quant aux horaires ou quant aux paroles à utiliser mais au final ce ne fut pas vraiment difficile. Parfois, la pression est utile. L’enregistrement et le mixage n’ont duré que trois mois. Le processus d’écriture de ce disque a été long. Cela m’a pris deux ans. Mais j’en ai profité pour changer mes méthodes de travail plutôt que de chercher à combler des manques. J’ai appris de nombreuses choses et j’ai abandonné la plupart des chansons. J’ai gardé la chanson Electrical Kittens car je l’aimais, parce que ma femme l’a aimée. Après avoir tout recommencé, tout a été plus rapide et plus rapide. Les cinq autres chansons que j’ai écrites ont nécessité une semaine de travail pour la musique. Les paroles prennent plus de temps parce que j’attends que la musique soit presque terminée et enregistrée pour écrire. En effet, c’est une fois que la musique est terminée que je trouve l’inspiration. Le travail est terminée une fois qu’une alchimie se crée entre les paroles et la musique.

Et cette pochette d’album ?

Jan Scott Wilkinson : J’ai lu des essais sur la typographie moderne et j’ai regardé des conférences faites par des gens comme Peter Saville. Je me suis rendu à des expositions comme celle de Willem Sandberg en espérant y trouver de l’inspiration pour la pochette du disque. C’est cette partie de la création qui est délicate pour moi. J’aime voler une idée et ne pas la créer. Mais trouver la bonne idée nécessite quelques compétences. Cette image expérimentale qui est utilisée pour la pochette a éclipsé toutes les autres. Je l’ai aimée et j’ai réalisé plus tard qu’elle avait été faite par Kurt Schwitters. Le groupe et moi-même avons une histoire particulière avec Kurt Schwitters depuis que mon frère Roy nous a fait découvrir son poème Ursonate. J’ai participé à des événements liés à Schwitters et nous essayons de travailler avec Ian qui s’occupe de la maison Schwitters dans le Lake District, qui est une sorte de musée. Après nous nous sommes posés les questions suivantes : « Comment allons nous nous l’approprier ? Quelles couleurs allons-nous utiliser ? »

Quel est ton souvenir préféré ?

Jan Scott Wilkinson : Mon souvenir préféré est l’enregistrement des batteries avec Wood à Brighton. Son calme et la consommation de vin et de whisky ont généré un certain enthousiasme. Wood est un batteur brillant et méticuleux. Je dois toujours lui rappeler de s’amuser et d’en profiter : c’est comme ça qu’il est le meilleur.

Pourquoi avoir choisi Bad Bohemian en guise de premier single ?

Jan Scott Wilkinson : Le premier single est une sorte de coucou : « Bonjour, nous voulons interagir avec vous ». C’est une bonne chanson pop. Ce n’est ni trop vieux, ni trop jeune. Il s’adapte à ce moment étrange que nous vivons où tout change et pourrait être meilleur ou pire. C’est drôle et sérieux en même temps. C’est un clin d’œil à Jaraslev Hasek qui, pour citer Cecil Parrotta, « était un truant, un rebelle, un vagabond, un anarchiste, un joueur de poker, un bohémien, un alcoolique, un traître à la légion tchèque, un bolchevique et un coureur de jupons ». Cela n’a pas beaucoup de sens mais c’est ainsi. Hasek n’est pas nouveau pour les British Sea Power. Mais c’est ma nouvelle manière de le voir !

British Sea Power – Bad Bohemian

Let The Dancers Inherit The Party est un retour aux sources pour le groupe. Il sonne comme vos premiers albums. Comment le perçois-tu ?

Jan Scott Wilkinson : J’espère que c’est une bonne chose. Mais je pense aussi que ce disque est plus moderne que d’habitude pour nous. Ce n’est pas aussi moderne que le courant Grime… Aujourd’hui tout est disponible, la musique comme les informations. Ce n’est pas difficile de trouver des bonnes choses mais c’est plus difficile de les comprendre et de les évaluer correctement.

Il y a des chansons qui ont été abandonnées lors de l’enregistrement ?

Jan Scott Wilkinson : Oui, j’ai, nous avons abandonné de nombreuses chansons. C’est essentiel !

Quelle est ta chanson préférée de ce nouvel album ?

Jan Scott Wilkinson : Ma chanson préférée est Praise. Je l’aime pour tout ce qu’elle est.

Comment écris-tu tes chansons ? As-tu conservé la même méthode ?

Jan Scott Wilkinson : J’ai une méthode bien particulière pour écrire les paroles et la musique. Ce n’est pas un secret mais c’est difficile à décrire. Et j’ai peur que cela ne possède pas beaucoup de sens. J’aime John Berger, William Burroughs, Geoff Goddard et Kurt Schwitters. Ma méthode est quelque part entre ces gens là. J’utilise la même méthode pour peindre. J’apprends à mieux l’utiliser.

Vous allez venir jouer ce disque à Paris ?

Jan Scott Wilkinson : Nous viendrons jouer au minimum à Paris. C’est difficile de jouer en France car nous ne sommes pas très connus et c’est assez cher. Et nous ne sommes pas riches. Et cela va être plus difficile maintenant car nous allons quitter l’Union Européenne ce qui est triste. Parfois, je voudrais que notre notre nom ne soit pas British Sea Power. Pourquoi mettons-nous les gens dans des pays ? Peut-être que les gens pensent que nous sommes patriotes. Pourtant nous ne le sommes pas vraiment. Nous n’avons pas pensé au monde entier quand nous avons commencé ni aux barrières linguistiques. Je pense aussi que nos premiers concerts en France n’étaient pas si bons. Nous improvisions. Notre nom est au final assez étrange. Je ne suis pas fier d’être britannique, pas plus que que le fait d’avoir deux jambes et une tête. Je veux être plus européen. Je veux être plus international. Je veux être français, je veux être allemand, britannique et je veux être syrien. Je veux les meilleures parties de partout. Je suis à moitié irlandais et je vais rapidement demander un passeport irlandais afin de pouvoir encore voyager librement !

Let The Dancers Inherit The Party des British Sea Power sera disponible le 31 mars 2017 via Golden Chariot / Caroline International. Les British Sea Power seront en concert le 27 mai 2017 au Nouveau Casino (Paris).

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British Sea Power – The Decline Of British Sea Power

Let The Dancers Inherit The Party

Tracklist : British Sea Power - Let The Dancers Inherit The Party
  1. Intro
  2. Bad Bohemian
  3. International Space Station
  4. What You’re Doing
  5. The Voice Of Ivy Lee
  6. Keep On Trying (Sechs Freunde)
  7. Electrical Kittens
  8. Saint Jerome
  9. Praise For Whatever
  10. Want To Be Free
  11. Don’t Let The Sun Get In The Way
  12. Alone Piano

English text

What’s the reason behind the album title ‘Let The Dancers Inherit The Party’?

The title is stolen from a poem by the Scottish artist Ian Hamilton Finlay. I love this artist and his garden “Little Sparta”. I sometimes wish I was Scottish instead of part Scottish. I would like to be European like them! The poem to me is about taking part in life rather than discussing and watching or criticising it from a distance. I like this sentiment and am slowly learning to embrace it as I get older.

How easy was the recording process? How long did it take you ?

We made it as easy as possible! Occasionally it was hard to keep up with the schedule or to decide which lyrics to use. This is not a real hardship though. Sometimes pressure is useful. The actual recording and mixing took only maybe 3 months. For me I had a long writing process of 2 years before recording started, which was more of an experiment to change my ways rather than a process to complete anything. I learned a lot but mostly abandoned these songs except for Electrical Kittens because my wife loved it and so I liked it too. After starting again everything was so much faster and quicker. The other 5 songs I wrote only took a week for the music. Lyrics take longer because I wait till the music is almost finished and recorded and then try and work out what the music makes me think of and why I wrote it and what the point is. It is really finished if the two things chime together for me emotionally.

Could you explain to me the choice of the cover of your new album ?

I was watching essays on modern typography and talks by people like Peter Saville, as well as visiting exhibitions like Willem Sandberg hoping for an inspiration, hoping for something to give itself to the cover. It is this part, the waiting searching and catching of ideas which is the delicate part of design to me. I like to steal an idea not create one. But it is grasping the right one which is the skill. This image of an experimental typeface jumped out from all the others. I loved it. Later I found out it was by Kurt Schwitters. BSP and myself have a history with Kurt schwitters ever since my brother Roy introduced us to the Ursonate poem. I have taken part in Schwitters art installation events and we are trying to work with Ian who looks after Schwitters home in the Lake District which is a kind of museum now. So it was meant to be. It is even described as a musical type. Perfect. This is how it works. After that it is fun and practical. How to use it. How to make it ours. What colours? Lovely.

What’s your favorite memories of the recording process ?

My favourite memory is early on recording drums with Wood in Brighton. Its low pressure (for me) and mostly involves wine and whisky and generating enthusiasm and ideas as needed. Woods a brilliant and meticulous drummer and the only thing I can add is to remind him or help him to have fun and enjoy it as I think this is when he is at his best.

Why did you choose Bad Bohemian like first single ?

The first single is like a hello. We want to interact with you. It is to me a great alternative pop song. It isn’t old or new. It fits this strange moment in time where everything is changing and could be better or worse. It is a joke and serious. It is a nod to Jaraslev Hasek who to quote Cecil Parrotta, was a “truant,rebel,vagabond,anarchist,play actor,joker,bohemia, Bohemian,alchoholic, traitor to the Czech legion,Bolshevik and bigamist” . It doesn’t make sense but it does. Hasek is not new to BSP. But this is a new embracing of what I understand of him.

Bad Bohemian is the return at the classic sound of British Sea Power. How do you fell this new album. What are your feelings about it -sonically speaking- (especially compared to your other albums) ?

I hope this is a good thing. I think this is true. But I also think this record is more modern than usual for us. Not modern like grime music which is wonderful. But modern like Spotify or wiki leaks where everything exists together and is available. It isn’t hard to find good things like music or information these days but it is harder to understand or value them properly.

Did you abandone some songs during the recording process ?

I/we abandoned many songs. Abandoning songs is essential.

What’s your favorite song of this new album ?

My personal favourite is called Praise for whatever.

How did you write the songs of this new album ? Do you have changed your method ?

I have a sort of method to write words or music. They are not secret but at this point it is hard to describe and I doubt it would make a lot of sense. I like John Berger, William Burroughs and Geoff Goddard and Kurt Schwitters. My method is somewhere between them. I use the same method to paint. I am learning how to use it better.

Do you will play some shows in France ?

I think it is almost definite. Paris at least. It is hard to play France because we are not so popular and its expensive and we are not rich. It may get harder now we will leave the E.U. which is sad. Sometimes I wish we were not called British Sea Power. Maybe it puts people off in different countries ? Maybe people think we are patriotic. We aren’t really. We didn’t think about the whole world when we started. Or language barriers. I also think our early shows in France weren’t so good. We have improved! It seemed like a strange name for a band. I am not proud to be British anymore than I am proud to have two legs and a head. I want to be more European. I want to be more International. I want to be French, I want to be German and British and I want to be Syrian. I want the best parts of everywhere. In the short term I am half Irish and I am applying for an Irish passport so I can still travel freely !

English text

Pouet? Tsoin. Évidemment.

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