SK* a rencontré les JC Satàn avant leur concert à La Lune des Pirates à Amiens. De retour d'une tourné dans l'Empire du Milieu, les JC Satàn viennent prêcher la bonne parole en France.


Sacrés meilleur groupe de rock français par Stéphane Deschamps (Les Inrocks), les JC Satàn sont un contre-pied jouissif à l’ambiance actuelle.
A vous Cognac-Jay !

Vous revenez d’une tournée en Chine. Comment s’organise-t-on quand on s’appelle JC Satàn et qu’on veut partir dans ce pays ?

Paula : Nous n’avons rien fait. On nous a payé le billet et nous sommes partis là bas.
Arthur : On nous l’a proposée et nous avons accepté.

Qui vous a proposé cette tournée ?

Arthur : La Rock School Barbey. Il s’agit d’une salle de Bordeaux. Ils ont un jumelage avec quelqu’un qui a un réseau de salles en Chine. Il voulait un groupe de rock et nous correspondions aux critères. Ils nous ont proposé neuf dates.
Dorian : En sachant que c’était un peu une première. Ils faisaient plus des échanges et n’organisaient pas de tournée.
Alice : Il ne faisait qu’un concert pour la fête de la musique. Tu vois le truc.
Dorian : C’était la première fois qu’ils testaient une vraie tournée.

Il y a eu donc neuf dates. Quel effet cela vous a fait de jouer en Chine ?

Arthur : C’était cool. Cela reste tout de même très particulier. Les médias sont fermés. Personne ne nous connaissait vraiment car ils n’ont pas Google et leur propre réseau social.
Dorian : Ils avaient fait un peu de promo quand même !

Quelle était la jauge des salles ?

Alice : Cela dépend. Des fois c’était comme ici, à La Lune des Pirates, des fois plus petit ou plus grand.
Romain : On était sur une jauge à 50 ou 100 personnes. Le rock n’est pas très démocratisé.

Vous êtes restés sur le littoral ?

Romain : Non, nous avons fait les terres.
Alice : Nous avons fait Pékin.
Dorian : Et nous sommes rentrés dans les terres.
Arthur : Nous sommes restés dans les grosses villes et nous avons fini pas loin de Hong Kong.

Et votre meilleur souvenir ?

Arthur : Il y en a pleins. Xiamen était vraiment cool. Nous avons fait de belles rencontres. Shenzhen aussi.
Romain : La deuxième partie de la tournée était mieux. Nous avions récupéré nos instruments qu’Air France nous avait perdus. Et les concerts étaient mieux.
Arthur : On a rencontré plus de gens. Nous avions pris le rythme.
Alice : Les villes étaient plus belles.
Arthur : Il faut dire que nous avons vu le soleil sur la deuxième partie de la tournée. La Chine est très polluée : nous n’avons pas vu le soleil pendant une semaine.
Dorian : Dans le sud, c’est plus détendu.
Arthur : Il faut dire qu’on avait deux days-off lorsque nous étions à Xhenxhen. Nous avons pu profiter de la ville. Sinon le rythme était hard.
On a tourné en train, en avion. Huit heures de train, tu te lèves tôt, tu arrives, tu fais tes balances et c’est tout.
Romain : Tu fais hôtel-concert-train
Paula : La ville que nous avons le moins vue est Shanghai.
Alice : D’habitude, les groupes européens qui jouent en Chine font Shanghai/Pékin. Nous n’avons rien vu de cette ville.
Paula : Nous avons fait 7 heures de train et le concert était à 18H00. Et nous repartions le lendemain matin à 9H00.

Nous allons donc faire une interview en B. La Barbey Rock School vous a fait partir en Chine. Comment avez-vous rencontré les gens de votre label, Born Bad Records ?

Arthur : On se connaissait depuis le début et dès le deuxième album on se disait qu’on pouvait sortir un truc ensemble.
Romain : On avait déjà sorti un titre via Born Bad mais c’était sur une compilation.
Arthur : Et c’est plus grâce à Enzo que par JB.
Alice : Dès le deuxième album, on voulait sortir un disque avec eux. Ils ont sorti Magnetix avant nous. Nous on devait publier notre disque juste après et cela ne s’est pas fait.
Arthur : C’est difficile à gérer. JB voulait pouvoir nous distribuer aux États-Unis. Ce n’est pas simple pour eux.

En parlant de sortie, j’ai lu qu’il y avait un projet de sortir un 45 tours live. Vous en êtes où ?

Arthur : Oh il y a un moment. On a fait un enregistrement mais qui tout pourri. C’était au studio Red Bull. C’est une idée. Il faudrait trouver un bon enregistrement.
Après je n’ai jamais beaucoup aimé les disques live. Si tu ne vois pas le concert, tu perds la moitié des choses.
Certains live sonnent bien.
Alice : Je ne suis jamais contente des enregistrements de ma voix en live.
Arthur : Si tu veux, tous les défauts que tu as en live… Ils fonctionnent quand les gens te voient en live. Ils deviennent une qualité pendant le concert. Si tu entends que le live, tu entends que les défauts. Moi je trouve que cela ne met pas en valeur le groupe.

Et le 45 tours… Vous êtes attachés au format ?

Arthur : Moi je suis plus long player. Le 45 tours, c’est le format des années 60. Une époque où ils n’en avaient rien à foutre que les groupes fassent des albums. Ils voulaient des tubes et sortaient que des 45 tours. Après ils les compilaient pour faire un album si le groupe était bon. C’est vraiment un truc de vendeur. Moi je préfère mettre en avant un album. Après ça sonne bien, le format est marrant.
Romain : Il y a plein de labels cools qui publient des 45 tours.
Alice : Ils essayent de faire des beaux objets, des objets un peu artistiques. Sinon que le 45 tours…
Romain : Nous allons en faire un bientôt avec la reprise.
Arthur : Ah oui la reprise de Monks. Nous avons un ami qui fait des séries de 45 tours sur des reprises. Il s’agit du tour manager de Ty Segall et de Marc Demarco. Il a demandé à tous ses groupes de faire une reprise d’un groupe. Nous nous sommes tombés sur les Monks.
Romain : Et nous ferons ça avec The Moonhearts, le groupe du guitariste de Ty Segall, Charlie Moothart.
Arthur : Oui, il n’est plus dans Ty Segall je crois. Il joue désormais dans Fuzz et CFM.

Et vous réécoutez vos premiers albums ?

Arthur : Nous ? Rarement.
Alice : Peut-être il y a un an.
Arthur : Ah si je réécoute quand je sais que je vais bientôt enregistrer. Je me replonge dans notre passé.

Car vous assumez de plus en plus votre côté pop.

Alice : Nous faisons de la pop depuis le début. Arthur avait des groupes assez garage au départ. Il a toujours eu ce côté pop.
Dorian : Non mais en comparaison.
Alice : Après ce n’est pas la pop. Pas de la pop de radio.
Dorian : Non mais le deuxième par rapport au premier. Je trouve que d’une matière globale il y a plus de morceaux punks sur le premier.
Arthur : Pas du tout. Le premier a un tracklisting bizarre. Il y a une face très pop.
Dorian : Le deuxième aussi.
Arthur : On le dit toujours mais nos morceaux, leur écriture, sont très pop.

Je suis rentré plus rapidement dans votre dernier disque.

Arthur : La production, sur les derniers, enfin si on peut parler de prod’ car nous sommes très lo-fi… On met notre côté pop en avant grâce aux arrangements. On enregistre rapidement. La pop est masquée par la sauce que tu mets dessus.

La sauce a changé alors car j’accroche bien plus vite sur les derniers morceaux que sur les premiers.

Arthur : C’est une question de sensibilité. Au départ, nous avions une attitude très lo-fi avec des trucs sales. En évoluant tu mets un peu plus d’ambition sur tes albums. Tu veux mettre en avant l’essence de tes morceaux.
Mais dans le milieu du garage, tu constateras que même les trucs les plus punks, les types ont une approche assez pop. Le son est trash mais la mélodie est là.

J.C. Satàn – I Will Kill You Tonight

Vous ressentez une évolution dans votre écriture ?

Arthur : Moi non .Mais le son Satàn s’est affiné.
Alice : C’est normal d’évoluer. Cela fait six ans que le groupe existe. Tu ne peux pas toujours faire la même chose. Surtout quand tu travailles beaucoup.

Alors quelle est l’évolution ?

Alice : Nous sommes plus directs.
Arthur : Nous nous sommes affinés. Il y a vraiment une façon d’écrire dédiée à Satàn. Les morceaux ne pourraient pas aller le répertoire de mes autres groupes. Quand j’écris pour Satàn, j’écris pour Satàn. Je le sais.

TOP 09

1) Votre bande originale préférée ?

Arthur : Conan Le Barbare.
Paula : Amélie Poulain… Non !
Dorian : Je vais dire la B.O de Blade Runner.
Romain : Celle de The Brown Bunny du film de Vincent Gallo.
Paula : Moi Virgin Suicides.
Alice : Moi ce n’est pas ma préférée mais j’ai retrouvé celle d’Orange Mécanique. Je l’ai écoutée deux trois fois et je l’ai bien aimée.
Romain : Moi je viens d’acheter celle de Métropolis mais je ne l’ai pas encore écoutée.
Alice : Attends, il faut que je retrouve ma B.O. préférée.
Arthur : Il y a celle de Conan le Barbare ou celle d’Akira. Après tout dépend de si on parle d’une B.O qui écrite ou d’une B.O qui compile des morceaux. Celle de Good Morning Vietnam est une tuerie.
Romain : Parfois il y a les deux aussi.
Alice : Ah si toute la musique de Twin Peaks.
Paula : Il y a tellement de B.O. C’est comme nous demander quel est notre groupe préféré. Il y a les B.O de Gershwin. C’est difficile comme choix.
Arthur : Il y a les B.O. de Russ Meyer aussi !
Dorian : Il y a celle aussi de Scanners de Cronenberg.

2) Le disque que tout le monde a écouté sauf vous ?

Arthur : Fauve. Enfin il y en a plein. C’est venu direct.
Paula : Christine and the queens.
Alice : Oui, Fauve.
Paula : Elle est très connue Christine and the queens.
Romain : Elle vient de faire la une de The Times. Tout le monde la connaît.

3) Le disque que vous attendez le plus ?

Alice : Le notre.
Arthur : Un prochain Beatles mais on va l’attendre longtemps.
Alice : Le notre !
Arthur : Franchement je suis pas très intéressé par les groupes actuels. J’écoute des vieux trucs. J’attends que des surprises. Mais bon.
Paula : J’attends le Marilyn Manson. Il sort un disque cette année. Le King Dude est déjà sorti et je ne l’aime pas.
Arthur : Ah peut-être une nouvelle Desert Session qui serait bien.
Dorian : Ou un nouveau Queens Of The Stone Age.
Arthur : Oui mais j’attends plus rien d’eux. A moins d’un retour aux sources démentiel.
Dorian : J’attends le Eddie Current.
Arthur : Ah oui ils se sont reformés. Mais pour faire un disque ?
Dorian : Pas sûr.

3) Le disque qui va forcément vous décevoir ?

Arthur : Le prochain Queens of The Stone Age.
Paula : Le prochain Marylin Manson.

4) Le producteur de vos rêves ?

Arthur : Pour Dorian et moi je vais dire qu’on se crée comme producteur de nos propres rêves. J’aime pas les producteurs. Il faut écrire et produire ses morceaux. C’est lié. Je n’aimerai pas travailler avec un producteur.
Alice : Le mec de la Motown mais je ne me rappelle plus de son nom.
Paula : Le mec qui produit Air.
Arthur : Je crois qu’ils se produisent seuls.
Paula : Ah !

5) Le meilleur endroit pour faire un concert ?

Alice : Paris.
Arthur : Paris. C’est toujours chouette de jouer à Paris.
Paula : J’ai un bon souvenir de Seattle.
Arthur : La Maroquinerie.
Paula : Oui ! La Maroquinerie.

6) Le meilleur endroit pour voir un concert ?

Paula : La Maroquinerie.
Alice : Le Bataclan. J’y ai vu Marc DeMarco. C’était bien. Une bouteille de vodka et un siège confortable.
Arthur : Les conditions sont importantes pour Marc DeMarco.
Alice : Le Zénith c’est cool aussi. Une fois j’étais dans les gradins et les loges, c’était bien. Mais en bas, c’était l’enfer.
Romain : Ne dis pas ça, le Zénith c’est l’horreur pour un concert.
Arthur : Sinon une bonne télé et un DVD, c’est bien aussi.

7) Votre disque préféré de Sonic Youth ?

Alice : Au départ c’était Goo. Maintenant c’est Confusion is sex.
Arthur : Il y a Daydream Nation aussi.
Paula : Goo!
Dorian : Goo !
Romain : Daydream Nation pour moi aussi. Pas Goo.
Dorian : Goo, c’est le plus connu.
Arthur : Goo parait assez évident. Moi je m’arrête après Washing Machine.
Dorian : Moi aussi. Après j’arrête.

8)Si vous pouviez tourner un rockumentaire sur un groupe ?

Arthur : Un truc qui n’a jamais été fait auparavant ? Les Hunchees !

Le groupe qui a tout arrêté tout au bout de 3 albums ?

Arthur : Oui voilà. C’est vraiment rare un groupe qui arrête car il se dit qu’il a fait le tour des choses. Alors qu’ils étaient monstrueux. Ils avaient une classe de fou. J’aimerais voir ce qu’il se passe dans la tête de ces gens, voir le cheminement pour en arriver là. Ils étaient trop spécifiques. Ils auraient pu devenir mythiques avec le temps. Mais rien à foutre. Etre aussi authentiques ça n’existe plus.
Paula : Moi si j’avais le talent et l’argent, je ferai un rockumentaire sur un label danois. Ils ont un catalogue magnifique.

The Hunches – Street Sweeper

9) Un type mort avec qui vous voudriez boire un verre ?

Paula : Lemmy !!
Arthur : Ah oui, avec Lemmy, ça doit être cool. Quoiqu’il n’a pas l’air d’être très loquace.
Dorian : J’ai peur de rencontrer que des cons.
Alice : Des peintre, Monet.
Paula : David Bowie.
Dorian : Terry Gilliam.
Arthur : Lewis Carroll, ça peut être très bien aussi.
Dorian : Mais Terry Gilliam n’est pas mort !

J.C. Satàn de J.C. Satàn est édité par le label Born Bad.

J.C. Satàn - J.C. Satàn

Pouet? Tsoin. Évidemment.

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