Théo a du coeur

Theo Lawrence & the Hearts © Fabrice Buffart
Theo Lawrence & The Hearts viennent de sortir un premier EP, Sticky Icky, cinq titres aux influences américaines revendiquées mais surtout digérées qui en font un des espoirs les plus talentueux de 2017.

Quelle trajectoire pour Theo Lawrence & The Hearts ! A peine quelques concerts dans les doigts à Bourges en avril dernier, on les retrouve en novembre au Ninkasi à Lyon pour un ‘Coup de Coeur’ coup de poing, avec un set impeccable de présence et de justesse. Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils sont doués. Ils séduisent instinctivement avec leur soul pleine de sève, leur énergie sincère et cette joie communicative d’être ensemble sur scène.

Éclosion

On vous avait vu à Bourges en avril dernier aux iNOUïS, que s’est-il passé pour vous depuis ?

D’abord on a signé avec un tourneur, Caramba, ce qui nous a permis de faire pas mal de dates et c’est important car Bourges c’était notre deuxième ou troisième concert en tant que groupe (le premier c’était l’audition) et donc le groupe a vraiment commencé à exister. On venait de sortir notre premier 45 tours deux titres, Heaven to me. Et puis Nevil est arrivé au clavier ce qui a été un grand changement et enfin on a enregistré notre EP, Sticky Icky qui est sorti fin novembre.

Theo Lawrence - Heaven to me

Vous avez donc fait pas mal de concerts sans avoir de disque à défendre à part le 45 tours ?

On ne s’est pas trop posé la question, notre manager nous a inscrit au printemps de bourges ce qui nous a obligé à sortir le 45 tours très vite, et après le tourneur grâce aux rencontres à Bourges est venu de lui même et nous a proposé du travail très vite pour défendre juste ces deux titres là. Bien sûr on n’a pas dit non ! Bourges nous à permis de rencontré plein de gens dont notre tourneur et notre super attachée de presse ! Bref cela nous a sorti de notre cave.

Quelle est l’évolution entre votre premier 45 tours et cet EP au niveau du son, de la production ?

C’est Louis-Marin (guitariste) qui l’a produit. Les premiers titres, on avait essayé de faire quelque chose de très très simple, pas forcément passéiste mais respectueux des traditions. Là on est resté dans le même état d’esprit mais on a peut être moins respecté les codes, mélangé plus de sons différents. Il y a toujours un côté assez organique et live, mais c’est pas un copier coller d’un truc d’avant. Toutes les prises ont été faites sur bandes, quasi toutes en live en deux jours et Louis-Marin a passé beaucoup de temps à prendre toute cette matière et à rendre un résultat personnel dans les arrangements et la production.

Theo Lawrence & the Hearts © Fabrice Buffart
Theo Lawrence & the Hearts © Fabrice Buffart

Sticky Icky

Le titre Sticky Icky est presque dansant…

Oui, on a surtout voulu avoir un son plus personnel. Heaven to me a été composé il y a bientôt deux ans, il y a eu peu de temps entre la composition et l’enregistrement de Sticky Icky et ce morceau représente vraiment le point où l’on en est. Jouer quelque chose qui nous ressemble même si on garde toutes nos influences. Il était important pour nous de ne pas refaire ce que l’on avait fait avec le 45 tours d’autant qu’on a encore plein de morceaux à venir.

Pour revenir sur vos influences, et on a du vous poser cette question maintes fois, mais vous êtes très jeunes et vous aimez la musique des années 50 et 60, cette culture là elle vient d’où, vous l’avez collectivement ?

Vraiment collectivement. On écoute grosso modo 50% de musiques actuelles et 50% de musiques du passé. Mais celle avec laquelle on a appris à faire de la musique quand on était petits, c’était quasi exclusivement des vieux trucs. Et puis on a le recul sur ces musiques là, on a cinquante ans de recul, on sait que c’est bien, que ça a été éprouvé. Et puis ensuite en grandissant, on a écouté d’autres choses plus actuelles toutes aussi intéressantes mais c’est vrai que les premières influences marquent le plus et restent.

Quand vous dites musiques actuelles, vous pensez a quoi ?

Ce sont surtout des choses qui ont sûrement un pied dans le passé aussi, mais on aime pas mal d’artistes « modernes », Anderson .Paak ou alors le revival soul comme Alabama Shakes. C’est impossible de ne pas être influencé par le passé à moins de vivre sur une île desserte. Même si on adore Lee Fields ou Charles Bradley, faire comme eux, ce n’est pas notre ambition, j’adore les voir en concert, mais c’est une couleur sur l’immensité de la palette.

Etes-vous allé aux Etats-Unis tous ensemble ? individuellement ?

On y est pas encore allé tous ensemble. Mais on va le faire ! Théo a fait le sud est, Memphis, Mississippi, Louisiane. C’était un peu un voyage de musicologie, pour voir et écouter les musiciens de là bas, chez Jack White aussi où je n’ai pas été déçu. Ce sont des gens comme nous très très passionnés dans un immeuble comme un autre. Je suis allé voir Al Green dans son église, découvrir les endroits où Mississippi John Hurt, Steve James, Robert Johnson, Son House ont joué et après la Nouvelle Orléans avec Dr John ou Allen Toussaint. C’était fort !

Et on peut enregistrer des titres chez Jack White comme du temps d’Elvis dans un cabine ?

Oui, oui, j’en ai enregistré deux là bas, je ne sais pas ce qu’on en fera mais cela fait un souvenir.

Et dans ton périple, tu as rencontré l’Amérique profonde ? (NDLR : Trump vient d’être élu la nuit précédent notre entretien)

Les seules personnes qui exposaient clairement et fièrement leurs opinions politiques étaient les ‘Trumpistes’… sur leurs pelouses par exemple… Il doit y avoir des partisans d’Hillary à Memphis mais ils ne le montrent pas. La première chose que j’ai vue à Memphis sur l’autoroute, ce fût un panneau d’affichage immense de Trump. Cela annonçait la couleur. Pareil à Nashville.

Theo Lawrence & The Hearts © Fabrice Buffart
Theo Lawrence & The Hearts © Fabrice Buffart

Tu as fait un duo avec une lyonnaise, Pomme, auriez-vous collectivement une envie de collaboration ?

On essaye de ne pas trop le dire mais on rêverait de collaborer avec Dan Auerbach des Black Keys pour éventuellement notre album mais on est très très satisfait du travail fait par Louis-Marin ! On est vraiment très fier du résultat avec peu de moyens et beaucoup de détermination !

Alors l’EP vient de sortir, mais l’album est déjà dans les tuyaux ?

On va essayer de faire d’abord vivre ces chansons, mais on a pas mal de titres en réserve vu que l’on est pas mal prolifique. Et cela ne veut pas dire que ce sont ceux qui seront sur un futur album, il reste plein de choses à écrire ! Mais on veut défendre cet EP car c’est vraiment la photographie de ce que l’on est en ce moment.

theo-lawrence-the-hearts-sticky-icky

Revenons à l’EP alors avec cette pochette étonnante et sans doute très personnelle ?

C’est nous qui l’avons faite, le crocodile vient de la Nouvelle Orléans, C’est Nevil qui a fait le layout et le graphisme, nous on a fournit les photos pour cet autel avec plein de petits indices que l’on retrouve dans les chansons. Un peu dans la tradition Nouvelle Orléans avec aussi un petit côté symboliste avec des objets tous très personnels : la pipe du grand père de Thibault, un petit portrait de Mohamed Ali car une chanson porte son nom. C’est vraiment un travail collectif, l’intérieur comme l’extérieur du disque.

Oui, il y a toutes proportions gardées un petit côté Sgt. Pepper des Beatles et comme j’avais 3 questions stupides pour finir… Hungry heart ou Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band ?

Springsteen ou les Beatles ! Alors le fan ultime de Springsteen c’est Rodrigue notre manager, il le porte dans son cœur ! Mais il y plus de connaisseurs des Beatles dans le groupe que du Boss.

Les Beatles, cela ne se ressent pas dans ce que vous faites.

Alors les Beatles, ce n’est pas trop ma tasse de thé (rires de Théo), mais quasiment tout le monde dans le groupe a appris la musique avec eux. On lutte contre les pulsions ‘beatlesques’ (Louis-Marin)

Theo Lawrence & The Hearts - Sticky Icky

Ton morceau préféré des Beatles alors ?

Louis-Marin : Il faudrait faire une interview rien que pour ça mais comme ça, je dirais Happiness Is a Warm Gun
Nevil : J’aime bien I’m so tired !
Olivier : Moi c’est Hey Bulldog pour sa basse !
Thibault : Moi cela serait plutôt Abbey Road et le tout premier car c’est le premier que j’ai découvert.
Théo : je donne quand même un titre ! un de mes préférés serait Don’t let me down

Il y en a tant… Act Naturally par Ringo qui doit être réhabilité !

Ma deuxième alternative pourrie était la suivante : Lawrence d’Arabie ou Jennifer Lawrence ?

En chœur : Jennifer Lawrence. Parce que Lawrence d’Arabie, cinq heures de balade en chameau !
Jennifer Lawrence… sur un chameau ! J’espère qu’on se retrouvera dans les mêmes moteurs de recherche qu’elle ! Enfin j’espère qu’elle tapera son nom un jour et qu’elle tombera sur nous.

Ma dernière question, peut être un peu moins stupide, Sticky Fingers ou Icky Thump ?

Alors on adore les deux ! J’aurais dit Elephant (Théo) si tu me l’avais proposé. Mais du coup je pense que tout le monde va être d’accord pour Sticky Fingers. On apprécie beaucoup les White Stripes mais Icky Thump est loin d’être notre album préféré. Et les Stones se sont beaucoup inspirés du blues et de la soul. Sticky Icky n’a rien a voir avec Icky Thump, c’est une appellation pour la marijuana aux Etats-Unis.

Theo Lawrence & The Hearts seront en concert le 7/02 à Vannes (Echonova), le 8/02 à Mérignac (Krakatoa), le 9/02 à Angoulême (La Nef), le 10/02 à Paris (La Maroquinerie) et le 11/02 à Rouen (Le 106).

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Date : 9 novembre 2016
Photographe

Lyonnais qui revendique sa mauvaise foi car comme le dit Baudelaire, "Pour être juste, la critique doit être partiale, passionnée, politique...", Davantage Grincheux que Prof si j'étais un des sept nains, j'aime avant tout la sincérité dans n''importe quel genre musical...

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