Molina à la moulinette

Jason Molina © Steve Gullick
La journaliste Erin Osmon (Chicago Sun-Times, Chicago Tribune, Pitchfork Review) publiera une biographie de Jason Molina (1973-2013). Héritier légitime du Loner, Molina a écrit les plus belles pages de la musique américaine des années 90 et des années 2000. Que ce soit avec Songs: Ohia ou Magnolia Electric Co., le guitariste de l'Ohio a frappé juste à chaque disque tout en augmentant, à chaque fois, la puissance de ses compositions.



La discographie complexe de Jason Molina est un enchantement divin pour celui qui la découvre tardivement. Planqué sous sa casquette Carhartt et ses gros sourcils, Molina n’a jamais fait dans l’esbroufe et a toujours réussi à nous toucher en plein cœur. Que ce soit sous la houlette de Steve Albini ou chez Elvis Presley, Molina a toujours écrit les plus belles chansons du monde.

Magnolia Electric Co. – Talk to Me Devil, Again

SK* a échangé quelques mots avec ce qui est convenu d’appeler sa biographe officielle.

Discographie

Pourquoi as-tu intitulé cet ouvrage Jason Molina: Riding with the Ghost ?

Erin Osmon : L’idée de « chevaucher avec des fantômes » est l’une des observations les plus profondes de Molina sur la condition humaine et elle lui a servi de point de repère constant dans son art et ses expériences. J’avais l’impression que c’était le titre idéal pour un livre sur sa vie.

Une question totalement idiote… Pourquoi as-tu écris un livre sur Jason Molina ?

Erin Osmon : Molina et moi-même sommes tous deux originaires du Midwest. J’ai eu la chance de découvrir le premier disque Songs: Ohia rapidement après qu’il soit sorti quand j’étais très jeune. A cette époque, à la fin des années 90, j’étais branchée par le punk et la musique indie à tendance heavy. Écouter les chansons intemporelles et acoustiques de Molina ont changé ma manière de voir les choses. Son œuvre a eu un impact important sur ma manière d’écouter de la musique et de me cultiver. J’ai suivi son parcours artistique et son histoire jusqu’à ses derniers jours.

Comment as-tu rencontré sa famille ?

Erin Osmon : Les membres de son groupe m’ont présenté à sa famille. Après avoir gagné leur confiance, j’ai pu leur poser des questions et ils m’ont répondu à mes interrogations.

Erin Osmon © Aiyana Taylor
Erin Osmon © Aiyana Taylor

Au final qui est Jason Molina ?

Erin Osmon : C’est une vaste question – pour une réponse holistique. Je recommande de lire le livre ! Pour l’instant je dirai que Molina était un esprit tentaculaire curieux de tout qui est venu sur terre pour un seul but : écrire des chansons. Malgré sa soif de simplicité et son éthique de travail, il pouvait se montrer extrêmement complexe et contradictoire.

Quelles difficultés as-tu rencontrées lors de la rédaction de cet ouvrage ?

Erin Osmon : En dehors des complications habituelles qui concernent la composition de son groupe et ses dates de tournées, j’ai eu quelques difficultés liées à la tragédie de son histoire.

Quelle est ta chanson préférée de Jason Molina

Erin Osmon : C’est une question difficile, car il y a des périodes très distinctes de Molina. Permets-moi de reformuler ta question : »Quelle est la chanson de Molina qui m’a le plus touchée ? » Et je te réponds Vanquisher (Cabwaylingo).

https://www.youtube.com/watch?v=ysvd23SPB78

Et tu peux m’en dire un peu plus sur cet album secret qui va être publié avec ton livre ?

Erin Osmon : Quand Jason Molina est mort, il s’était engagé dans deux directions : une totalement inconnue pour ses fans et l’autre avec des chansons en droite ligne de sa période solo.

Jason Molina : Riding with the Ghost d’Erin Osmon sera publié le 15 mai 2017 via Rowman & Littlefield / Secretly Canadian.
La photographie en une est signée Steve Gullick.

English text

What’s the reason behind the title Jason Molina: Riding with the Ghost ?

The idea of “riding with ghosts” is one of Molina’s most profound observations on the human condition, and served as a steady through line in his art and experiences. I felt like it was the perfect banner for a book about his life.

So… A stupid question. Why did you write a book about Jason Molina ?

Molina and I are both from the American Midwest, and I had the great fortune of discovering the first Songs: Ohia LP soon after it was released, when I was very young. At the time, in the late 1990s, I was super into loud indie and punk music. But hearing Molina’s timeless and simple acoustic songs changed my perspective. His music had a great impact on the way I listened to music and participated in music culture, and I followed his story and artistic output until his last days.

How did you meet his family ?

I was introduced to the Molina family through some of Jason’s bandmates, who essentially vouched for me after I had gained their trust and confidence.

For you… Who is Jason Molina (qualities/defaults) ?

This is a big question—for a holistic answer I recommend reading the book! For now I’ll say that Molina was a sprawling, many-sided spirit who was put on earth for one purpose: to write songs. While he craved simplicity and had a uniquely singular focus and work ethic, he could also be incredibly complex and contradictory.

What were your difficulties about the writing of this book ?

Outside of the standard complexities commensurate with tracing an artist who shuffled bandmates and tour dates like a deck of cards, there are parts of his story that are just so tragic.

What’s your favorite song of Molina ?

That’s a tough question, as there are very distinct periods of Molina. Allow me to rephrase it and say that the song that has impacted me the most for the longest period of time is “Vanquisher” (aka “Cabwaylingo”).

And could you tell me more about this unknown album ?

There are two strains of work Molina was engaged with when he died. One strain consisted of songs that would be a totally unfamiliar sound to a Molina fan. The other had songs that are more in line with his solo period.

Pouet? Tsoin. Évidemment.

Cela pourrait vous intéresser

Jason Molina - Eight Gates

Jason Molina – Eight Gates

Secretly Canadian publie à titre posthume les ultimes enregistrements de Jason Molina. Les chansons d’Eight Gates ont été enregistrées en 2013, quelques mois avant la mort de son auteur. Sur ces neuf pistes, Molina oublie les guitares de Magnolia Electric et se projette dans les nuits sombres de The Lioness.
Jason Molina © Steve Gullick

Le testament à l’anglaise de Jason Molina

Tragiquement disparu à l’âge de 39 ans en 2013, Jason Molina (Songs: Ohia et Magnolia Electric Co) a laisse derrière lui quelques secrets dont ce disque, Eight Gates, enregistré à Londres entre 2007 et 2008 que Secretly Canadian publiera cet été.
Goshen Electric Co.

La tour grise des Goshen Electric Co.

On savait Tim Showalter de Strand of Oaks fan de Jason Molina (Songs Ohia, Magnolia Electric Co.). Après avoir participé à un album de reprises, voilà que Showalter reprend des morceaux de feu Molina avec ses proches.
Jason Molina © Steve Gullick

[Micro-Photos] Steve Gullick, les pellicules du désir

Originaire de Coventry en Angleterre, Steve Gullick a parcouru les Etats-Unis avec son Widelux pour immortaliser les géants du rock indé dans leur ville. Avec Gullick, on se surprendra à croiser Jason Molina sur le toit d’un building anonyme de Chicago et Kurt Wagner devant un club de strip-tease de Nashville. Autodidacte, il a appris […]

Plus dans News

Louisecombier-nuitscinmatiqueselisagrosman

Les nuits de Louise

Louise Combier poursuit sa mue vers une pop sophistiquée et décomplexée. On attend un album avec impatience.
Wd

Wendy Chéris !

The Wendy Darlings ne sont pas du tout ridicules sur cette compilation du label anglais, Prefect Records qui porte bien son nom. Ridicule figurera aussi sur leur troisième album Lipstick Fire qui sort chez Lunadélia Records et Influenza Records le 11 avril.
431521286 947317123431714 3521913700521939428 N

God is a concept

Le soleil provençal fait du bien à Nick Cave qui retrouve ses Bad Seeds pour une nouvelle germination musicale. Wild God est en écoute et sera aussi le titre du prochain album qui sort le 30 août.
Elysianfields Vincent Assi

Aux champs Élysées

Que peut bien encore nous donner la voix langoureuse et charnelle de Jennifer Charles et d’Elysian Fields ? Et bien du sang sur les ronces !