En 2017, on a découvert Matthew Edwards And The Unfortunates. Et on s'est senti à la fois soulagé et un peu idiot. Il y a donc encore des plumes de grand calibre en Angleterre... Mais il nous aura fallu cinq ans pour le reconnaître.


A l’heure d’Internet, des réseaux sociaux et du mp3. Le premier album de ce natif de Birmingham, The Fates est sorti en 2012 et a le mérite de contenir de très belles choses et de figer le décor. Edwards déplace ses chansons et ses personnages dans un cadre musical qui possède les couleurs de l’endroit où sont écrites ses chansons. Ecouter The Fates et vous avez la bande originale d’un film tourné avec une caméra 8mm. Ecouter Folklore, c’est se retrouver à Birmingham, sous la pluie avec des disques de Felt sous le bras.
Et quels sont les effets d’une écoute de The Birmingham Poets ? On ferme les yeux, on se retrouve à Birmingham… On a embarqué quelques Inrocks de 1991, un paquet de cigarettes et on replonge dans un passé glorieux. Tout en étant bien présent, Matthew Edwards nous replonge dans un passé que l’on croyait définitivement perdu.

Folklore a été publié en 2017 et tu es déjà de retour. Penses-tu être quelqu’un qui écrit rapidement ?

Folklore a été publié en 2017, mais sa gestation et sa création s’étalent sur les deux années précédentes. Je n’écris pas «sur commande» ou en me fixant une date. Quand j’ai quelque chose à dire, je veux l’écrire. Sinon, je n’écris pas. Certaines de ces chansons ont été écrites en dix minutes et une (The Sons Of Marxist Fathers) a pris deux ans !

Birmingham Poets sort sur le label français December Square, pourquoi ce choix ?

J’ai rencontré Pascal du label lors d’un concert de Michael Head à Londres il y a environ 18 mois. J’avais une grande admiration pour le graphisme de l’affiche du concert. Nous nous sommes rencontrés et j’en ai profité pour lui confier les précédents disques des Unfortunates. Il les a beaucoup aimés. Il a alors aidé mon ancien label (Gare du Nord) à me faire venir à Paris pour faire un concert qui s’est avéré être un succès. Je suis revenu et j’ai encore joué et les choses se sont accélérées. Il me semble que la France a mieux compris ce que je fais. C’était extrêmement encourageant. Peu de temps après, Pascal et les gars de December Square m’ont demandé si je voulais faire un disque avec eux. La réponse était ridiculement affirmative. December Square a une philosophie et une esthétique auxquelles je peux croire : l’art d’abord!

Matthew Edwards & The Unfortunates - California, Can You Wait
Matthew Edwards & The Unfortunates – California, Can You Wait ? (Copyright Pascal Blua/December Square)

Dans notre première interview, tu évoquais que ce disque serait très autobiographique. C’est le cas ?

Oui, ça l’est. Tous mes disque sont personnels car je ne peux pas faire autrement. Ce disque ne pouvait être qu’autobiographique car il s’est passé beaucoup de choses dans ma vie. Pendant l’écriture, j’ai perdu mon père et ma mère après l’enregistrement des chansons. Chaque membre du groupe a souffert de pertes, de maladies et de chagrin d’amour au cours de cette création de ce disque. Cependant, nous l’avons réussi à le finir. À Birmingham, nous avons un dicton qui dit: «Reste debout même en étant au bord de la route». C’est ma devise.

Tu as de nouveau travaillé avec John A. Rivers. Pourquoi ?

Je crois en John (Felt, Dead Can Dance etc). Son CV est parfait. De plus, il n’est pas un pédant: il travaille vite et ne s’embarrasse pas de choses futiles. J’ai sélectionné «l’art» avant d’enregistrer. John peut m’aider à exprimer ce que je veux quand nous sommes en studio.

Cet enregistrement fut facile ? Combien de temps cela vous a pris ?

Nous avons répété ces chansons intensément une fois par semaine pendant 8 semaines puis nous avons enregistré très rapidement en 6 sessions rapides. Nous les connaissions de l’intérieur. Il y a pas mal de prises lives. Toutes les voix ont été enregistrées en une prise ou deux. J’ai répété intensément avec Craigus (guitare) car je savais que ce serait un album plus orienté vers cet instrument. Un des Unfortunates étant tombé malade, Craigus et moi-même avons profité de ce temps mort pour mettre les choses en forme. Je n’aime pas enregistrer à la maison et je n’aime pas les sessions laborieuses en studio. J’aime être préparé et faire passer l’émotion. Je suppose que je suis toujours un punk au grand cœur !

Quelle est l’histoire de la photographie que tu as-utilisée pour la pochette ?

Je suis tombé dessus par hasard. Le photographe Nicolas Bouvier est français mais vit aux États-Unis et réalise des photographies sous le nom de Sparth. J’ai adoré cette image, c’est un mystère qui correspond au titre que j’avais déjà. Les visuels sont très importants pour moi. D’où mon amour pour le travail de Pascal.

Comment as-tu trouvé le son de ce disque?

Naturellement. J’ai écoute beaucoup de choses qui n’ont pas de rapport avec le son des Unfortunates : La Dusseldorf, Steeleye Span, Joe Meek, Slapp Happy… Avec Derick et Bobby, je savais que j’avais une section rythmique capable de créer de nombreux grooves différents. J’ai donné à David (claviers) une palette sur laquelle travailler qui va des mellotrons en passant par le thérémini et avec uniquement un petit piano. Et évidemment, Craigus Barry symbolise le grand changement. Je savais qu’il pourrait amener ce truc à la Tom Verlaine ou à la Phil Manzanera et il l’a fait. Je savais ce que je voulais et j’ai la place libre à Chaps en sachant qu’ils «l’auraient» et ils l’ont fait! Je souhaitais une présence féminine forte sur le disque. J’ai donc demandé à mes amies Danielle Cawdell et Kirsty Griffiths d’être mon «chœur grec». Une fois encore, j’ai eu la chance d’avoir Dagmar Krause pour chanter avec moi : sa contribution ne doit pas être sous-estimée. Il y a aussi un duo avec l’un de mes chanteuses françaises préférées, Lonny Montem. Enfin, j’ai invité ma femme à chanter des paroles particulièrement cruelles sur moi-même. Je pense qu’elle a savouré ce moment !

Pourrais tu définir ce disque avec un seul mot ?

Je cherche toujours la romance sous le béton. Un mot ? Le soulagement. Une sorte de fermeture ? En faisant ce disque, je marchais sur la corde raide, le sol sous moi semblait disparaître et j’aurais pu tout perdre. Je vis dans l’espoir que les gens l’écoutent et le comprennent. Si vous m’invitez à jouer chez vous, je viendrai.

Matthew Edwards & The Unfortunates - The Birmingham Poets

The Birmingham Poets de Matthew Edwards & The Unfortunates sera disponible le 5 avril 2019 chez December Square/Differ-ant.
L’artwork est signé Pascal Blua pour December Square.

Matthew Edwards & The Unfortunates - The Birmingham Poets

Tracklist : Matthew Edwards & The Unfortunates - The Birmingham Poets
  1. Beside Myself
  2. Bad Design
  3. Anthony Bold
  4. Desire Is A Witch
  5. The Sons Of Marxist Fathers
  6. The Birmingham Poets
  7. California; Can You Wait?
  8. Our Boldest Daughter
  9. The Rag Trade
  10. We Think The World Of You

English text

Folklore was published in 2017. You are already back ! How did long the song writing take you?

Folklore was released in 2017 but it’s gestation and creation spanned the two years prior. I don’t write ‘to order’ or a schedule. When I have something I want to say I write. Otherwise, I don’t write. Some of these songs were written in ten minutes and one (The Sons Of Marxist Fathers) took two years!

Birmingham Poets will be published by December Square. Why did you choose this new French label?

I met Pascal from the label at a Michael Head show in London about 18 months ago. I had a great admiration for his poster design for the show so we met and I passed on my previous Unfortunates records to him. He very much liked them so he helped my old label Gare Du Nord and I to come over to Paris and play a show that proved very successful. I came back and played again and the ball started rolling! It seemed to me that France really got a grasp of what I do. It was enormously heartening. Not long after Pascal and the December Square guys asked me if I’d like to make a record with them? The answer was ridiculously in the affirmative. DS has a ethos and aesthetic I can believe in: art first!

In your previous interview, you said that your next album will be more autobiographical. It’s the case?

Yes, it is. All my records are personal as I cannot write any other way, but with this one so many things were happening in my life that ‘the personal’ was unavoidable. During writing it I lost my father and after finishing recording my mother. Each Unfortunate suffered loss, illness and heartache during this records creation. However, we completed it. We have a saying in Birmingham ‘Keep right on to the end of the road…’ – that is my motto.

You worked one more time with John A. Rivers. Why?

I trust John. His pedigree (Felt, Dead Can Dance etc) is faultless. Plus, he is not a pedant: he’s practical and works quickly. I’ve sorted out ‘the art’ before recording and he can help me articulate what I want when we are in the studio.

How easy was the recording process of this LP ? How did long it take you?

We rehearsed these songs intensively once a week for 8 weeks and then recorded very swiftly over 6 quick sessions. We knew them inside out so a lot was live. All the vocals are first or second take. I rehearsed intensively with Craigus (guitar) as I knew this was going to be a more guitar-oriented album. One of the Unfortunates became ill so Craigus and I used the down time to get things into shape. I don’t like home recording and I don’t like laborious studio sessions. I like to be prepared and get the emotion across. I guess I’m still punk-rock at heart!

What’s the story of the cover of this album? Where did you find the picture?

I chanced upon it. The photographer Nicolas Bouvier is French but lives in the US and makes photographs under the name Sparth. I loved the image, it’s mystery, and it fitted the title I already had. The visuals are very important to me; Hence, my love of Pascal’s work.

How did you find the sound of this LP?

Naturally. I was listening to a lot of things that folks might not connect with the sound of the record or the Unfortunates: La Dusseldorf, Steeleye Span, Joe Meek, Slapp Happy (always),

I knew in Derick and Bobby I had a rhythm section capable of creating many different grooves. I gave David (keys) a palette to work with: mellotrons, theremin, and a little piano only. Then of course a big change by bringing a lead guitar player in: Craigus Barry. I knew he could bring this Tom Verlaine/Phil Manzanera thing in and he did. I knew what I wanted and gave the chaps free berth secure in the knowledge they’d ‘get it’ and they did! I wanted a strong female presence on the record so enlisted my friends Danielle Cawdell and Kirsty Griffiths to be my ‘Greek chorus.’ Once again I was blessed with having Dagmar Krause sing with me: her contribution cannot be understated. There is a duet with one of my very favourite French singers Lonny Montem too. Lastly, I roped my wife in to sing some particularly cruel lyrics regarding myself. I think she relished it! Ha!

Could you define this record with only one word… Which one?

I am still looking for the romance underneath the concrete. Word? Relief. A kind of closure? Making this record I walked a tightrope, the ground beneath me seemed to disappear and all I could do was complete it. I live in the hope that people listen and understand?

If you invite me to play at your house, I will.

Pouet? Tsoin. Évidemment.

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