Attention, c’est O !

O © Louis Teyssedou
A terre... On est tombé à terre en écoutant le premier extrait d'Attention, le prochain EP d'Olivier Marguerit aka O. Après son album Un Torrent, La Boue, O muscle son jeu et part à l'assaut de la montagne pop avec une cordée de musiciens. Enregistré par Yann Arnaud, le nouvel EP inaugure un nouveau tour de force et nous promet des heures glorieuses. Entretien avec O et Arnaud. Haut les cœurs !

Olivier Marguerit

Pourquoi passer par la case EP ? Il faut le voir comme un trait d’union entre deux albums ?

O : Non, cet EP annonce vraiment mon deuxième album. Il faut plus le voir comme un single, À terre accompagné de deux morceaux. Je voulais passer par cette étape car ça me donnait plus de temps pour bosser le live. J’ai envie d’être ambitieux de ce côté là. Le groupe va s’agrandir, on va essayer de tenter des choses nouvelles. L’EP va permettre de commencer à présenter de la musique et faire quelques concerts. Si tout se passe bien, l’album sort en janvier et le groupe sera prêt pour une tournée des Zéniths!

O © Louis Teyssedou

Comment sont nées les chansons de ce nouvel EP?

Après la première tournée, j’ai voulu assez rapidement me remettre au travail. J’avais très envie de faire un disque en réaction au premier. Les chansons de Un torrent, la boue étaient parfois sinueuses, alambiquées. Je voulais faire le contraire. Des morceaux toniques avec des structures assez classiques. Quelque chose de très très pop.
Et puis en me mettant au travail j’ai découvert que la composition du deuxième album, ce n’est pas comme le premier. Un premier disque se compose un peu malgré soi, on ne se rend pas vraiment compte qu’on est en train de faire un disque. Avec le deuxième disque, j’ai découvert cette fameuse page blanche dont parle les écrivains : bon et maintenant, qu’est-ce que je fais ?

Tu étais à sec ?

Pas vraiment parce que j’ai toujours des choses en tête. Des bouts de musique dans des dictaphones, des phrases notées dans un carnet mais ce ne sont pas encore des chansons. Je commence à me connaître et j’ai besoin d’un cadre pour pouvoir bien travailler. Des idées un peu fortes qui pourront donner une cohérence et une direction dans les arrangements, la production… J’ai un peu merdouillé pendant un temps à chercher, essayer des choses.

Comme ?

Le disque est passé par plein d’étapes dans ma tête. J’ai envisagé de faire un double album super foutraque, un disque très conceptuel autour des saisons, plein de pistes. J’avais besoin de chercher.
J’avais toujours en tête ce désir initial tourné vers une énergie adolescente. Quelque chose de plus frontal, chanté de façon plus affirmée. Bizarrement, le morceau qui a tout déclenché c’est Attention. C’est le premier que j’ai fini, maquetté et j’ai eu le sentiment d’avoir trouvé l’énergie, la voix et la voie. Je dis bizarrement parce qu’au final le morceau ne sera pas sur le disque. Je n’arrivais pas à l’insérer. Il a quand même une énergie « rock » assez inhabituelle chez moi. Je suis content du coup qu’il trouve une place dans cet EP.

Quelle est l’histoire de la chanson A Terre ? Elle évoque le vertige ?

À terre est un morceau assez central du prochain disque. Il représente assez bien ce que je voulais faire musicalement. Un refrain très pop, un tempo assez enlevé, un groupe qui joue…

O – A Terre

Et effectivement, le morceau évoque le vertige ou plus généralement la chute. C’est un thème central dans l’album. Le premier album était plutôt aquatique, celui-ci est clairement orienté vers la hauteur et l’idée de la chute. Le point départ de À terre, c’est une image mentale. Je suis à moitié enterré dans le sol, les jambes bloquées par une boue épaisse. Qu’est-ce que je fous là ? Pourquoi suis-je là ? Que m’est-il arrivé ?

Qui est présent sur cet EP ? Des gens de ta bande (Thousand, Halo Maud…) ont joué ?

Carrément, comme je te disais, je voulais faire un disque en réaction au premier. Dans sa production aussi. Je ne voulais pas tout faire seul dans mon coin comme pour Un torrent, la boue. J’ai donc proposé à mes compagnons de tournée Jérôme Laperruque et Mathieu Geghre ainsi que Sylvain Joasson (batteur de Thousand) de m’aider. J’avais aussi très envie de former un choeur féminin qui pourrait créer de la cohérence entre les morceaux. J’ai proposé à Maud Nadal (Halo Maud), Pauline Delassus (Mina Tindle) et Emma Broughton de m’apporter leur grâce et j’ai beaucoup de chance car elles ont accepté. Comme le premier album, Yann Arnaud m’a aidé à réaliser le disque et l’a mixé. C’est quelqu’un d’important dans mon processus de création. C’est mon regard extérieur.

Rémy Poncet aka Chevalrex a été aux manettes pour la conception de la pochette. Tu lui as laissé carte blanche ?

J’adore le travail de Rémy. J’ai joué sur son disque et on fait des concerts ensemble donc on est devenus amis. Ça fait plusieurs mois que je lui parle de ce disque et d’idées que j’ai en tête. Rémy a besoin de bosser dans son coin pendant un temps pour essayer des choses pour ensuite rentrer dans un échange afin d’affiner. Pour cet EP en particulier, on voulait d’abord trouver la pochette de l’album pour ensuite pouvoir envisager une déclinaison. Je suis très content du résultat. L’ensemble sera cohérent et différent du premier.

Yann Arnaud

Comment as-tu réagi quand il t’a demandé de travailler de nouveau avec lui ?

Yann Arnaud : Notre collaboration est ancienne. J’ai commencé à travailler avec Olivier en 2002 quand il jouait avec les Los Chicros.

Oui, j’ai lu que tu avais travaillé sur le premier Phoenix !

Pas tout à fait. J’étais assistant à +30, le studio où ils l’ont enregistré. J’ai bossé sur le deuxième album; le temps d’une journée. A cette époque je travaillais avec Air, j’ai donc enregistré quelques claviers. Pour le troisième, j’ai bossé trois ou quatre jours dessus car je remplaçais Julien Delfos. Pour Los Chicros, la connexion vient de Chaville. J’ai rencontré Mathieu et Philippe des Chicros via des amis. C’est ainsi que j’ai rencontré Olivier. Et puis il a intégré Syd Matters. Il est arrivé pour Someday We Will Foresee Obstacles. A partir de cet instant, on ne s’est plus quitté. On forme un binôme depuis 10 ans. On se comprend sans se parler, ce qui peut-être pénible pour les autres. On aime les mêmes disques aussi…

Lesquels ?

Le mot disque n’est peut-être pas très adapté. Disons que nous aimons le même paysage musical. On aime les mêmes chansons des mêmes disques au même moment.

Et quelles chansons ?

J’aime les chansons lentes et mélancoliques. Je ne sais pas si cela se ressent dans notre travail. On bloque sur les mêmes chansons, les mêmes voix et les mêmes harmonies. C’est une force qui peut aussi nous mettre en danger. Il donc faut faire attention. Chacun à son rôle et ses compétences. J’ai mixé ses premiers EP’s. Je suis un peu sa troisième oreille. On a travaillé sur des disques ensemble. S’il ne m’avait pas proposé de faire ce disque, j’aurais été déçu évidemment.

Et comment travaillez-vous ? Comment es-tu entré dans son processus de création ?

Là le maître mot, c’est qu’il ne reste pas seul dès le départ. On a inversé la démarche du premier disque.
Je l’entends travailler parfois aussi. J’ai une oreille qui traîne. L’enregistrement de son premier album s’est étiré sur plusieurs années. On est donc parti de sessions lives. Mon rôle… C’est de rassurer les gens. Et de leur donner un avis objectif sur la musique. Je réfléchis en terme de ressenti… Objectiver une émotion est difficile. J’ai une écoute assez développée car je l’ai énormément travaillée. J’ai un rapport naturel à l’écoute. C’est un acquis. Je concentre mon ressenti sur l’émotion du disque.

As-tu l’impression d’être dans une famille avec Thousand et Emma Broughton ?

Oui, totalement ! On forme une famille musicale. Je suis un peu le tonton de tous ces gens… Je suis un peu plus âgé qu’eux.

Petite question technique. Je vois que tu as une multitude de petits cahiers où tu notes des chiffres. A quoi font-ils référence ?

C’est mes cahiers de recall. Je les ai quand je mixe. Le métier a beaucoup changé depuis mes débuts. J’ai commencé aux Studios Plus 30 en tant qu’assistant stagiaire. J’ai appris à travailler avec des studios à bandes.

Des studios analogiques ?

Non numériques. On gravait des 0 et des 1 sur des bandes. J’ai commencé à l’apogée du système DAH. J’ai vécu le bouleversement numérique. Les consoles ont plus ou moins disparu, certains studios ont fermé… Le métier a changé, les artistes ont changé aussi.

Et qu’est ce qu’un cahier de recall ?

A l’époque, il fallait quand même revenir sur les mixs. Je note donc tous mes réglages sur un cahier.

Tous les boutons ?

C’est cela même. Tout est noté. On pouvait faire une photo aussi. Faire un recall pouvait prendre deux heures de préparation. Je bosse encore avec des machines analogiques donc je note tout. J’en suis à mon treizième cahier.

Une page correspond à une chanson ?

Oui voilà… Les cahiers ont 100 pages. J’ai donc les réglages des mixs de 1300 chansons.

Olivier Marguerit - Attention

Tracklist : Olivier Marguerit - Attention
  1. A terre
  2. Attention
  3. Indian song

Pouet? Tsoin. Évidemment.

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