Michel Cloup – Backflip au dessus du Chaos

On avait déjà pris une bonne mandale avec la mise en voix et en musique d’A la ligne avec les complices Bouaziz et Rufié de l’indispensable et regretté Joseph Ponthus. On retrouvait l’urgence et la fulgurance de ce poème tragicomique, miroir d’une société prétendument disparu. Avec Backflip au dessus du Chaos, enregistré en solo à la maison, Michel Cloup brûle brûle brûle tout sur son passage. Dès les premières mesures abrasives d’en attendant demain, on sait que l’état de lieux va être rude, rugueux, sans concession. C’est un incendie musical, non, une bombe à fragmentation dont chaque titre perce l’armure de l’hypocrisie et de la démagogie d’une époque. Un blitzkrieg à la mollesse ambiante. C‘est à cause de l’ennui si je suis ici derrière le micro éructe t-il dans Lâcher prise morceau pivot dément du disque, il précise, aussi à cause de la tristesse qui est toujours là. C’est comme si le Velvet avait copulé avec Devo. Michel Cloup explique qu’il avait deux options, « faire un album de vieux con, avec sa guitare, sa voix, des chansons lentes et éventuellement un quatuor à cordes (toute ressemblance…) ou remettre le compteur à zéro et partir sur autre chose, tout en sachant qu’après 30 ans de musique, on ne se réinvente pas totalement, heureusement que ce genre de naïveté a disparu avec l’âge. » Michel Cloup renverse donc la table, on ressort exsangue après cette insurrection sonore, ce lâcher prise, véritable bétonnière musicale radicale. « Je n’avais pas envie de revenir avec un album accablant mais plutôt une boule de feu qui hurle en s’agitant frénétiquement dans tous les sens ». Et c’est réussi. Vieillir est une injonction à vivre, Ciao Bye bye aussi tout en disant adieu à l’ami Joseph. Michel Cloup conclut par sa lutte finale, il ose son Internationale qui on l’espère sera chantée dans les prochaines manifestations.