J/B/M – Stray Ashes : Mélancolique gifle canadienne

J/B/M – Stray Ashes
J’avais un ami qui habitait à côté du label Fargo Records, rue de la folie Méricourt, un petit appartement, avec un piano, des bouquins. Il ne causait pas beaucoup, et on partait faire de longues balades silencieuses, jusqu’à Bastille, et retour. Invariablement, avant d’arriver chez lui, je rentrais chez Fargo. Petite boutique boisée, pleine de vinyles, un fauteuil en cuir, des affiches, partout, des disques.


J’en voyais sortir des jeunes filles, guitares sous le bras, de grands types aux cheveux longs, barbus. Peut-être Alela Diane, un jour, qui sait. Son histoire est assez indissociable de Fargo, et elle venait de signer avec le label lorsque j’ai commencé à traîner mes basques dans la rue. Fargo a toujours eu ce petit brin de quelque chose, un talent fou pour dénicher les futurs grands, Alela Diane, bien sur, dont tout amateur de Folk a du tomber amoureux une fois, mais aussi Emilie Loizeau, disque d’or, comme sa grande soeur avec Fargo. Quatre ans plus tard, le label continue son fastidieux travail de défricheur, et leur dernière signature est une petite pépite.

J/B/M

J/B/M est d’origine canadienne, et généralement c’est bon signe. Il vient tout juste de rejoindre Fargo pour la diffusion française de ses titres, bien que son album, Stray Ashes soit sorti en 2012 chez Western Vinyle. Et laissez-moi vous dire qu’en matière de folk-pop atmosphérique, ça se pose là, avec force et beauté.

JBM – Forest

C’est ce titre, en particulier, qui nous passionne, Forest, ce lent constat de l’attente amoureuse, et ses guitares électriques qui s’éteignent à petit feu, un titre impuissant à raviver la flamme de celui qui chante la mélancolie ardente. Mais on doit aussi écouter Ferry, l’ouverture de l’album et sa rage latente, réprimée, et superbe. Go Canada. Le rapprochement avec les aînés et facile, et l’on entend la lignée dans la voix de Jesse Marchant. Mais c’est beau, et ça fonctionne. Le tout a été produit par John Congleton, responsable entre autres de petits chefs-d’oeuvre comme St. Vincent, ou Shearwater, alors si ça ça ne vous suffit pas, là je ne sais plus. Mais il va y avoir un moment, dans le mois de soleil à venir, où rien n’aura correspondu à vos plans, à vos attentes. Vous vous retrouverez, clefs en main et seul, sur un parking dont vous auriez voulu repartir accompagné. Ça ne se sera pas fait parce que la vie nous marche dessus. Montez en voiture, et écoutez JBM. Merci Fargo, comme d’habitude.

JBM – On Fire On A Tightrope

1 réponse sur « J/B/M – Stray Ashes : Mélancolique gifle canadienne »

Dommage que ça ne sorte (officiellement) en France qu’une fois que le projet n’est plus d’actualité… Le nouvel album est étiqueté Jesse Marchant ! Mais bon, mieux vaut tard que jamais, et ce n’est pas très surprenant que Fargo soit le sauveur sur ce coup-là :)

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