Eskimo ou le secret des banquises

Le premier EP d'Eskimo est un patchwork musical de la vie de son auteur. Il y a évidemment la présence tutélaire de Tonton Thurston Moore et de Tata Kim Gordon... Il y a aussi l'influence incontestable de Keiji Haino dont Eskimo est la meilleure ambassadrice dans nos contrées. Mais Dancing Shadows pourrait surtout être la bande originale d'une série scandinave. Sur un rythme lent, les scénaristes danois ou suédois mettent souvent en place un canevas efficace et entêtant. Sans s'en rendre compte, ESKIMO vient d'adopter la même technique et capte l'attention comme personne.

Toutes tes chansons ont-été écrites au Danemark ?

ESKIMO : Non, pas toutes.

Lesquelles ont été écrites dans ce pays ?

ESKIMO : Run Mind notamment. Et Fragment Wall. Donc tout n’a pas été écrit au Danemark.

Tu as une relation particulière avec ce pays ? Les choses ne se sont pas très bien passées ?

ESKIMO : Oui en effet…

Cela a été porteur en terme de créativité ?

ESKIMO : Oui, je pense. Cette configuration a permis de la création. Le mal-être en général est créatif.

Run Mind a une place de choix. C’est ton single et cette chanson bénéficie d’un clip…

ESKIMO : C’est un peu le tube. Mais la version du clip n’est pas la même que sur l’album.

Eskimo – Run Mind

Ton mal être a donné naissance à un tube.

ESKIMO : Apparemment.

L’enregistrement avec Dimitri Dedonder a duré combien de temps ?

ESKIMO : Trois jours.

Trois jours !!!

ESKIMO : Oui cela a été expéditif.

Et pourquoi ?

ESKIMO : Parce que pas cher. Plus tu fais de jours, plus c’est cher.

Donc une raison économique.

ESKIMO : Et d’autres raisons aussi. Mes musiciens étaient disponibles que trois jours. Donc trois jours. Cela a été rapide.

Donc peu de prises ?

ESKIMO : C’était assez court.

Pour Run Mind, combien de prises ?

ESKIMO : Je ne me rappelle pas. Attends.
Pour Red Umbrella, il a fallu deux prises. Je suis toute seule dessus. Guitare, voix..
La première prise était correcte mais elle ne me satisfaisait pas. Et donc une deuxième prise. Pour les autres, je ne m’en rappelle pas.

Tu évoques le fait d’enregistrer un album. Économiquement…

ESKIMO : Il faudrait effectivement trouver un label.

Et tu es en recherche de label en ce moment ?

ESKIMO : Non je cherche un tourneur. En ce moment, il y a un coté très parisien. On me connait un peu à Paris. En dehors, beaucoup moins.
Dernièrement je suis allé à Metz et j’en suis ravie. Je suis très contente d’aller en province. Mais vraiment ! C’est un réel plaisir.
Je retourne à Metz cet été pour un festival. Et je vais essayer d’aller à Nantes, La Rochelle et peut-être Bordeaux. Je vais voir avec ces trois endroits.

Sous quelle configuration ?

ESKIMO : Tout dépendra de l’emploi du temps de mes musiciens.

Tu écris à quel moment de la journée ?

ESKIMO : Cela peut être le soir, le matin..

Tu n’es pas un oiseau de nuit ?

ESKIMO : Non. C’est à tout moment.

Et de quelle manière les écris-tu ?

ESKIMO : La musique avant. Des mots arrivent.. Et une construction arrive. Les mots qui apparaissent vont créer la chanson.

Quels sont les mots qui te sont apparus pour Run Mind ?

ESKIMO : C’est assez particulier pour Run Mind car j’avais un début de texte qui existait d’avant. J’ai construit cette chanson sur quelque chose d’avant.

Et Milky Way ?

ESKIMO : Alors Milky Way… Je suis allée à un festival et je voulais faire une chanson sur mon père. J’y étais avec une amie et le ciel était très clair. On voyait la voie lactée. Je voulais écrire une chanson sur ce moment passé avec mon amie et mon père. Mais c’est surtout une chanson sur mon père !

Et tu écris rapidement ?

ESKIMO : Pareil, c’est très fluctuant. Certaines, c’est en deux temps trois mouvements et d’autres c’est plus difficile. Je prends ma guitare, je bosse et je n’aime pas… Tout dépend du début. Mais je suis assez spontanée. Si c’est là, si les bases sont installées, ça part.

Tu réécoutes ta musique ?

ESKIMO : J’ai du mal. C’est comme quand tu te regardes dans un miroir.

Et en parlant de regarder ton image, comment as-tu rencontré Julien Bourgeois qui a fait tes photos de presse ?

ESKIMO : C’est grâce à Laura (Le Baron, son attachée de presse) qui m’a donné son contact. Ce fut une super rencontre. Ce n’est pas facile… Il est très discret. Tout c’est bien passé. J’avais un peu peur.

De ?

ESKIMO : De me faire prendre en photo. Ce n’est jamais évident.

Tu avais des modèles d’EP qui ont influencé Dancing Shadows?

ESKIMO : Non. J’ai été plus influencé par des albums.

Comme ?

ESKIMO : J’aime Sonic Youth. Et Radiohead ! Je ne parle pas assez de Radiohead. Et Keiji Haino. Cat Power aussi. J’ai beaucoup écouté Cat Power. Et Alela Diane. J’aime bien cette femme.

Et tu as quelle formation ?

ESKIMO : Je suis allé dans une école de jazz pour ma voix, Atla. Au départ, je voulais faire du jazz.

Et comment tu te retrouves à faire du rock affilié à Sonic Youth ?

ESKIMO : L’école était ouverte à toutes les musiques. Je me suis fait pote avec des gens qui faisait de la cold wave. On a fait le groupe Mhayrish. Mais je ne voulais pas faire ça. C’est juste que je les aimais bien et que je voulais faire ça avec eux. Et j’ai bifurqué. C’est la vie. J’ai rencontré des gens qui te font aller vers d’autres chemins qui sont aussi les tiens au bout du compte.

Il y a des choses inabouties qui ne sont pas sur Dancing Shadows ?

ESKIMO : Non.

Et il y a des morceaux qui pourraient arriver sur l’album ?

ESKIMO : Peut-être Déséquilibre Amant mais,je pense que je vais passer à autre chose.

Tu as eu des bons retours de ton concert au Supersonic ?

ESKIMO :Oui Pop Culture a adoré, Antoine Dubuquoy et son blog ont adoré. Il y a eu peu de presse et pas de tourneur… Longueur d’ondes a beaucoup aimé aussi.

Tu fais attention à ce qu’on écrit sur toi ?

ESKIMO : Ah oui c’est hyper important. D’autant plus quand tu as aucune nouvelle des labels.
Les Inrocks étaient aussi présents au Supersonic et ils ont adoré.

TOP 12

1) Le meilleur album de 2015 ?

ESKIMO : C’est très compliqué… Je sèche.

Et 2016 ?

ESKIMO : J’aime beaucoup Thomas Cohen. J’écoutais ça quand je suis arrivée.

Thomas Cohen – Hazy Shades

2) L’album que tu attends le plus ?

ESKIMO : Celui d’Angel Olsen.

3) La meilleure salle pour faire un concert ?

ESKIMO : Les Bouffes du Nord.

4) La meilleure salle pour voir un concert ?

ESKIMO : Les Bouffes du Nord.

5) Ton album de Sonic Youth préféré ?

ESKIMO : Tous. Je ne peux pas choisir.

6) Qui choisis-tu si tu as l’opportunité de tourner un rockumentaire ?

ESKIMO : Keiji Haino.

7) Stockholm ou Copenhague ?

ESKIMO : Stockholm.

8) Ton groupe scandinave préféré ?

ESKIMO : Pas scandinave mais du Nord, Björk.

9) Si on t’offre la possibilité de boire un verre avec un musicien décédé… Qui choisis tu ?

ESKIMO : Nina Simone.

10) Le premier disque que tu as acheté ?

ESKIMO : Misty Oldland et un disque des Platters.

11) Le groupe que tout le monde a écouté sauf toi ?

ESKIMO : Nirvana à l’époque.

12) Le groupe que tu écoutes sans que personne ne le sache ?

ESKIMO : Aucun.

ESKIMO - Dancing Shadows

Dancing Shadows d’ESKIMO a été publié le 3 juin 2016.
ESKIMO sera en concert le 07 juillet 2016 au Carmen (Paris).
Elle sera aussi présente le 30 juillet 2016 aux Siestes Sonores (Porte des Allemands – Metz). Les Siestes Sonores sont organisées par la galerie LE LEE.

Eskimo - Dancing Shadows

Tracklist : ESKIMO - Dancing Shadows
  1. Red Umbrella
  2. Lame Girl
  3. Fragment Wall
  4. Run Mind
  5. Milky Way
  6. Déséquilibre Aimant

Pouet? Tsoin. Évidemment.

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