[2000 – 2020] Est-ce que tu… connais les Dusty Trails ?

En 2000, on attendait qu'une chose : un nouveau disque des Breeders. Il aura fallu attendre encore deux ans pour découvrir Title K, un album sous-estimé par la presse et surtout le public. Pour patienter, le triumvirat Deal-Wiggs-Deal nous offrit des disques solos aussi solides que le refrain de Divine Hammer. On était encore sous le charme des expériences de Josephine. En 1996, elle avait prit tout le monde de court avec Bon Bon Lifestyle. En 2000, on attendait tout sauf un disque de Miss Wiggs. Il arriva et on l'adora.


Vivian Trimble avait quitté les Luscious Jackson après leur troisième album. Oiseau libre, Trimble trimbalait ses intérêts musicaux avec une certaine efficacité et surtout avec Josephine Wiggs. Il y eut le projet Kostars, prélude nécessaire et redoutable à cet unique album des Dusty Trails. Braconnant sur les terres de Quincy Jones et de Lalo Schiffrin, fouillant dans les singles de Françoise Hardy, les Dusty Trails enregistrèrent une collection de chansons incroyables. Disque du mois dans la RPM à sa sortie, cet unique disque n’a pris, vingt ans plus tard, aucune ride. Tout comme les mots de Christophe Basterra qui écrivit à son propos : « Dusty Trails n’est sans doute pas le genre de disques capables de changer le cours d’une vie. À moins que vous ne vous risquiez à fermer les yeux… Et acceptiez de vous laisser guider. Pour vous adonner au luxe, au calme et à la volupté. »
On pouvait attendre le prochain Breeders au calme.

Josephine Wiggs

Bassiste des parfaits Perfect Disaster et des essentiels Breeders, Miss Wiggs a joué l’aventure solo au milieu des années 90.

Comment est né l’idée de faire ce disque ?

Discographie

Josephine Wiggs : J’avais enregistré Klassics With A K avec Jil et Vivian des Luscious Jackson. C’est un super disque, écoute le ! Et j’ai fait la tournée avec elles en assurant la batterie. Je savais donc à quel point Vivian était talentueuse. De plus, nous nous entendions très bien. Kate Schellenbach m’a dit (après que Viv ait quitté les Luscious) que je devrais travailler avec Vivian sur un projet. Nous étions toutes les deux un peu fatiguées des tournées incessantes. Nous voulions vraiment étudier les musiques de film et tenter de vivre autrement de notre musique.

Où l’avez-vous enregistré ?

J’ai toujours eu un home studio (où j’ai d’ailleurs enregistré les Kostars et terminé mon deuxième album, Bon Bon Lifestyle). Je l’ai déménagé dans l’appartement de Viv qui se situe dans le West Village dans Manhattan. Nous avons enregistré tout l’album là-bas, du lundi au vendredi de midi à 5 heures. C’était très facile d’enregistrer et de travailler avec Vivian. C’est une grande musicienne qui génère beaucoup d’idées très rapidement. Tout le contraire de moi qui suis très lente.

Combien de temps a duré l’enregistrement ?

Je pense que nous avons commencé en 1997 pour terminer en 1999. Le disque est sorti en 2000. Nous avons travaillé sur d’autres projets en même temps. Nous avons réalisé la bande originale du film Happy Accidents et d’autres morceaux pour un spectacle de danse contemporaine.

C’est un disque qui a une relation particulière avant la France…

Vivian est un peu francophile car elle est allée au lycée à Paris. J’ai écrit la musique de Est-ce que tu… et j’ai souhaité que Vivian écrive les paroles. Je pensais à Will you still love me ? de Carol King. J’avais peur de faire dans le cliché. Je savais que Viv pouvait faire le boulot en français. Le morceau allait être beaucoup plus poignant. St Tropez est née parce que la chanson était facile, aérée, radicale, cinématographique, et en l’écoutant, nous avons imaginé un grand et vieux cabriolet déambulant le long d’une route côtière sinueuse sous un soleil éclatant avec la mer bleue en arrière plan.

Quel est ton plus beau souvenir lié à cet enregistrement ?

Incontestablement l’enregistrement avec Emmylou Harris. Viv avait écrit Order Coffee en pensant à elle. Emmylou fut assez aimable pour venir à l’appartement de Viv (donc de monter six étages à pieds) pour l’enregistrer. C’est une légende. C’est une chanson triste, et il y a un moment parfait où sur un certain mot sa voix craque. J’ai toujours le même frisson quand je l’entends. Voilà une chanson à avoir sa place dans un film !

Comment êtes-vous arrivées chez Atlantic ?

Atlantic avait créé une branche appelé Division One pour des trucs moins grand public. Marc Ribot était signé sur ce label. Cela semblait être le bon endroit avant que tout cela ne soit détruit la débâcle liée à la fusion de Time Warner.

Kino Music de Pierre Daven-Keller adopte la même démarche que vous. Tu connais de ce disque ?

Du tout. Je vais l’écouter !

Martin Ogolter

Martin Ogolter est graphiste et a réalisé l’artwork du disque.

Comment as-tu rencontré Josephine et Vivian ?

Je travaillais à l’époque comme directeur artistique chez Atlantic Records. Ce disque fut simplement un de mes projets.

Comment avez-vous travaillé ensemble ?

Nous avons eu quelques réunions ensemble.

Quelles ont été tes sources d’inspiration pour la pochette de l’édition japonaise ?

Les filles m’avaient donné cette boule de mousse avec des couleurs pastel et des rayures blanches. Je voulais faire une affiche de film un peu rétro. C’est une pochette très cinématographiques. C’est la version que je préfère.

Quel souvenir gardes-tu de ce projet ?

Comme je l’ai mentionné, nous nous entendions très bien, j’ai vraiment apprécié leur ouverture d’esprit et leur générosité. Chaque rencontre fut très sympathique.

Dusty Trails des Dusty Trails est disponible chez Atlantic Records.
Josephine Wiggs a publié We All Fall en 2019. Suivez son actualité en cliquant sur ce lien.
Dusty Trails - Dusty Trails

Tracklist : Dusty Trails - Dusty Trails
  1. Pearls On A String
  2. You Freed Yourself
  3. Spy In The Lounge
  4. Est-Ce Que Tu...
  5. Roll The Dice
  6. St-Tropez
  7. Unhand Me You Wretch
  8. They May Call Me A Dreamer
  9. Fool For A Country Tune
  10. Regrets In Bordertown
  11. Order Coffee
  12. Conga Style
  13. Caught In A Dream
  14. Dusty Trails Theme

English text

How was born the idea to do this record ?

I recorded the Kostars album for Jill and Vivian from Luscious Jackson — Classics with a K (it’s a great record— check it out) — and then I toured with them on drums. So I knew how talented Vivian was, and that we got along well. It was actually Kate Schellenbach who said (after Viv left Luscious) “you should work with Viv on a project!” We were both a bit tired of constant touring. What we really wanted to do was break into film scoring… as an alternative way of making a living from music.

How easy was this recording process ? Where did you record it ?

I already had a home studio (where I recorded the Kostars, and finished my 2nd album, BonBon Lifestyle), and I moved some of that & added to the equipment she had in her apartment (in the West Village, Manhattan). We recorded the whole album there, working Monday to Friday from noon til 5. It was very easy to record, and work with Vivian—she is a great musician and generates a lot of ideas very quickly (I am slow!)

How did long it take you ?

I think we started in 1997, and the album was finished in 1999 (released 2000). We did a few other projects at the same time — music for the feature film Happy Accidents, and a couple of full-length pieces for contemporary dance performance

This record is a concept album. You are a classic move soundtrack music fan. « Est-ce que tu … » has got French lyrics and St Tropez is a French touristic town. What where your « links » with the French cinema ?

Vivian is a bit of a Francophile—she went to high school in Paris. I wrote the music for « Est-ce que tu …” & when I asked her to write words, I was thinking about Carol King’s “Will you still love me” but all of those sentiments are kind of cliches, and I thought it would sound more poignant in French — which I knew Viv could write.
St Tropez came about because the song was easy, breezy, sweeping, cinematic, and listening to it, we imagined a big old convertible cruising along a curvy coast road in bright sunshine, against the blue blue sea…

What’s your best memory of this recording process ?

Recording Emmylou Harris. Viv had written Order Coffee with Emmylou in mind, and Emmylou was gracious enough to come to Viv’s apartment—climbing 6 flights of stairs—and sing it. She is a legend. It’s a sad song, and there’s a perfect moment where on a certain word her voice cracks, which gives me chills every time I hear it. Now that’s a song which ought to get placed in a film!!

What did you a deal with Atlantic Records ?

Recording Emmylou Harris. Viv had written Order Coffee with Emmylou in mind, and Emmylou was gracious enough to come to Viv’s apartment—climbing 6 flights of stairs—and sing it. She is a legend. It’s a sad song, and there’s a perfect moment where on a certain word her voice cracks, which gives me chills every time I hear it. Now that’s a song which ought to get placed in a film!!

Do you know Kino Music, a record of Pierre-Daven Keller ? He gas got the same purpose of Dusty Trails… To do a soundtrack record for people who love soundtrack record ?

No I don’t — I will look it up.

Martin Ogolter

1) How did you meet Josephine & Vivian ?

i was working as an art director for atlantic records at the time and this album was one of my projects for them.

How did you work with this duet ?

we had a few meetings to discuss concept, photoshoot etc and got on great.

The colors of your European artwork is the blue and the yellow. Why ?

I can’t remember a particular reason for the colours , it was just the picture chosen, i think this was actually a composite. but i don’t remember for sure.

What were your sources of inspiration for the Japanese version ?

the girls had given my this foam ball with pastel colours and white stripes, so that was one part, the cinematic quality of the music another, a bit retro film poster like. its the version i prefer.

What’s your favorite memory of this work ?

as i mentioned we got on really well , i really appreciated their openness and generosity so every time we got talking it was real nice.

What was your creative liberty for this deal ?

there was no big limitations at all, we had great dialogue, respected each other so it went incredibly smooth.

Pouet? Tsoin. Évidemment.

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