It’s a kind of magic. San Carol invente avec Houdini un nouveau format pop, des morceaux plus longs qui sont une invitation à la divagation.


Maxime Dobosz à qui l’on doit La main invisible en 2013 et le déjà très bon et très rock Humain trop humain en 2015 tient son chef d’œuvre au sens des compagnons du devoir. De la belle ouvrage façonnée par un artisan barde pop avec l’aide de ses amis de VedeTT et de Raphaël d’Hervez (Pégase, Minitel Rose) à la production. Le disque s’ouvre puissamment avec Meaning of life et annonce un album foisonnant. Surgit alors Where My Parents Live qui pourrait être le titre manifeste de l’album. Une batterie répétitive, des textures soignées, une voix claire et cajoleuse, des rythmes envoûtants. Oui, la batterie de Simon Garnier est la colonne vertébrale de ces titres amples, le moteur d’un Marvelous Engine par exemple. Et plus on avance dans le disque, plus on comprend qu’il évoque avec beaucoup de pudeur l’intimité de Maxime Dobosz, ses affres comme sur Turn to dust ou encore Cancer qui aborde ses angoisses existentielles, ses névroses, sa peur de l’échec. Mais ce titre métastase nonchalamment et se meut en une comptine faussement décontractée que l’on n’hésite pas à qualifier de tube. On pense alors à l’immense Cesare Pavese qui dans Le métier de vivre écrit : « tous les hommes ont un cancer qui les ronge, un excrément quotidien, un mal récurrent : leur insatisfaction ; le point de rencontre entre leur être réel, squelettique, et l’infinie complexité de la vie. »

Insatisfait Maxime ? Le disque se complexifie alors vers sa conclusion avec ce Parachutes qui met les voiles par sa vitalité virale ou plus encore les 9 minutes 10 secondes du morceau de bravoure et ce Lone Star, véritable symphonie pop épique, lyrique et tellurique. Doesn’t Matter chante pour finir d’une voix presque de crooner eighties Maxime Dobosz et l’auditeur savoure enfin un grand disque pop différente, classiquement moderne.

Houdini de San Carol sort le 19 octobre chez Freemount Records / Differ-Ant.
San Carol sera en concert avec Sahara le mardi 30 octobre au Sonic à Lyon.

San Carol - Houdini

Tracklist : San Carol - Houdini
  1. Meaning of life
  2. Where my parents live
  3. Marvelous engine
  4. Society
  5. Turn to dust
  6. Cancer
  7. Parachutes
  8. Lone star
  9. Doesn't matter

San Carol – Houdini
10/10
Lyonnais qui revendique sa mauvaise foi car comme le dit Baudelaire, "Pour être juste, la critique doit être partiale, passionnée, politique...", Davantage Grincheux que Prof si j'étais un des sept nains, j'aime avant tout la sincérité dans n''importe quel genre musical...

Cela pourrait vous intéresser

5 questions à … AbEL K1

Après avoir écrit pour d’autres et principalement pour Blondino dont il est l’indissociable compagnon de ses échappées, AbEL K1 sortira en mai son premier album. Un album porté par sa poésie toujours si personnelle et tendue, un lyrisme rock et direct, et une voix singulière. Prélude (à la folie) en est le premier aperçu, ainsi […]
Baxterdury-aylesburybo

Dury à l’Épicerie !

Deux bonnes nouvelles pour la coolitude, Baxter Dury vient de sortir un nouveau titre, Aylesbury Bo et sera sur la scène de l’Épicerie Moderne le lundi 2 octobre.
Sparks-thegirliscryinginherlatteaveccateblanchett

Dansons avec les Sparks

Le plus grand groupe invite la meilleure actrice sur leur nouveau titre, The Girl Is Crying In Her Latte. Cate Blanchett danse pour les Sparks et nous on pleure de bonheur dans notre latte !

Plus dans Chroniques d'albums

Guilhemvalay-aubrac

Guilhem Valayé – Aubrac

Le français est une belle langue. C’est une évidence. Mais il faut l’écrire, la manier, la chanter avec honnêteté, simplicité et pureté. Guilhem Valayé livre à l’ancienne le plus bel EP de cette année avec son voyage en Aubrac et ses terres rêches comme nos cœurs.
Nickwheeldon-gift

Nick Wheeldon – Gift

Nick Wheeldon nous a fait cette année un beau cadeau avec Gift, un classique instantané dès la première écoute pour les Fragile Minds dont on fait partie.
Apparitionduvisagedebelalugosisurunetranchedesalami

Comelade : ô lâches, soyez fous !

Et si le disque de 2022 était un disque instrumental et barré dont Pascal Comelade a le secret, ironiquement intitulé Le non-sens du rythme ?