Stéphane Duchêne

Stéphane Duchêne est journaliste musical au Petit Bulletin et à Lyon Capitale.

  1. Citizens!Caroline (sur Here We Are/Kitsune)
    Les Citizens! sont peut-être les Drums de 2012. Même manières cintrées, même inspiration de clips en appartement, mêmes allures de premiers de la classe reclassés The Kooples (chemises boutonnée sous la pomme d’Adam et pantalons feu-de-plancher), même coupes de cheveux « mon coiffeur était dans la Wehrmacht », même accointance pour la mélodie qui tue et rappelle le bon vieux temps où la pop s’appelait Sarah (Records). Sauf qu’ici, elle s’appelle « Caroline ». Du penchant surf-music de The Drums, Citizens! n’a gardé que le prénom beach boyien, qui a donné tant de tubes à la pop mondiale. Et pan, dans le mille, on a envie d’embrasser toutes les Caroline et de les garder ensuite comme Best Friend.

  2. Jonathan KeevilBlind, Deaf too (sur Bellflower Soundtrack/Oscilloscope)
    Les chansons de Jonathan Keevil rythment la BO du film indépendant Bellflower l’un des plus beaux films de l’année. Entre la cohérence avec son sujet du score d’Eddie Vedder pour Into the Wild et les grâces folk de l’acteur John Hawkes dans Martha Marcy May Marlene (« Marcy’s song » ) l’autre choc indépendant de l’année, et Winter’s bones (« Bread & Buttered »). Petit bijous de folk aux poches retournées, Blind, Deaf Too est un arrache-coeur qui commence par une remontée acide bien caverneuse façon « Rote & folk ».

  3. Los WeedsBrian Jones (sur Los Weeds)
    Un groupe mexicain qui rend hommage à Brian Jones est forcément armé des meilleures intentions, c’est-à-dire, dans leur cas, des plus mauvaises. Le chanteur a le charisme des petites frappes aux bottes sales d’outre Rio Bravo qui abusent de la soupe au peyotl et le résultat est terriblement psychotrope. Difficile de passer à autre chose quand on est tombé sur ce titre qui sent la weed, la tequila et le rock psychédélique. La fusion à très hot température de Calexico et Brian Jonestown Massacre.

  4. Dale Earnhardt Jr JrIt’s a corporate world (Warner/WEA)
    Pour l’hommage ironique à la dynastie des Dale Earnhardt père et fils, pilotes de Nascar cultes aux USA, et les combinaisons de pilotes trop grandes. Derrière ça de pures chansons pop jouées à deux dans un esprit très bricoleur, comme des Beach Boys poussés dans le cambouis du garage de Grandaddy (« Nothing but our love »), les riffs panafricains à la mode (« Vocal Chords ») et les claviers démodés de Supertramp (« We almost lost Detroit »).

  5. GrimesOblivion (sur Visions/4AD)
    Il se dégage de cette Laura Ingalls tombée du vide-ordure de Cindy Lauper, la naïveté tout en contrôle du DIY et de quelque gargouille d’obsession médiévale. Ses pochettes et le clip de l’obsédant Oblivion ne ressemblent à rien, mais la Boucher (son nom) de Vancouver à la voix Claire (son prénom) a le charme de tout ce qui est dangereusement vénéneux.

François Audigier

François Audigier est responsable de la Pépinière de Mai à La Coopérative de Mai à Clermont-Ferrand.

  1. ChromaticsKill for love, sûrement un des albums de l’année. Ce disque s’ouvre par une reprise de Neil Young et nous emmène loin mais vraiment loin.
  2. Mr NôVersus EP, Ce disque sera le EP électro de votre été !!!!
  3. Alt-JAn Awesome Wave, Vous connaissez surement tous, donc vous savez pourquoi on ne peut passer à côté de cet incroyable disque…
  4. DiploExpress Yourself Ep, Parfait pour l’été, ce EP mettra le feu à tous les barbecues et divers fêtes de piscine de qualité.
  5. Die AntwoordTen$ion, Même si cet album est moins bien que le précédent, ce groupe white trash de hip hop sud africain reste toujours aussi efficace.

Cédric Rassat

Cédric Rassat est scénariste de bandes dessinées, il a reçu avec Raphaël Gauthey le grand Prix Lyon BD 2011 pour On dirait le sud, La malédiction du Titanic avec Emre Orhun est sorti en mars dernier, les planches de l’ouvrage seront exposées à la galerie l’Antilope (99 rue Bossuet à Lyon (6e)) à partir du 14 septembre ; mélomane éclairé, il a été rédacteur en chef du magazine Eldorado.

  1. Alabama ShakesBoys And Girls (Rough Trade)
    C’est probablement le disque qui m’a le plus accroché, ces derniers mois. Il s’agit du premier album d’un groupe de gamins d’Alabama qui jouent une country-soul vibrante et recyclant brillamment l’héritage des studios légendaires de Muscle Shoals. L’album n’est pas parfait, mais il contient tout de même quelques grandes chansons comme « Heartbreaker », « Rise To The Sun » ou « I Found You ». Et puis ce disque révèle aussi le talent stupéfiant de la chanteuse Brittany Howard, dont la voix me rappelle un peu celle de Janis Joplin.

  2. Lee HazlewoodThe LHI Years: Singles, Nudes & Backsides (1968-71) (Light In The Attic)
    Cette compilation est géniale parce qu’en plus de remettre en lumière l’une des meilleures périodes de la discographie de Lee Hazlewood, elle permet de redécouvrir des morceaux (comme ceux de Cowboy In Sweden, par exemple) qui avaient été plutôt mal servis lors de leur premier passage au format CD. Pour ce disque, les gens du label Light In The Attic sont donc partis des bandes originales et ne se sont pas contentés de transférer le vinyle sur CD, comme ça avait été le cas pour les premières rééditions de Lee Hazlewood chez Smells Like à la fin des années 90. En plus, la track list a été remarquablement pensée, ce qui permet au disque de s’écouter d’une seule traite, comme un album normal.

  3. Sir Richard BishopPolytheistic Fragments (Drag City)
    J’ai vu Richard Bishop en concert au Sonic, le mois dernier. Avant cela, je ne connaissais que The Freak Of Araby, son disque de 2009. Polytheistic Fragments est l’album qui l’a précédé. Il est plus proche de l’esprit de musiciens comme John Fahey ou Robbie Basho. Il s’agit d’une musique à la fois très folk, très expérimentale et toujours ouverte sur le monde.

  4. My Bloody ValentineEP’s 1988-1991 (Sony)
    Cette compilation des premiers EP’s de My Bloody Valentine était attendue depuis près de vingt ans et permet de se replonger dans la partie la plus méconnue de cette œuvre visionnaire qui apparaît de plus en plus (à mes yeux, en tout cas) comme l’une des pierres angulaires de la pop moderne.

  5. Elvis PresleyFrom Elvis In Memphis (RCA)
    Dernièrement, j’ai eu envie de racheter certains de mes albums préférés en vinyle. From Elvis In Memphis est l’un de ceux-là et je le réécoute donc beaucoup depuis quelques temps. Pour moi, il s’agit clairement du sommet de la carrière d’Elvis.

Zak Laughed

  1. William ShellerEn Solitaire
    Ma grande activité du moment est de compiler de grandes chansons francophones pour une amie australienne qui étudie en France. J’ai redécouvert à cette occasion ce disque live de William Sheller qui lui avait valu à l’époque un succès publique assez conséquent et pour une fois, c’est vraiment justifié.Les chansons sont réellement magnifiques et notamment Basket-Ball que je trouve bouleversante.

  2. Dr. DogPassed Away Vol. 1
    Je peux maintenant l’écrire : Dr. Dog est bien mon groupe préféré de tout les temps sans aucun autre égal sur la scène indie rock américaine actuellement. J’ai tellement écouté leurs 5 disques « officiels » ces dernières années que je me suis plongé,en quête de «nouveauté »,dans cette compilation de démos et autres enregistrements plus lo-fi qu’a l’accoutumé. Au final le résultat est toujours le même: Dr. Dog, en été comme en hiver, ça reste le meilleur antidote a l’emmerdement généralisé et une formidable usine à tubes classic rock.

  3. Sam CookeLive at the Copa
    Sorte de complément au mythique Live at Harlem Square Club, ce live c’est Sam Cooke qui n’a jamais aussi bien chanté avec un groupe aussi parfait (entre calypso, country et soul) et surtout une compilation sur le vif de quelques unes des chansons les plus sublimes (Try a Little Tenderness) contestataires (If I Had a Hammer) et euphorisantes (Twistin the Night Away) de l’époque.
  4. Minus StoryNo Rest For Ghosts / Live at Schubas
    Minus Story est le premier groupe de l’ami Jordan Geiger,aujourd’hui tête pensante d’Hospital Ships. C’est un groupe devenu assez culte bien que peu connu, avec des musiciens vraiment singuliers. J’écoute très régulièrement leur chef d’oeuvre de 2005 No Rest For Ghosts, un album d’indie rock sombre mais magnifique,très aventureux et intense tout en ayant des chansons extrêmement bien écrites. Récemment j’ai aussi découvert un live Live at Schubas (uniquement disponible sur les plateformes de streaming ) vraiment très très impressionnant d’intensité et de cohésion. Je trouve que c’est un très grand groupe sous-estimé.

  5. The WailersCatch a Fire
    C’est l’été, Bob Marley est de sortie,ses chansons éternelles aussi.

  • partie 1 : Monsieur Roux, The Fat Bastard GangBand, Arthur H, Hospital Ships
  • partie 2 : Marc Daumail, Joseph Elm, Bertrand Blanchard, Cyrille Bonin
  • partie 3 : Stéphane Duchêne, François Audigier, Cédric Rassat, Zak Laughed
  • partie 4 : Cyrz, Raoul Tellier, Arcwest, Siobhan Wilson
  • partie 5 : Maria Rockmore, Coming Soon, Adam Cotton, Turner Cody
  • partie 6 : Frédéric Bobin, Guillaume Ducongé, Over the Snare, Ceddy Gonod
  • partie 7 : Ronan Siri, Fabien Hyvernaud, Yannick BRG, Deja Vu
  • partie 8 : Hugo Clarence, Guillaume Cantillon, Jean-Baptiste Maunier, Christophe Pie

Lyonnais qui revendique sa mauvaise foi car comme le dit Baudelaire, "Pour être juste, la critique doit être partiale, passionnée, politique...", Davantage Grincheux que Prof si j'étais un des sept nains, j'aime avant tout la sincérité dans n''importe quel genre musical...

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